« Cette expérience nous a rendus différents » Jeudi soir, le grand amphi de l'université de Montaury affichait complet lors de la proje...
« Cette expérience nous a rendus différents »
Jeudi soir, le grand amphi de l'université de Montaury affichait complet lors de la projection du film de 53 étudiants de l'ISA BTP de retour de la Grande Comore.
Sous les yeux de Denis Gailhanou (à gauche) et Romain Grazina, les deux concepteurs du projet de l'ISA BTP aux Comores, les grandes lignes de l'école de Ouzioini. (photo F. D.
Un sol volcanique très dur
Une école en cinq semaines
Des larmes
« L'école a été inaugurée le 4 avril en présence du gouverneur, du chef d'État-major de l'armée, du ministre de l'Intérieur, du maire et de notre directeur, rappelle Denis. Nous repartions le lendemain et je dois dire qu'il y a eu des larmes de part et d'autre. Après avoir été accueillis chaleureusement, nous avons été accompagnés avec la même émotion jusqu'à l'aéroport situé à trois heures du village. La dame qui nous préparait quotidiennement notre en cas de 10 heures a tenu à venir avec nous afin que nous soyons servis comme tous les jours. C'était très émouvant. Je pense que cette expérience nous a rendus différents. Comme Romain, quand je prends une douche, allume la lumière et regarde la télé depuis que nous sommes arrivés, je mesure la chance que nous avons de vivre en Europe, mais cette fois en me disant qu'allumer une lumière ou faire couler une douche n'est plus un geste naturel, mais une forme de privilège… »
Depuis que les bâtisseurs de l'ISA BTP d'Anglet ont quitté la Grande Comores, 120 enfants se relaient matin et soir dans leur nouvelle école. Avec reconnaissance et fierté. Source : Sud Ouest
Jeudi soir, le grand amphi de l'université de Montaury affichait complet lors de la projection du film de 53 étudiants de l'ISA BTP de retour de la Grande Comore.
Sous les yeux de Denis Gailhanou (à gauche) et Romain Grazina, les deux concepteurs du projet de l'ISA BTP aux Comores, les grandes lignes de l'école de Ouzioini. (photo F. D.
L'Isa BTP offre à ses étudiants spécialisés dans le bâtiment et les travaux publics, la possibilité de remplacer leur projet de fin d'études par un projet de développement collectif et solidaire. Pour cela, par le biais d'une ONG, Initiative Océan Indien pour le développement (OIDE), les étudiants de la promo 2013 ont créé, en 2011, l'association Eman ISA dans le but de construire une école à Ouzioini, une ville de 25 000 habitants aux Comores. Un choix soufflé par un condisciple de l'ISA, Chihaboudine Aboudou (Etoile filante), un Franco-Comorien.
Pour réunir les 150 000 euros nécessités par ce projet un peu fou, avant de lancer le chantier, les jeunes ont sué sang et eau. « En janvier, nous n'en avions que 50 000, rappellent les deux initiateurs, Romain Grazina et Denis Gailhanou. Nous avons mis les bouchées doubles, fait vide-greniers, polos, démarché les entreprises et les collectivités locales. Nous partions quand même en mars… »
Et la construction ne manquait pas d'ambition : 280 m2 dotés de trois salles de classes, une salle des profs, une salle multimédia et une pièce pour le directeur de l'école. « Ce bâtiment est le plus fortifié de l'île car il est parasismique et paracyclonique, renforcé par quarante poteaux qui en solidifient la structure. Avant notre départ, le directeur de l'ISA BTP, André Joie et un professeur Mourad Abouzaid, sont allés en estafette pendant 15 jours afin de préparer le terrain avant notre arrivée… le 3 mars. »
Cinq semaines, oui seulement cinq semaines pour créer de toutes pièces un établissement scolaire sur un terrain nu. Ils ne sont rentrés que samedi dernier, emplis, d'une expérience exceptionnelle.
« Un tel séjour est évidemment inoubliable et nous rendra sûrement un peu différents, rappelle Romain. Nous avions tout préparé en amont avec le deuxième chef de chantier Renaud Boutet, toute une organisation et une coordination de travail. Quand nous sommes arrivés là-bas, où nous attendaient les matériaux, nous avions pris soin d'apporter le matériel électro portatif, nous avons d'entrée mesuré l'ampleur de la tache : le terrain volcanique était constitué de roches dures, de quoi batailler pour les fondations. Nous avons tout réalisé, maçonnerie, charpente, couverture, faux plafonds, enduits intérieurs et extérieurs, peinture, électricité, menuiserie, grilles aux fenêtres, mobiliers et même tableau noir. Soit à pied d'œuvre de 6 heures du matin à 19 heures. Nous avons reçu l'aide de trois maçons là-bas et d'un jeune étudiant de 20 ans, Golbert, qui nous a donné un coup de main pendant ses vacances. C'est devenu un ami. Et puis, nous avons reçu l'aide inattendue de… l'armée. »
L'Armée nationale de développement a fourni un groupe électrogène car là-bas l'électricité est distribuée avec parcimonie.
« Il faut dire, ajoute Denis, que nous avons vécu de manière sommaire. Reçus chez l'habitant on couchait à même le sol et on se douchait sous une citerne à eau. Pour la nourriture, chaque quartier de la ville s'occupait de notre intendance et il y avait une concurrence entre chacun pour nous gâter. Premier déjeuner à 5 heures du matin, un en-cas à 10 heures, un repas à 13 heures et le dîner à 19 heures. Et coucher entre 20 heures et 21 heures. Les femmes lavaient le sol de notre maison ou le linge. ''Vous en faîtes assez comme ça pour que nous nous occupions de vous'', nous disait la population. Nous avons eu droit à une profusion de fruits. Les gens qui parlent tous français et vivent dans une certaine pauvreté. Les ouvriers ne gagnent que 200 à 300 euros par mois. »
« L'école a été inaugurée le 4 avril en présence du gouverneur, du chef d'État-major de l'armée, du ministre de l'Intérieur, du maire et de notre directeur, rappelle Denis. Nous repartions le lendemain et je dois dire qu'il y a eu des larmes de part et d'autre. Après avoir été accueillis chaleureusement, nous avons été accompagnés avec la même émotion jusqu'à l'aéroport situé à trois heures du village. La dame qui nous préparait quotidiennement notre en cas de 10 heures a tenu à venir avec nous afin que nous soyons servis comme tous les jours. C'était très émouvant. Je pense que cette expérience nous a rendus différents. Comme Romain, quand je prends une douche, allume la lumière et regarde la télé depuis que nous sommes arrivés, je mesure la chance que nous avons de vivre en Europe, mais cette fois en me disant qu'allumer une lumière ou faire couler une douche n'est plus un geste naturel, mais une forme de privilège… »
Depuis que les bâtisseurs de l'ISA BTP d'Anglet ont quitté la Grande Comores, 120 enfants se relaient matin et soir dans leur nouvelle école. Avec reconnaissance et fierté. Source : Sud Ouest