Le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls se pose à nouveau comme gendarme de l’islam. Il a annoncé mardi l’expulsion d’imams et d...
Le ministre français de l’Intérieur
Manuel Valls se pose à nouveau comme gendarme de l’islam. Il a annoncé
mardi l’expulsion d’imams et de prédicateurs étrangers jugés « radicaux
». Des étudiants musulmans réagissent.
« Plusieurs prédicateurs radicaux
étrangers vont être expulsés dans les prochains jours », a annoncé le
ministre de l’Intérieur français Manuel Valls. C’était à Bruxelles,
mardi dernier, à la conférence internationale sur la lutte contre les
extrémismes violents. Le ministre a dans son collimateur plusieurs imams
et prédicateurs dont il souhaite l’expulsion du territoire français.
La procédure d’expulsion vise trois personnes dont un imam de Seine-Saint-Denis. Cette décision étonne le secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de ce département de la banlieue parisienne. « Ce n’est pas quelqu’un de dangereux, il n’a jamais pris de position sur les questions internationales comme la Palestine ou le Mali », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’Union des associations musulmans de Seine-Saint-Denis, M’hammed Henniche. « Cet imam est très charismatique et populaire auprès des jeunes », a-t-il ajouté, en manifestant sa « grande surprise ».
L’islam, « un électron libre »
Manuel Valls poursuit sa politique de lutte contre l’islamisme radical et le « jihadisme global ». Ce dernier a tenu à faire la distinction entre « islamisme radical » et « islam de France ». Tant de termes que beaucoup de musulmans ne comprennent pas. C’est le cas de Hakim, 23 ans. Cet étudiant français de confession musulmane dit ne pas saisir l’expression « Islam de France ».
« Je ne comprends pas cette idée de vouloir faire d’un électron libre, une religion sous contrôle », affirme-t-il. Il comprend toutefois cette volonté de mettre de côté ceux qui tendent à semer le trouble dans la société. Mais l’idée de vouloir faire d’une religion un accessoire de l’Etat le met hors de lui. « Les religions sont universelles ! », conteste Hakim.
Sara, également étudiante, 24 ans, nuance les propos de Hakim. Elle s’oppose à toute forme de radicalisation des religions. « La décision de combattre le radicalisme est une bonne chose », assure-t-elle. Mais en expulsant ces radicaux, « on ne fait que transporter le problème ailleurs, je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions car tôt ou tard le problème reviendra en France ».
« Déjà, si on arrêtait un peu de parler de l’islam qu’en mal, ça ne donnerait pas des idées farfelues à certains », renchérit Hakim. Selon lui, le massacre politique et médiatique d’une religion qui prône « l’amour et la tolérance » n’aide pas à l’instauration d’un climat de paix. Il fustige « l’instrumentalisation de la religion » par les dirigeants politiques, et ce, « à des fins politiques ». « C’est honteux ! », lance-t-il.
Une religion d’Etat ?
L’Etat s’est-il séparé de l’Eglise pour se rapprocher de la mosquée ? C’est la question que se pose Sara. La jeune étudiante ne comprend pas pourquoi l’islam atterrit là où il ne devrait pas. « Dans son discours à Bruxelles, Manuel Valls a parlé des violences faites aux femmes musulmanes. A-t-il des chiffres officiels à communiquer ? » A écouter le ministre français, Sara a l’impression qu’un bon musulman est quelqu’un qui bat sa femme. « Mais il me semble qu’il y a plus de 8 000 cas de violences conjugales enregistrés en France, un chiffre en hausse depuis 2010. C’est énorme ! relève-t-elle. Pourtant, nous ne sommes pas en Arabie Saoudite ou en Iran, mais bien en France ! ». Elle regrette que toutes ces françaises battues ne préoccupent pas autant que la religion.
En avril 2012, Manuel Valls avait ordonné l’expulsion de trois imams. Parmi eux, Ali Belhadad, un Algérien de 44 ans en France depuis 20 ans et en situation régulière. Il avait été présenté comme condamné pour son rôle dans les attentats de Marrakech en 1994, ce qui s’est révélé être faux.
Cette surveillance accrue de l’islam renforce le sentiment de peur et d’ « islamophobie » de la part des Français, regrette Hakim. « Notre propre pays n’a pas confiance en nous au point de nous surveiller comme si nous étions tous des terroristes », poursuit-il. Il y a des « bons » et des « mauvais » comme partout.
