Les premières troupes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest arrivent peu à peu à Bamako. Des armées sous-équipées...
Les premières troupes de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest arrivent peu à peu à
Bamako. Des armées sous-équipées et mal entrainées qui n’ont pour le
moment pas encore été déployées dans le nord du pays. Raison pour
laquelle, l’organisation ouest-africaine fait l’objet de multiples
critiques au Mali, où beaucoup estiment qu’elle a mis trop de temps à
réagir alors que les islamistes étaient à deux pas de la capitale
malienne.
« Les Maliens n’ont jamais eu
confiance en la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
(Cedeao) ! », s’exclame Sadou Bocoum, journaliste à La Mutation.
Il est loin d’être le seul à pointer du doigt l’organisation ouest
africaine. Au Mali, ils sont nombreux à estimer qu’elle a mis trop de
temps à réagir alors que les islamistes étaient aux portes de Bamako.
Pour stopper leur progression vers la capitale malienne, située au sud
du pays, Paris a dû déployer en urgence 2300 soldats français. Leur
nombre pourrait atteindre 2 500 dans les jours à venir.
Et les troupes de la Cedeao, que font-elles ? Pourquoi ne sont-elles pas encore sur le terrain ? Ces questions trottent dans la tête des Maliens. Le manque de moyens, telle est l’argument mis en avant par l’organisation ouest-africaine pour justifier le retard du déploiement de sa force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Un argument irrecevable pour l’humanitaire malien Ousmane Diawara, président de l’association des expatriés du Mali, qui estime « qu’il devait y avoir une intervention militaire de la Cedeao depuis le début du conflit ». Selon lui, l’organisation ouest africaine « est avant tout un groupe de responsables africains qui sauvegardent leurs intérêts personnels ». La preuve, renchérit son compatriote Sadou Bocoum, « ils ne s’entendent pas ! Les forces qu’ils ont envoyé sont restées à Bamako. Seules les troupes françaises et maliennes se battent au front. »
Pour le moment, neuf pays de la sous-région (Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso) et plus récemment le Liberia, ont annoncé leur contribution à la Misma qui comprendra quelque 6000 soldats pour soutenir l’action de la France. Le Tchad enverra une force de 2000 hommes qui sera positionnée à la frontière malienne et nigérienne pour surveiller cette immense zone. Des soldats togolais, béninois, sénégalais et nigérians sont arrivés à Bamako. Mais les troupes de la Misma, sous équipées et mal entraînées, ne sont pas encore prêtes pour être déployées dans le nord du pays, où les attendent de pied ferme les islamistes, qui y logent depuis neuf mois.
Des armées non opérationnelles
La pression internationale est de plus en plus accrue contre la Cedeao, qui est poussée à déployer le plus rapidement possible davantage de soldats. Présidée par le chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara, la Cedeao s’est réunie samedi à Abidjan en urgence pour accélérer le processus de l’opération militaire au Mali. Elle a réclamé à « l’Onu de fournir immédiatement l’appui logistique et financier pour le déploiement » de la Misma. Cette aide financière est estimée à 500 millions de dollars par le dirigeant de la Commission de l’organisation Kadré Désiré Ouédraogo. L’Union européenne a décidé de participer à l’opération à hauteur de 50 millions de dollars. Une conférence des donateurs est prévue le 29 janvier à Addis Abéba, sous l’égide de l’Union Africaine, pour accélérer la mobilisation des financements.
En attendant que la Misma soit opérationnelle, les troupes françaises et maliennes doivent assurer seules les combats au sol. Paris sait qu’elle ne peut pas compter sur la force de la Cedeao. La question est toutefois délicate. La France qui craint d’être pointée du doigt pour son intervention au Mali, en tant qu’ex-colonisateur de ce pays, a tenu à assurer que « l’opération française n’a pas vocation à se substituer à l’action de la Misma ». Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, présent au sommet d’Abidjan, a insisté sur le fait que les soldats africains soient déployés au plus vite sur le sol malien.
« La Cedeao n’a pas de leçon à recevoir ! »
Quel rôle vont-ils jouer ? La question est toujours en suspens. Or, à l’heure actuelle « les troupes de la Cedeao sont incapables de mener les combats au sol », estime Jacques Hogard, ex-colonel de l’armée française. Les armées africaines essuient régulièrement des défaites cinglantes face à des rebellions armées qui menacent la stabilité des Etats. Pour quelle raison sont-elles si inefficaces ? « La faiblesse des armées africaines est avant tout due à un problème de gouvernance », selon Jacques Hogard. « Les chefs d’Etats africains ont en général tellement peur de leur propre armée qu’ils ne les équipent pas, ne leur donnent pas les moyens nécessaires pour se défendre. Cela affecte grandement leurs capacités opérationnelles et leur moral. Or, un Etat n’est rien sans une armée solide », explique l’ex-colonel français. Un avis partagé par le journaliste malien Sadou Bocoum : « Tous les Etats de la Cedeao ont le même problème car depuis l’avènement de la démocratie les armées ont été déstabilisées. Par crainte d’un coup d’Etat, le premier réflexe des dirigeants a été de casser les armées en place ! »
Toutefois, Pierre Jacquemont, chercheur à l’Iris, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, estime qu’il faut être beaucoup plus nuancé sur l’action de la Cedeao au Mali. « Ce n’est pas évident de mobiliser des troupes aussi rapidement face à une situation de crise ! » Selon lui, l’organisation ouest-africaine, qui a été prise de cours par l’avancée des islamistes vers Bamako, a repris la situation en main : « plusieurs troupes sont déjà sur place. Auparavant, on affirmait qu’elles n’allaient pas être déployées avant plusieurs mois ». Même si le chercheur français admet les difficultés que rencontrent la Cedeao, néanmoins il assure que « la situation est plus compliqué qu’elle peut le paraître. La Cedeao a été affectée par la crise en Côte d’Ivoire qui a duré 10 ans ! rappelle-t-il. L’organisation a pris un coup dur après un tel évènement ! Toute la région en a pâtit. » Par ailleurs, d’après lui, « la Cedeao n’a pas de leçon à recevoir. L’Union européenne aussi rencontre des difficultés au quotidien ».
