CYBERSÉCURITÉ – Une série de piratages informatiques contre le New York Times , le Washington Post , et d'autres médias américains rav...
CYBERSÉCURITÉ – Une série de piratages informatiques contre le New York Times , le Washington Post , et d'autres médias américains ravive la crainte d'assister à une multiplication d'attaques menées par des pirates chinois.
Les quotidiens américains New York Times et Wall Street Journal ont rapporté cette semaine que leurs ordinateurs et systèmes informatiques avaient été piratés, pointant du doigt le gouvernement chinois.
Samedi, le Washington Post a annoncé en «Une» qu'il avait également détecté une attaque informatique en 2011. Lui aussi soupçonne fortement des hackers chinois. «Les assaillants étaient extrêmement performants, et nous pensons que d'autres entreprises et institutions ont été attaquées récemment de la même manière», a souligné de son côté Bob Lord, directeur de la sécurité de Twitter après l'attaque récente contre le réseau social.
Un niveau intolérable
Pour James Lewis, spécialiste en sécurité informatique au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), les preuves d'une implication de Pékin dans ces attaques sont, «à un niveau classifié, évidentes». Des hackers chinois ont déjà été accusés d'avoir attaqué le géant américain de la défense Lockheed-Martin, le groupe internet Google ou encore Coca-Cola.
Des pirates auraient aussi tenté d'infiltrer des ordinateurs du Pentagone ou ceux d'élus américains. «Les Chinois ne respectent pas les règles du jeu qui sont suivies ailleurs», affirme James Lewis. «C'est parce que, pour une partie, ils ne les comprennent pas, et pour une autre, ils ne leur accordent pas de valeur».
Ces attaques «atteignent un niveau intolérable» et vont forcer le gouvernement américain à réagir, estime encore James Lewis. «Une des choses que vous apprenez en négociant avec les Chinois c'est qu'ils ne réagissent pas toujours par des déclarations», explique-t-il, en invitant les Etats-Unis à «réfléchir aux actions qui pourraient venir renforcer les déclarations».
Le président de Google Eric Schmidt prévient même que les Etats-Unis seront «en position de faiblesse» en matière de piratage informatique par rapport à la Chine. Pékin est le pirate informatique le «plus sophistiqué et le plus prolifique», ajoute-t-il dans son livre «The New Digital Age», à paraître en avril et cité vendredi par le Wall Street Journal.
Hausse des attaques
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a affirmé jeudi que son gouvernement avait noté une hausse du nombre de ces attaques informatiques contre les institutions américaines mais aussi contre des entreprises privées, et que le problème serait abordé lors de rencontres internationales.
«Que les choses soient claires, et je ne m'adresse pas seulement à la Chine, (...) les Etats-Unis vont prendre des mesures pour protéger non seulement le gouvernement mais aussi le secteur privé» de ces intrusions, a-t-elle déclaré. Graham Cluley, consultant en technologie pour la société britannique Sophos, note que les médias ne pensaient pas, jusqu'à présent, pouvoir être la cible de tels piratages.
Hameçonnage
Mais même si l'origine des attaques est confirmée, «il est très dur de neutraliser» les pirates, parce qu'ils peuvent facilement déménager. Le ministère chinois de la Défense a de son côté affirmé que l'armée chinoise n'avait «jamais soutenu de cyberattaque». La majorité des intrusions surviennent quand on ouvre par inadvertance la pièce-jointe d'un courriel personnalisé.
Cette technique de «l'hameçonnage» permet ensuite d'installer un logiciel malveillant pour contrôler les données. Jody Westby, consultante en sécurité informatique et membre du Georgia Institute of Technology, souligne quant à elle que ces attaques «montrent les insuffisances de la diplomatie américaine en matière de menace informatique».
«Pourquoi les responsables politiques ne dénoncent-ils pas publiquement ces attaques, même si cela froisse les susceptibilités ?», lance-t-elle dans un blog du magazineForbes. Andrew Mertha, spécialiste de la Chine à l'université Cornell, affirme que ce type d'espionnage «n'est pas nouveau» en Chine, mais qu'il montre «la façon maladroite qu'a la Chine d'exercer un pouvoir discret».
(afp/Newsnet)
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