À Cazères, au sud de Toulouse, on se dit consternés par le dénouement d'une affaire criminelle dont les principaux suspects sont deu...
À Cazères, au sud de Toulouse, on se dit consternés par le dénouement d'une affaire criminelle dont les principaux suspects sont deux amants libertins. Ils s'accusent du meurtre d'un trafiquant de drogue tué en septembre 2011.
C'est une affaire criminelle sur fond de sexe d'argent et de trahison dont se délecteraient bien les scénaristes de séries B.
Le meurtre de Jacques Serraye, ce trafiquant de drogue de 59 ans dont le corps carbonisé a été retrouvé le 28 septembre 2011 dans le coffre de sa voiture, à Chaum, dans le Comminges, a placé sous les feux de la rampe et contre toute attente, un couple de Cazères. Dans cette commune, au sud de Toulouse, où certains, consternés, se disent «choqués du dénouement de ce drame», la discrétion est de mise. Voire l'amnésie.
Écroué depuis mi-octobre, après une enquête du SRPJ de Toulouse, Sylvain R., 47 ans et sa compagne Chaffat A., 35 ans, sont mis en examen pour «homicide en bande organisée et association de malfaiteurs.» Suivies par une juge d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée, à Bordeaux, les investigations qui ont duré plus d'un an avaient mis en évidence des liens entre la victime et une ex-compagne, Chaffat A.
Échangistes assumés, joyeux libertins qui organisaient des «parties» dans leur modeste villa familiale, Sylvain et Chaffat se renvoient la responsabilité du meurtre de Jacques Serraye. Cet homme, originaire de Besançon, remontait en voiture depuis Alicante, en Espagne, avant d'être abattu de deux coups de chevrotine. Une arme retrouvée dernièrement dans une retenue d'eau, au sud de Toulouse (lire ci-contre).
Ce 28 septembre 2011, la victime avait visiblement rendez-vous avec Chaffat, longue chevelure brune au corps ambré, séductrice hors pair, qu'il connaissait bien pour avoir déjà succombé à ses charmes. La rencontre devait avoir lieu à proximité d'une base de loisirs, non loin de Cazères.
La suite ? Deux versions divergent. Selon Chaffat, Sylvain ex-taulard lui aussi, ancien manutentionnaire aux bras tatoués aurait pu supprimer Serraye par jalousie. Une thèse que réfute son avocat. Me Alain-Jean Varet : «Il savait très bien que cette fille n'était pas la femme d'un seul homme…»
Pour Sylvain, Chaffat se serait débarrassée de son ex-amant en mettant le feu à la voiture après l'avoir tué. Probablement après avoir mis la main sur une somme d'argent que Serraye cachait dans son véhicule. Des scénarios diaboliques de mise à mort que la justice tente toujours de démêler.
À Cazères, Chaffat et Sylvain vivaient du revenu de solidarité active (RSA). Pour certains habitants, ils avaient une vie «tranquille.» Entre deux cambriolages, ce couple «gentil et avenant» recevait du monde à la maison, pour des séances de sexe entre adultes consentants, au gré de rencontres, à Cazères et via internet. Mais Chaffat, originaire des Comores, savait aussi monnayer ses charmes auprès des «locaux» dont certains, ayant pignon sur rue, étaient mis à la porte par Sylvain.
Aujourd'hui, les deux amants libertins n'échangent plus de partenaires. Mais de graves accusations.
L'arme du crime retrouvée
C'est dans une retenue d'eau d'EDF, à Carbone au sud de Toulouse que l'arme du crime a été retrouvée, le 29 novembre, sur les indications de Sylvain R, extrait de sa cellule ce jour-là.La juge en charge de cette affaire à la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux, Valérie Noël, s'est déplacée sur les lieux avec les enquêteurs du SRPJ de Toulouse, le suspect et son avocat.
Les plongeurs ont extrait des eaux, un fusil a canon scié de calibre 12 qui aurait servi à tuer Jacques Serraye. «Il a beaucoup de mal à réaliser qu'il peut être mis en examen dans cette affaire criminelle. Il ne reconnaît pas avoir tué. Il vit un drame absolu», ajoute son avocat Me Varet qui, avec le Bordelais Philippe De Caunes, défend ses intérêts.
Frédéric Abéla
ledepeche.fr
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