En short, et débardeur, chronomètre autour du cou, la coach Harivola Razafindrainibe scrute le bassin de Plateau Caillou. Au pied du plot de...
Harivola Razafindrainibe prend les deux mains d'Estella Rabetsara dans les siennes. Elle explique à la jeune fille comment placer ses bras pour le 200 mètres dos qu'elle va nager dans quelques instants. La nageuse est concentrée, un peu stressée. "Il faut que je nage bien en série pour aller en finale et faire une médaille" souffle-t-elle. Pendant que la jeune fille se dirige vers la chambre d'appel, Mamintina Ramanantsoa termine son 200 mètres nage libre. La coach n'est pas vraiment satisfaite de la prestation. "Il nage bien, mais il a eu un problème avec sa coulée au départ" dit-elle. "C'est notre problème, nous manquons d'entraînement pour corriger tous les défauts, pour régler notre nage et comme nous manquons aussi de compétition, les choses ne sont pas simples" explique-t-elle.
Car en plus de la densité extrême dans le bassin d'entrainement, se pose le problème du manque de confrontation. "La fédération et les ligues n'organisent que trois ou quatre compétitions par an. Les clubs font que qu'ils peuvent pour mettre en place des rencontres au niveau national et parfois au niveau international, mais ce n'est pas facile" regrette Harivola Razafindrainibe. Et pour ajouter encore un peu à la difficulté, la disponibilité des nageurs n'est pas toujours évidente. Non pas qu'ils soient réticents à "avaler" les kilomètres, mais parce qu'il n'existe pas à Madagascar de temps scolaire ou universitaire aménagé pour les sportifs de haut niveau. "Je vais à au lycée de 7 heures 30 à 12 heures et de 14 heures à 17 heures 30. Ensuite je m'entraîne de 18 heures à 20 heures" relate Estella Rabetsara. Ce qui lui laisse, ainsi qu'aux autres compétiteurs du club, le temps de nager de 5 000 et 6 000 mètres tous les soirs "sauf le dimanche".
C'est quant même "très peu" estime la coach, mais tout cela n'empêche pas les performances. Estella Rabetsara est multi championne de Madagascar, elle a participé au Jeux olympiques de Londres et en 2011 elle a remporté la médaille de bronze du meeting de l'océan Indien en 50 mètres dos. "J'espère au minimum faire la même performance" dit-elle. Pour sa part, Mamintina Ramanantsoa, également multi médaillé dans la grande île, a terminé à la troisième place du 200 mètres brasses lors du meeting de 2010.
Alors lorsque l'on demande à Harivola Razafindrainibe ce qu'il faudrait pour que la natation malgache aille encore mieux, elle répond : "sans doute pas grand chose de bien compliqué. Pour la natation, comme pour tous les autres sports, d'ailleurs, il faudrait plus d'infrastructure et surtout une plus grande concertation entre les ministères des sports et de l'éducation nationale. Cela permettrait aux athlètes de haut niveaux d'être plus disponibles sans sacrifier leurs études". Estella Rabetsara est d'accord. Et pour cause. Cette année, elle redouble sa terminale. "L'année dernière les dates du bac tombaient en plein dans les Jeux des îles aux Seychelles. J'ai dû faire un choix" souligne-t-elle. Elle a choisi les Jeux "car lorsque l'on a une passion, il faut faire des sacrifices" et a fait un bon parcours aux Seychelles.
Le Managing natation participe au meeting avec 6 nageurs. Au total 6 clubs de Madagascar et 3 de Maurice ont fait le déplacement. C'est la première fois que des nageurs malgaches concourent sous la bannière de leurs propres clubs. Jusqu'à présent la Grande île était représentée par une sélection nationale.
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