Patrick Millan, le directeur de publication de "France Mayotte Matin" est ressorti de garde à vue vendredi soir à 23h35. Pendan...
Patrick Millan, le directeur de publication de
"France Mayotte Matin" est ressorti de garde à vue vendredi soir à
23h35. Pendant neuf heures les gendarmes de l’Inspection générale ont
tenté de connaître ses sources dans l’affaire Roukia.
"C’est une épreuve." Patrick Millan, directeur de publication de France Mayotte Matin répond ainsi quand on lui demande comme s’est passée sa garde à vue avant-hier. Il n’avait jamais connu ce genre de mesure avant.Vendredi, il était en effet convoqué à 14h30 à la gendarmerie de Petite Terre par les enquêteurs de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale en charge d’une commission rogatoire d’un magistrat instructeur de La Réunion pour découvrir qui a violé le secret de l’instruction dans l’affaire Roukia. Des articles précis publiés dans le journal laissaient en effet entendre que des éléments avaient fuité. Cette information judiciaire d’abord confiée au juge Marc Boeher avait été délocalisée à La Réunion après le scandale des fadettes : le juge du TGI de Mamoudzou avait demandé l’étude des factures détaillées de son seul collègue, le juge d’instruction Hakim Karki, soupçonné d’avoir livré des pièces d’instruction au journal satirique Upanga.
C’est donc dans le cadre de cette instruction que Patrick Millan a été entendu sous le régime de la garde à vue. "C’est resté très VIP, je n’ai pas été placé en cellule. À chaque fois qu’ils ont cherché à savoir qu’elles étaient mes sources je me suis retranché derrière la loi de juillet 2010 qui nous protège." Le directeur de publication est suspecté de "recel du secret de l’instruction."
Mardi c’est pour une affaire annexe à l’affaire Roukia qu’il avait rencontré les mêmes gendarmes. Une audition libre à la suite d’une plainte en diffamation du Groupe d’intervention régional (GIR) qui contestait le témoignage d’une femme qui disait être une ancienne indic. Un témoignage accablant qui n’a pas plu. Le 10 janvier, Patrick Millan est mis en examen pour diffamation.
Le 11 janvier, il publie donc les documents prouvant que le témoignage est étayé. Le problème est que ces documents sont classés confidentiels défense et que leur publication fait tousser à la tête de la gendarmerie si bien que le directeur général dépose plainte. Pendant quatre heures, les gendarmes de l’IGGN avaient donc déjà tenté de démasquer les sources. "Ils se sentent touchés dans leur honneur" estime Patrick Millan. "On essaye aussi d’intimider la presse." Et à Mayotte ça ne semble pas poser de problème. Le journaliste conclut : "Je pleure des deux yeux. D’un œil de joie avec le soutien que j’ai reçu de la part de confrères de La Réunion et de métropole. De l’autre œil, je pleure de honte parce qu’aucun journaliste de Mayotte n’a écrit une ligne sur cette garde à vue simplement parce que nous sommes des concurrents. C’est lamentable."
Nicolas Goinard
clicanoo.re
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