« Comme tu es belle », « Tu as l'air d'avoir dix ans de moins ! », « Mais ce n'est pas toi du tout »… Vous n'imaginez pas ...
« Comme tu es belle », « Tu as l'air d'avoir dix ans de moins ! », « Mais ce n'est pas toi du tout »… Vous n'imaginez pas ce que la petite photo en haut à droite de cet édito a provoqué comme réactions dans mon entourage. Toutes contradictoires, et toutes justes : je m'y trouve plus jolie qu'en réalité, je ne m'y reconnais pas vraiment, mais j'aime cette image de moi. Qu'est-ce qu'être belle ? Être naturelle ? Sophistiquée ? Le rapport des femmes à la beauté et à l'image de soi est d'une extraordinaire complexité. Une relation tout en subtilités et en paradoxes que Psychologies revendique ce mois-ci haut et fort dans son « Appel pour une beauté libre ». Car, oui, la beauté féminine est enfermée. Dans des normes esthétiques et des carcans psychologiques. Dans un environnement visuel qui impose un modèle unique : jeune, mince et ferme. D'Éliette Abécassis à Karin Viard en passant par Gérard Apfeldorfer ou Marie de Hennezel, les personnalités qui signent cet appel affirment que la beauté est unique, changeante, qu'elle est un sentiment en mouvement permanent. Elles ne renient pas leur désir d'être belles, mais refusent un matraquage nuisible, à la longue, à l'estime de soi.
Les femmes – et de plus en plus d'hommes – naviguent bon gré mal gré entre la quête de soi et l'idéal de soi. Un balancier perpétuel, et un océan de contradictions. Notre sondage, publié en appui de cet appel, révèle que si la majorité des Françaises disent se trouver belles (61 %), cela ne les empêche pas d'avoir des complexes (50 %). Et que si les plus jeunes sont les plus satisfaites de leur image (79 %), ce sont aussi les premières à vouloir modifier leur apparence (60 %) ! Savez-vous quel est le critère de beauté déclaré le plus important ? « Être heureuse. » Le fait d'être bien dans sa peau, de prendre soin de soi en fonction de son âge, de ses besoins et de ses humeurs, sans tabou ni censure… Voilà qui résume bien le puissant désir de chacune d'être libre avec « sa » beauté singulière.
Montrer des femmes « normales », petites, grandes, rondes, ridées et « réellement belles »…, le photographe Jean-François Robert nous en fait la démonstration éclatante. C'est un choix, une volonté éditoriale que Psychologies assume sans fard depuis toujours. À deux exceptions près, que nous nous devons d'assumer elles aussi : les photos de couverture et les visuels publicitaires. Par définition, les célébrités qui font la une de votre magazine ont fait profession de leur image et certaines souhaitent en garder la maîtrise totale. Répondre à cette exigence nous permet d'installer la relation de confiance nécessaire à une rencontre à cœur ouvert, sincère et sans artifices. Deuxième sujet délicat : les femmes idéalisées des pages de publicité. Or, quel lecteur ne sait pas aujourd'hui que ces images sont fondées sur des stéréotypes et des fantasmes ? Restons attentifs, mais ne soyons pas naïfs. Notre appel prendra tout son sens, car c'est dans le temps et la durée que nous pourrons en mesurer les effets, quand chacun, journaliste, publicitaire, comédien ou photographe, se sentira responsable de l'image de la femme qu'il donne à voir. Psychologies et ses éditions internationales s'y engagent aujourd'hui publiquement. C'est pour vous, et grâce à vous, chers lecteurs, que nous continuerons à affirmer nos convictions. Merci.