afrik.com
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Et les troupes de la Cedeao, que font-elles ? Pourquoi ne sont-elles pas encore sur le terrain ? Ces questions trottent dans la tête des Maliens. Le manque de moyens, telle est l’argument mis en avant par l’organisation ouest-africaine pour justifier le retard du déploiement de sa force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Un argument irrecevable pour l’humanitaire malien Ousmane Diawara, président de l’association des expatriés du Mali, qui estime « qu’il devait y avoir une intervention militaire de la Cedeao depuis le début du conflit ». Selon lui, l’organisation ouest africaine « est avant tout un groupe de responsables africains qui sauvegardent leurs intérêts personnels ». La preuve, renchérit son compatriote Sadou Bocoum, « ils ne s’entendent pas ! Les forces qu’ils ont envoyé sont restées à Bamako. Seules les troupes françaises et maliennes se battent au front. »
Pour le moment, neuf pays de la sous-région (Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso) et plus récemment le Liberia, ont annoncé leur contribution à la Misma qui comprendra quelque 6000 soldats pour soutenir l’action de la France. Le Tchad enverra une force de 2000 hommes qui sera positionnée à la frontière malienne et nigérienne pour surveiller cette immense zone. Des soldats togolais, béninois, sénégalais et nigérians sont arrivés à Bamako. Mais les troupes de la Misma, sous équipées et mal entraînées, ne sont pas encore prêtes pour être déployées dans le nord du pays, où les attendent de pied ferme les islamistes, qui y logent depuis neuf mois.
Des armées non opérationnelles
La pression internationale est de plus en plus accrue contre la Cedeao, qui est poussée à déployer le plus rapidement possible davantage de soldats. Présidée par le chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara, la Cedeao s’est réunie samedi à Abidjan en urgence pour accélérer le processus de l’opération militaire au Mali. Elle a réclamé à « l’Onu de fournir immédiatement l’appui logistique et financier pour le déploiement » de la Misma. Cette aide financière est estimée à 500 millions de dollars par le dirigeant de la Commission de l’organisation Kadré Désiré Ouédraogo. L’Union européenne a décidé de participer à l’opération à hauteur de 50 millions de dollars. Une conférence des donateurs est prévue le 29 janvier à Addis Abéba, sous l’égide de l’Union Africaine, pour accélérer la mobilisation des financements.
En attendant que la Misma soit opérationnelle, les troupes françaises et maliennes doivent assurer seules les combats au sol. Paris sait qu’elle ne peut pas compter sur la force de la Cedeao. La question est toutefois délicate. La France qui craint d’être pointée du doigt pour son intervention au Mali, en tant qu’ex-colonisateur de ce pays, a tenu à assurer que « l’opération française n’a pas vocation à se substituer à l’action de la Misma ». Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, présent au sommet d’Abidjan, a insisté sur le fait que les soldats africains soient déployés au plus vite sur le sol malien.
« La Cedeao n’a pas de leçon à recevoir ! »
Quel rôle vont-ils jouer ? La question est toujours en suspens. Or, à l’heure actuelle « les troupes de la Cedeao sont incapables de mener les combats au sol », estime Jacques Hogard, ex-colonel de l’armée française. Les armées africaines essuient régulièrement des défaites cinglantes face à des rebellions armées qui menacent la stabilité des Etats. Pour quelle raison sont-elles si inefficaces ? « La faiblesse des armées africaines est avant tout due à un problème de gouvernance », selon Jacques Hogard. « Les chefs d’Etats africains ont en général tellement peur de leur propre armée qu’ils ne les équipent pas, ne leur donnent pas les moyens nécessaires pour se défendre. Cela affecte grandement leurs capacités opérationnelles et leur moral. Or, un Etat n’est rien sans une armée solide », explique l’ex-colonel français. Un avis partagé par le journaliste malien Sadou Bocoum : « Tous les Etats de la Cedeao ont le même problème car depuis l’avènement de la démocratie les armées ont été déstabilisées. Par crainte d’un coup d’Etat, le premier réflexe des dirigeants a été de casser les armées en place ! »
Toutefois, Pierre Jacquemont, chercheur à l’Iris, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, estime qu’il faut être beaucoup plus nuancé sur l’action de la Cedeao au Mali. « Ce n’est pas évident de mobiliser des troupes aussi rapidement face à une situation de crise ! » Selon lui, l’organisation ouest-africaine, qui a été prise de cours par l’avancée des islamistes vers Bamako, a repris la situation en main : « plusieurs troupes sont déjà sur place. Auparavant, on affirmait qu’elles n’allaient pas être déployées avant plusieurs mois ». Même si le chercheur français admet les difficultés que rencontrent la Cedeao, néanmoins il assure que « la situation est plus compliqué qu’elle peut le paraître. La Cedeao a été affectée par la crise en Côte d’Ivoire qui a duré 10 ans ! rappelle-t-il. L’organisation a pris un coup dur après un tel évènement ! Toute la région en a pâtit. » Par ailleurs, d’après lui, « la Cedeao n’a pas de leçon à recevoir. L’Union européenne aussi rencontre des difficultés au quotidien ».
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