L'opposition appellait à se rassembler contre le président Morsi et les Frères musulmans, dont les bureaux ont été incendiés dans la...
L'opposition appellait à se rassembler contre le président Morsi et les Frères musulmans, dont les bureaux ont été incendiés dans la ville d'Ismaïliya.
Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes d’Egypte vendredi lors de manifestations contre le pouvoir islamiste, à l’occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui renversa Hosni Moubarak, faisant quatre morts à Suez et plus de 250 blessés selon le ministère de la Santé. Il n'était pas encore clair si les victimes décédées étaient des manifestants ou des policiers.Des accrochages sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l’ordre, qui avaient débuté jeudi, se sont poursuivis aux abords de la place Tahrir, dans le centre du Caire, où une foule de milliers de personnes réclamait une «nouvelle révolution» et une «vraie démocratie».
Certains manifestants se sont momentanément rassemblés devant le très symbolique immeuble qui abrite la télévision d’Etat et le ministère de l’Information, avant de se rendre à Tahrir. Non loin de là, des manifestants ont également jeté des pierres sur un immeuble abritant des locaux des Frères musulmans, la formation dont est issu le président Mohamed Morsi. A Alexandrie et Suez, la police a fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants, selon des témoins.
«Il y a beaucoup de fumée à cause des pneus brûlés. Et il y a des gens étendus par terre qui n’arrivent pas à respirer à cause du gaz lacrymogène», a dit à l’AFP Racha, une habitante d’Alexandrie. A Ismaïliya des manifestants ont attaqué le siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et y ont mis le feu, selon un correspondant de l’AFP.
«Ca va être une grosse journée (...) parce que les Egyptiens en ont marre», prédisait un manifestant au Caire, Mohammed Abdallah, en référence à la profonde crise politique et économique que traverse le pays. «Je suis ici pour exiger la liberté et la justice. L’Egypte a besoin d’une nouvelle révolution pour les jeunes et pour une vraie démocratie», affirmait Chawki Ahmed, 65 ans.
L’opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux et qui affiche une unité encore précaire, a appelé à défiler à travers le pays contre le président Morsi et les Frères musulmans, en reprenant les mêmes mots d’ordre qu’il y a deux ans : «Pain, liberté, justice sociale». «Sortons vers les places pour finaliser les objectifs de la révolution», a appelé sur Twitter Mohamed ElBaradei, l’une des figures de proue de l’opposition laïque. Les forces de l’ordre ont prévu de renforcer leur présence, selon une source de sécurité.
Les Egyptiens appelés à célébrer «pacifiquement»
Jeudi soir, Mohamed Morsi a appelé ses compatriotes à célébrer «de manière pacifique et civilisée» le deuxième anniversaire de la révolte qui avait débuté le 25 janvier 2011. Face à ses adversaires, Morsi se prévaut d'être depuis juin dernier le premier président civil et démocratiquement élu du pays, et a promis de gouverner «pour tous les Egyptiens».L’opposition l’accuse en revanche de reproduire un système autoritaire et socialement injuste, et de privilégier l’idéologie islamiste sur l’intérêt général. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a de son côté demandé aux Egyptiens de s’en tenir aux «principes universels du dialogue pacifique et de la non violence».
Les Frères musulmans n’ont pas officiellement appelé à manifester vendredi. Pour marquer l’anniversaire, ils ont lancé une initiative intitulée «Ensemble nous construisons l’Egypte», consistant en une série d’actions sociales et caritatives. Le climat est alourdi par l’annonce attendue samedi du verdict dans le procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes à l’issue d’un match de football à Port-Saïd (nord-est) en février 2012.
Les «Ultras» du club cairote d’al-Ahly, qui assurent compter la grande majorité des victimes, menacent de manifestations violentes et d’une «nouvelle révolution» s’ils n’obtiennent pas justice. Outre la crise politique, l’Egypte affronte une grave crise économique, avec l’effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.
Hosni Moubarak, 84 ans dont 30 au pouvoir, malade et condamné à la prison à perpétuité, attend quant à lui un nouveau jugement dans l’indifférence d’une grande partie de la population, pour qui il appartient déjà au passé.
(AFP)
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