Vendredi, un énième officier libyen a été assassiné dans la zone de Benghazi, dans le cadre d'une vague d'assassinats orchestrée par...
Depuis la chute de l'ancien dictateur libyen Kadhafi en 2011, la Libye s'enfonce dans le chaos et contamine les pays voisins…
Vendredi dernier, un énième officier libyen (Nasser al-Magrabi) a été assassiné dans la zone de Sidi Faraj (Benghazi), ceci dans le cadre d'une vague d'assassinats orchestrée par des milices anti-gouvernementales et visant les symboles du nouveau pouvoir libyen. Déjà, mercredi 2 janvier dernier, le chef par intérim des enquêtes criminelles de Benghazi avait été enlevé par des miliciens. Et en novembre, le chef de la police de Benghazi, Faraj Drissi, avait été abattu sur le pas de sa porte. En fait, depuis 16 mois, la zone de Benghazi, berceau de la révolte anti-Kadhafi, est le théâtre d'attentats et de règlements de comptes continuels qui visent prioritairement les officiers de l'armée, les étrangers (noirs-africains, Occidentaux, etc), les représentants du nouvel Etat, les journalistes lires et des responsables de la sécurité.
Face à ce chaos, 2000 Libyens ont manifesté vendredi dernier à Benghazi (Est du pays) pour réclamer la dissolution des milices armées (et la réintégration au cas par cas des miliciens dans l'armée légale), tout en exigeant le départ des criminels pro-Kadhafi, toujours représentés, selon eux, dans les forces de l'ordre, et à qui nombre d'assassinats sont attribués. Surfant sur ces accusations, les chefs militaires de la rébellion anti-Kadhafi refusent de rejoindre l'armée légale et réclament qu'elle soit totalement "épurée" des caciques de l'ancien régime, ce qui "légitime", dans les faits, les récurrents assassinats de militaires "compromis" et oblige le régime à faire une chasse aux sorcières qui risque de compromettre à son tour la réconciliation nationale...
Violences envers les étrangers et les chrétiens…
Mais l'Est libyen n'est pas le seul territoire à "problème". Ainsi, en août, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a cessé ses opérations à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), après une attaque contre la résidence de son personnel. Parmi les autres "faits divers", hélas peu relayés par la presse, on peut signaler l'attentat anti-chrétien qui a fait deux morts et deux blessés samedi soir dans l'église copte de Mar Gerguis (Saint Georges), à Dafniya (province de Misrata). L'explosion a eu lieu après la fin de la messe, juste au moment où les fidèles sortaient de l'église. Dafniya est une ville située à 30 km à l'ouest de Misrata, où des brigades d'anciens combattants rebelles ont établi un important barrage. Rappelons qu'avant la révolte de 2011, sur 6,4 millions d'habitants, la Libye comptait près d'un million et demi d'étrangers, principalement africains, dont beaucoup ont fui les combats qui ont provoqué la chute et la mort de Mouammar Kadhafi et dont les derniers restés sur place sont régulièrement pris pour cibles par les milices rebelles insoumises et les terroristes salafistes. Parmi ces étrangers, les chrétiens représentent 3% de la population. Une grande partie d'entre eux vient d'Egypte, comme les Coptes qui ont été tués fin décembre, puis des pays d'Afrique noire voisins. Mais étant donné que les milices pro-Kadhafi avaient engagé de nombreux noirs-africains, l'après Kadhafi a donné lieu à une vague de pogroms et de racisme anti-noirs sans précédent...
Depuis la chute de Kadhafi, les milices islamo-salafistes et autres groupes révolutionnaires plus ou moins liés à Al-Qaïda refusent de rendre les armes et de se soumettre au nouveau pouvoir, "modéré", toujours aussi impuissant, élu en juillet 2012, qui ne maîtrise pas son propre territoire et qui a le plus grand mal à rétablir la sécurité et à remettre dans le rang les milices rebelles qui ont fait tomber puis tué l'ancien dictateur durant l'été 2011. La nouvelle Libye démocratique tant romancée par BHL, les lobbiystes franco-anglais pétroliers puis les partisans des "guerres humanitaires" et du "droit d'ingérence" ont une fois de plus sous-estimé les capacités de nuisance des étranges "combattants de la liberté" sur lesquels ils comptent à chaque fois pour renverser des régimes (en général pro-Russes et pro-chinois, mais jamais pro-US comme les dictatures du Golfe ou le Pakistan...). Et la plus meurtrière des attaques islamistes survenue dans la Libye "libérée", celle qui, le 11 septembre 2012, coûta la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur Chris Stevens, a bien montré que, comme en Iran en 1979 ou en Irak en 1990, les islamistes n'ont jamais eu le sens de la gratitude envers leurs sponsors et soutiens occidentaux...
Dans cette "Libye libre", nombre d'autres attaques, attentats assassinats imputables aux milices rebelles et aux groupes islamo-terroristes ont coûté la vie à des centaines de victimes issues des minorités ethniques (Noirs, Berbères), religieuses (chrétiens, soufis, etc) et à tous ceux qui refusent l'ordre totalitaire des islamistes salafistes qui veulent imposer leurs règles chariatiques et moyennageuses et refusent l'ordre légal issu des urnes.
Depuis la chute du "Guide" libyen, ces violences quotidiennes ont fait des dizaines de morts et nombre de blessés. A Tripoli, dans la capitale et dans sa banlieue, de nombreux affrontements ont eu lieu, les plus graves ayant lieu autour de l'aéroport international de Tripoli. La nouvelle armée libyenne, puis les miliciens de Zenten et de Tripoli s'y livrent de violents et récurrents combats pour le contrôle de l'aéroport international. C'est ainsi que Khalifa Haftar, chef de l'état-major de l'armée libyenne, a failli y être assassiné par les rebelles. En ce moment même, les tribus Toubous et Ouled Slimane s'affrontent à Sebha, la capitale du Fezzane (sept cents kilomètres au sud de Tripoli). Dans cet Etat quasi inexistant, la division entre tribus est vivace et elles sont loin d'avoir surmonté leurs différends, ce qui menace à terme la stabilité du pays. Les nouvelles autorités libyennes ont été incapables de trouver un accord avec les chefs tribaux qui contrôlent les principaux "centres révolutionnaires" (Benghazi, Misrata, Zenten). Le risque d'une seconde guerre civile (et donc d'une partition, comme en Syrie), cette fois-ci entre "révolutionnaires", entre tribus ennemies, puis entre démocrates et islamo-salafistes, est plus présent que jamais...Atlantico.fr
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