Des chercheurs vont plonger à plus de 100 m de profondeur, au large de l’Afrique du Sud, pour étudier le cœlacanthe, sans doute le plus...
Des chercheurs vont plonger à plus de 100 m de
profondeur, au large de l’Afrique du Sud, pour étudier le cœlacanthe,
sans doute le plus vieux poisson du monde. C’est une première
scientifique, a expliqué l’initiateur de l’expédition, le photographe
subaquatique Laurent Ballesta.
Le
cœlacanthe, sûrement l’un des plus vieux poissons du monde, a donné
naissance aux vertébrés. Il a été observé et photographié à quelques
reprises dans l’archipel des Comores, et une fois en Indonésie, alors
qu’on le croyait disparu depuis longtemps.
À plus de 100 m sous la mer
Ce
mystérieux et fascinant poisson va faire l’objet, pour cette première
mondiale, de six semaines de travaux scientifiques sous la mer.
Les
plongeurs-chercheurs travailleront à plus de 100 m de profondeur, par
tranche de 35 minutes. Ces séances sous-marines nécessiteront 2 à 4
minutes de descente, mais 4 à 5 heures de remontée, a indiqué Laurent
Ballesta.
Un fossile vivant
Le
cœlacanthe fait partie d’un groupe disparu qui a donné naissance, il y a
370 millions d’années, aux tétrapodes, les premiers vertébrés à quatre
pattes.
« Il porte l’ébauche de pattes dans ses nageoires. De la même manière, il a aussi ce qui va devenir un poumon », a expliqué Laurent Ballesta. Plongeur et naturaliste, il a déjà photographié ce poisson mythique en 2010.
Le
cœlacanthe, très proche de son ancêtre, peut mesurer jusqu’à 2 mètres
de long. Poisson ovovivipare, il apparaît, sur les quelques photos
disponibles, bleuté ou argenté, tacheté, portant des nageoires
pectorales et anale charnues et pédonculées. Il a également une nageoire
caudale divisée en trois lobes.
Une incroyable découverte
« Le
cœlacanthe reste inaccessible, rare. Il vit dans des grottes et à plus
de 100 m de profondeur. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est resté si
longtemps inaperçu », a ajouté Laurent Ballesta, précisant que ce
projet prévoyait un travail scientifique suivant un protocole imaginé
par le Muséum national d’histoire Naturelle et l’Institut aquatique sud
africain.
Le cœlacanthe avait
été considéré comme disparu depuis 70 millions d’années, à la fin du
Crétacé, et n’était l’objet d’études que de la part des paléontologues
depuis les années 1830 qui en avaient recensé 120 différents. Jusqu’à la
découverte d’un spécimen, dans un filet de pêcheurs, en 1938.
Cette trouvaille avait été considérée alors comme la plus grande découverte du XXe siècle en matière de zoologie.
« À
l’époque, on avait crié à la mystification. Longtemps, on ne savait pas
où en trouver de vivants. Jusqu’à ce qu’un plongeur en aperçoive un à
3 000 miles au large de l’Afrique du sud », non loin de la frontière du Mozambique, a souligné Laurent Ballesta, relevant que ce poisson a toujours fait l’objet de « vifs débats » entre créationnistes et scientifiques.
Un documentaire sur Arte
Six
chercheurs français et autant de sud africains, quatre plongeurs, un
directeur de plongée, un médecin urgentiste, un pilote de robot, un
logisticien et une équipe d’Arte qui diffusera un documentaire de 90
minutes participent à cette aventure, intitulée Projet Gombessa, du nom donné localement à ce poisson.
Quelque
deux tonnes de matériels (59 caisses) sont déjà parties. Les chercheurs
français, eux, s’envoleront vendredi pour un début des opérations, qui
ont nécessité près de trois ans de préparation, prévu lundi.
Le coût de cette expédition s’élève à environ 1 million d’euros financés par une marque d’horlogerie et par Arte.
ouest-france.fr