Hakim et Sara rêvent tous deux d’un « islam libre » où toutes les religions cohabiteraient « sans complexe » et sans se salir mutuellement. Croire que les musulmans détestent les juifs et les chrétiens est une « utopie » selon eux. Ce serait contre nature dans la mesure où « nous croyons en tous les prophètes, y compris Jésus et Moïse », concluent les jeunes étudiants. avec afrik.com
La procédure d’expulsion vise trois personnes dont un imam de Seine-Saint-Denis. Cette décision étonne le secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de ce département de la banlieue parisienne. « Ce n’est pas quelqu’un de dangereux, il n’a jamais pris de position sur les questions internationales comme la Palestine ou le Mali », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’Union des associations musulmans de Seine-Saint-Denis, M’hammed Henniche. « Cet imam est très charismatique et populaire auprès des jeunes », a-t-il ajouté, en manifestant sa « grande surprise ».
L’islam, « un électron libre »
Manuel Valls poursuit sa politique de lutte contre l’islamisme radical et le « jihadisme global ». Ce dernier a tenu à faire la distinction entre « islamisme radical » et « islam de France ». Tant de termes que beaucoup de musulmans ne comprennent pas. C’est le cas de Hakim, 23 ans. Cet étudiant français de confession musulmane dit ne pas saisir l’expression « Islam de France ».
« Je ne comprends pas cette idée de vouloir faire d’un électron libre, une religion sous contrôle », affirme-t-il. Il comprend toutefois cette volonté de mettre de côté ceux qui tendent à semer le trouble dans la société. Mais l’idée de vouloir faire d’une religion un accessoire de l’Etat le met hors de lui. « Les religions sont universelles ! », conteste Hakim.
Sara, également étudiante, 24 ans, nuance les propos de Hakim. Elle s’oppose à toute forme de radicalisation des religions. « La décision de combattre le radicalisme est une bonne chose », assure-t-elle. Mais en expulsant ces radicaux, « on ne fait que transporter le problème ailleurs, je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions car tôt ou tard le problème reviendra en France ».
« Déjà, si on arrêtait un peu de parler de l’islam qu’en mal, ça ne donnerait pas des idées farfelues à certains », renchérit Hakim. Selon lui, le massacre politique et médiatique d’une religion qui prône « l’amour et la tolérance » n’aide pas à l’instauration d’un climat de paix. Il fustige « l’instrumentalisation de la religion » par les dirigeants politiques, et ce, « à des fins politiques ». « C’est honteux ! », lance-t-il.
Une religion d’Etat ?
L’Etat s’est-il séparé de l’Eglise pour se rapprocher de la mosquée ? C’est la question que se pose Sara. La jeune étudiante ne comprend pas pourquoi l’islam atterrit là où il ne devrait pas. « Dans son discours à Bruxelles, Manuel Valls a parlé des violences faites aux femmes musulmanes. A-t-il des chiffres officiels à communiquer ? » A écouter le ministre français, Sara a l’impression qu’un bon musulman est quelqu’un qui bat sa femme. « Mais il me semble qu’il y a plus de 8 000 cas de violences conjugales enregistrés en France, un chiffre en hausse depuis 2010. C’est énorme ! relève-t-elle. Pourtant, nous ne sommes pas en Arabie Saoudite ou en Iran, mais bien en France ! ». Elle regrette que toutes ces françaises battues ne préoccupent pas autant que la religion.
En avril 2012, Manuel Valls avait ordonné l’expulsion de trois imams. Parmi eux, Ali Belhadad, un Algérien de 44 ans en France depuis 20 ans et en situation régulière. Il avait été présenté comme condamné pour son rôle dans les attentats de Marrakech en 1994, ce qui s’est révélé être faux.
Cette surveillance accrue de l’islam renforce le sentiment de peur et d’ « islamophobie » de la part des Français, regrette Hakim. « Notre propre pays n’a pas confiance en nous au point de nous surveiller comme si nous étions tous des terroristes », poursuit-il. Il y a des « bons » et des « mauvais » comme partout.
Hakim et Sara rêvent tous deux d’un « islam libre » où toutes les religions cohabiteraient « sans complexe » et sans se salir mutuellement. Croire que les musulmans détestent les juifs et les chrétiens est une « utopie » selon eux. Ce serait contre nature dans la mesure où « nous croyons en tous les prophètes, y compris Jésus et Moïse », concluent les jeunes étudiants. avec afrik.com
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