Née aux Comores, vous arrivez à Marseille à l’âge de 7 ans, quels souvenirs gardez-vous de votre enfance comorienne ? S’agit-il de sources...
Née
aux Comores, vous arrivez à Marseille à l’âge de 7 ans, quels souvenirs
gardez-vous de votre enfance comorienne ? S’agit-il de sources
d’inspiration pour vos créations ?
Il y avait dans cette enfance un aspect nonchalant et une gravité à la fois. La beauté des choses, du geste des femmes aux champs. Une sorte de poésie de l’ordinaire. La spiritualité, les rituels, les rires et chants des femmes... Tout ceci est mon plus précieux trésor. Oui, je pense qu’une inspiration profonde, intérieure et mystérieuse agit dans mon travail. J’en suis honorée et fière.
Au collège, vous organisez votre premier défilé avec des vêtements faits de torchons, de conserves et de toiles cirées. Vous envoyez même une lettre d’invitation à la femme du maire de Marseille, laquelle s’y rend et accompagne vos premiers pas dans le domaine de la mode. Pensez-vous que cette audace explique votre succès dans le stylisme ?
A 17 ans on n’est pas sérieux, disait Rimbaud ! Je comprends aisément cette phrase. J’étais dans l’insouciance. Je croyais, alors je faisais telle que j’étais. J’étais saisie d’un débordement de créer incontrôlé. Je pense que cette force appelle la confiance des autres. Elle était tellement claire et spontanée que forcément entendue par les autres.
En septembre 2006, vous créez l’association "Daïka" afin de transmettre un savoir faire à des femmes et des hommes présentant des difficultés socio-professionnelles. En 2009, votre atelier est reconnu entreprise d’insertion par le Ministère du Travail. Mais pas question pour vous de faire du « social », « l’insertion par le beau » et par l’excellence est votre credo. Qu’est ce qui motive cette démarche solidaire ?
Le monde moderne est forcément conscient et engagé. L’individualisme, la surconsommation, s’enrichir sur le dos des précaires, font partie de l’ancien monde. Nous sommes à la charnière du chaos. Alors c’est forcément difficile. Mais j’ai confiance en l’avenir et en cette nouvelle génération qui a soif de créations de valeurs. Alors, la mode doit montrer l’exemple. J’ai choisi d’engager mon entreprise car la mode se doit d’avoir toujours une longueur d’avance. Nous sommes tenues d’être avant-gardistes !
Sur vos podiums défilent des mamas, des ados, des personnes âgées, des femmes incarcérées. Que vous apporte une telle diversité ?
Elle m’apporte d’être ancrée dans la réalité de la société. C’est indispensable pour en donner la tendance la plus juste.
Au-delà d’une technique de vieillissement de la matière qui vous est propre, que symbolise pour vous le fait d’enterrer, de « planter » des pièces de tissus que vous ajoutez ensuite à vos créations ?
C’est comme un supplément d’âme. Mais c’est ici que s’exerce mon souvenir le plus précieux lié aux Comores. La terre est très importante pour nous. J’ai créé un lien absolu et privilégié avec l’humus et une autoroute éternelle, quasi spirituelle, avec mes origines.
Du 14 Février au 27 Avril 2013 vous avez exposé au BHV à Paris votre « écosystème de la mode ». Le titre fait référence au « système de la mode », clos et extrêmement codifié, décrit par Roland Barthes en 1967. En quoi votre propre écosystème se veut-il en rupture avec le modèle actuel ?
Ouverture dans des ressources humaines plus enclines à inclure les publics en difficulté. Inclure dans mes références-matière l’engagement par le recyclage... Et enfin, se nourrir de la culture pour en faire un objet d’enrichissement démocratique à la portée de tous. Ces trois points ouvrent à la fois les clivages de la mode, mais aussi ses codes.
Habillée de « bleu de travail », l’exposition révise cette couleur portée par les ouvriers. Pourquoi avez-vous choisi de consacrer la collection Blue Line à ce matériau ?
C’est un hommage aux ouvriers. A ces gens de l’ombre qui font la lumière d’une société. C’est cette couleur qui m’a aidée à apporter la lumière dans mes collections et à sortir de la seule référence pantone : noir.
Si le vêtement reflétait exactement l’identité de celui qui le porte, quelle serait votre robe idéale ?
La robe de l’altérité.
Quels sont les 3 mots qui vous caractérisent le mieux ?
J’ai sondé mon entourage et ça donne : persévérante, bienveillante, exigeante...
Surtout rester aux Comores et ne pas chercher à courir après un fantasme. Un eldorado occidental. Les Comores sont riches car tout est à faire dans ce pays. Ce serait merveilleux d’instaurer la culture de l’agriculture et de réduire l’importation. Je rêve même à ce que ces îles puissent exporter le fruit de leur terre. Je crois à un vrai bouleversement de la nouvelle génération. L’impossible est en cours !
