Crésence Kitumayine est Rwandais. Le 7 juillet dernier, il obtient à Mayotte sa carte de demandeur d'asile. Son histoire est halluc...

Crésence Kitumayine est Rwandais. Le 7 juillet dernier, il obtient à Mayotte sa carte de demandeur d'asile. Son histoire est hallucinante. Début mars, dans son pays, Crésence voit arriver sur son lieu de travail plusieurs hommes qui se revendiquent du M23. Par la force, ils tentent de l'enrôler au sein du mouvement rebel. Crésence refuse et se voit embarquer de force dans un camp où il sera torturé.
Avec l'energie du désespoir il arrive à s'echapper et fuit son pays. Direction la Tanzanie où il restera caché dans un hôtel de fortune durant 15 jours. Par téléphonne, il entre en contact avec sa femme restée au Rwanda. Elle est enceinte de plusieurs mois.
En pleur, elle lui explique que les rebelles sont venus chez eux et l'ont frappé pour qu'elle leur révèle la cachette de Crésence. Les coups et la torture ne serviront à rien puisqu'elle ignorait ou était son mari. Crésence organise alors le départ de sa femme et elle le rejoint à Dar es Salam. Le couple est enfin réuni dans ce petit hôtel avec quelques milliers d'euros en poche. Le directeur de l'hôtel leur explique qu'ils ne peuvent pas rester ici. « Je peux vous aider à aller en France si vous avez de l'argent ».
Les fugitifs sautent sur l'occasion et donne 1500 euros pour rejoindre les Comores. Ils feront le voyage dans les cales d'un cargo mais une fois arrivés à Moroni, ils sont délogés par les policiers comoriens qui les placent en détention sur le champ. Crésence donnera 300 euros à un gardien pour organiser son évasion. Avec sa femme, il se dirige à pied sur une plage de Grande Comore où ils rencontrent un homme qui leur propose d'aller à Mayotte en kwassa-kwassa moyennant 900 euros. Et les voilà repartis dans une barque de fortune pour rejoindre une plage d'Anjouan. Arrivés sur l'île en étoile, le passeur embarque d'autres passagers ayant aussi pour destination Mayotte. Ils sont plus de 30 sur le même kwassa. La mer est démontée, le kwassa frappe régulièrement les vagues. L'épouse de Crésence ne se sent pas bien et est sur le point d'accoucher.
Au bout de 4h de voyage, l'inévitable arrive, elle accouche sur le kwassa. La femme hurle de douleur et perd beaucoup de sang. « Tient le coup, je vois Mayotte au loin » pense Crésence, mais en fait, c'est l'ilot de Mtsamboro qu'aperçoit Crésence…
Au bout de 8h de voyage, ils accostent sur l'ilot et les 30 passagers resteront 10 jours avec l'espoir que quelqu'un les amène sur grande terre. Les pêcheurs leur demandent 300 euros pour traverser le lagon mais il n'a plus de sous en poche.
La femme de Crésence est sur le point de lâcher prise. « C'est la fin je vais mourir » répétait sa femme. Ce refusant à perdre sa femme il demande a un passeur de le ramener à Anjouan. La mer est très démontée. Trois tentatives avortées et à la quatrième tentative la barque est repérée par la PAF. La femme sera immédiatement prise en charge puis conduite aux urgences.
L'homme raconte son histoire aux forces de l'ordre et se voit délivrer un titre de demandeur d'asile. Aujourd'hui Crésence, sa femme et Crésence junior sont en sécurité et pris en charge par Solidarité Mayotte. « Ici je me sens en sécurité ! Je veux rester ici et vivre ici. Si on rentre au Rwanda, ils nous tueront tous les trois » raconter Crésence. Impossible pour nous de vérifier si cette histoire est vraie mais le périple raconté par Crésence correspond au mot près à ce qui se pratique dans la région. L'histoire de Crésence n'est pas un cas isolé.
Source : KTV
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Le journal de la diaspora comorienne en France et dans le monde : Information et actualité en temps réel 24h/24 et 7j/7.