Pour en savoir plus sur Sakina M’Sa :
www.sakinamsa.com
Page Facebook de Sakina M’Sa
AFC
Il y avait dans cette enfance un aspect nonchalant et une gravité à la fois. La beauté des choses, du geste des femmes aux champs. Une sorte de poésie de l’ordinaire. La spiritualité, les rituels, les rires et chants des femmes... Tout ceci est mon plus précieux trésor. Oui, je pense qu’une inspiration profonde, intérieure et mystérieuse agit dans mon travail. J’en suis honorée et fière.
Au collège, vous organisez votre premier défilé avec des vêtements faits de torchons, de conserves et de toiles cirées. Vous envoyez même une lettre d’invitation à la femme du maire de Marseille, laquelle s’y rend et accompagne vos premiers pas dans le domaine de la mode. Pensez-vous que cette audace explique votre succès dans le stylisme ?
A 17 ans on n’est pas sérieux, disait Rimbaud ! Je comprends aisément cette phrase. J’étais dans l’insouciance. Je croyais, alors je faisais telle que j’étais. J’étais saisie d’un débordement de créer incontrôlé. Je pense que cette force appelle la confiance des autres. Elle était tellement claire et spontanée que forcément entendue par les autres.
En septembre 2006, vous créez l’association "Daïka" afin de transmettre un savoir faire à des femmes et des hommes présentant des difficultés socio-professionnelles. En 2009, votre atelier est reconnu entreprise d’insertion par le Ministère du Travail. Mais pas question pour vous de faire du « social », « l’insertion par le beau » et par l’excellence est votre credo. Qu’est ce qui motive cette démarche solidaire ?
Le monde moderne est forcément conscient et engagé. L’individualisme, la surconsommation, s’enrichir sur le dos des précaires, font partie de l’ancien monde. Nous sommes à la charnière du chaos. Alors c’est forcément difficile. Mais j’ai confiance en l’avenir et en cette nouvelle génération qui a soif de créations de valeurs. Alors, la mode doit montrer l’exemple. J’ai choisi d’engager mon entreprise car la mode se doit d’avoir toujours une longueur d’avance. Nous sommes tenues d’être avant-gardistes !
Sur vos podiums défilent des mamas, des ados, des personnes âgées, des femmes incarcérées. Que vous apporte une telle diversité ?
Elle m’apporte d’être ancrée dans la réalité de la société. C’est indispensable pour en donner la tendance la plus juste.
Au-delà d’une technique de vieillissement de la matière qui vous est propre, que symbolise pour vous le fait d’enterrer, de « planter » des pièces de tissus que vous ajoutez ensuite à vos créations ?
C’est comme un supplément d’âme. Mais c’est ici que s’exerce mon souvenir le plus précieux lié aux Comores. La terre est très importante pour nous. J’ai créé un lien absolu et privilégié avec l’humus et une autoroute éternelle, quasi spirituelle, avec mes origines.
Du 14 Février au 27 Avril 2013 vous avez exposé au BHV à Paris votre « écosystème de la mode ». Le titre fait référence au « système de la mode », clos et extrêmement codifié, décrit par Roland Barthes en 1967. En quoi votre propre écosystème se veut-il en rupture avec le modèle actuel ?
Ouverture dans des ressources humaines plus enclines à inclure les publics en difficulté. Inclure dans mes références-matière l’engagement par le recyclage... Et enfin, se nourrir de la culture pour en faire un objet d’enrichissement démocratique à la portée de tous. Ces trois points ouvrent à la fois les clivages de la mode, mais aussi ses codes.
Habillée de « bleu de travail », l’exposition révise cette couleur portée par les ouvriers. Pourquoi avez-vous choisi de consacrer la collection Blue Line à ce matériau ?
C’est un hommage aux ouvriers. A ces gens de l’ombre qui font la lumière d’une société. C’est cette couleur qui m’a aidée à apporter la lumière dans mes collections et à sortir de la seule référence pantone : noir.
Si le vêtement reflétait exactement l’identité de celui qui le porte, quelle serait votre robe idéale ?
La robe de l’altérité.
Quels sont les 3 mots qui vous caractérisent le mieux ?
J’ai sondé mon entourage et ça donne : persévérante, bienveillante, exigeante...
Surtout rester aux Comores et ne pas chercher à courir après un fantasme. Un eldorado occidental. Les Comores sont riches car tout est à faire dans ce pays. Ce serait merveilleux d’instaurer la culture de l’agriculture et de réduire l’importation. Je rêve même à ce que ces îles puissent exporter le fruit de leur terre. Je crois à un vrai bouleversement de la nouvelle génération. L’impossible est en cours !
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