La lune de miel entre François Hollande et son Premier ministre aura duré peu de temps. Aujourd'hui, il y a bien l'Elysée d'u...
Qui n'a pas entendu Jean-Marc Ayrault vanter jour pour jour avec une inébranlable conviction les qualités de François Hollande "seul capable de redresser la situation en France", pendant la campagne électorale, n'a rien entendu. Les deux hommes travaillaient la main dans la main. Toute l'équipe de celui qui était encore président du groupe socialiste de l'Assemblée œuvrait pour la victoire du candidat du PS, et lorsque Jean-Marc Ayrault a été nommé à Matignon, on s'interrogeait : un grain de sable pourrait-il un jour enrayer cette entente parfaite entre un président qui préside et le Premier ministre, chef de la majorité, qui gouverne ? Les observateurs n'ont pas tardé à obtenir la réponse. Positive. L'apprentissage du pouvoir, les institutions, et les personnalités respectives ont repris le dessus. La popularité du Premier ministre n'a duré qu'un été. Et aujourd'hui il y a bien l'Elysée d'un côté et Matignon, de l'autre. Pas en opposition, mais différents, pas toujours "raccord". Là où François Hollande, en homme de synthèse inspiré par la méthode Mitterrand, garde deux fers au feu, et s'en sert alternativement, Jean-Marc Ayrault doit agir et trancher, tout en gérant une majorité turbulente et souvent divisée. Le Premier ministre est bien redevenu celui prend les coups. L'affaire de la nationalisation temporaire de Florange continue d'en offrir une parfaite illustration.
Car il est maintenant établi que pendant que les services d'Arnaud Montebourg étudiaient très sérieusement l'option de la nationalisation temporaire, les services du Premier ministre discutaient pied à pied avec les représentants du groupe Mittal en vue d'un accord pour le maintien des emplois, sans brandir cette menace. Sèchement écarté de la gestion du dossier, Arnaud Montebourg s'était senti humilié ; il a failli démissionner, mais est resté, "maintenu à son poste par le président de la République", comme il le précise dans son interview au Monde. Et comme une arme de dissuasion est faite pour ne pas être utilisée, Arnaud Montebourg la brandit à nouveau en expliquant que "la nationalisation temporaire est une solution d'avenir" et que la question est toujours "sur la table, et durablement". Ces propos semblent venir en écho aux déclarations de François Hollande qui admet avec une désarmante franchise dans Le Point qu'Arnaud Montebourg "a utilisé l'arme de la nationalisation avec (son) accord et que "la pression a été utile". Utile pour qui ? Pour l'opinion. Mais les dernières déclarations d'Arnaud Montebourg ressemblent à un nouveau défi lancé à Jean-Marc Ayrault. On les croyait en voie de rabibochage, car il est difficile de ne pas se parler au gouvernement. Jean-Marc Ayrault avait donc organisé le déjeuner de réconciliation. Accalmie de courte durée car il y a toujours des bombes à retardement. L'interview de Montebourg et le jugement présidentiel déclarant que si c'était à refaire "Montebourg n'aurait pas fait ses déclarations hostiles à la présence de Mittal et Ayrault aurait eu un mot agréable pour son ministre", ravivent les braises et jettent à nouveau de l'huile sur le feu.
François Hollande compare certes Jean-Marc Ayrault à Pierre Mauroy et Raymond Barre, il le qualifie certes de Premier ministre "loyal, fidèle, courageux, tenace", qui agit "sans esprit de calcul" - qualité inestimable pour un Premier ministre, quand on sait qu'ils rêvent tous d'accéder à l'Elysée sitôt installé dans leur fauteuil à Matignon - mais il ne le ménage pas.
A l'inverse de son prédécesseur, François Hollande ne réunit jamais les chefs de la majorité parlementaire à l'Elysée. C'est Jean-Marc Ayrault qui doit gérer une majorité d'une rare turbulence, avec une aile gauche du PS qui ne respecte pas les consignes de vote, des ministres Verts désobéissants (dimanche dernier Cécile Duflot a manifesté en faveur du mariage pour tous), et un ministre du Redressement productif, grand pourfendeur de la mondialisation, mais véritable puissance politique, avec 18% des voix à la primaire socialiste, et qui compte un groupe informel d'une quarantaine de députés fidèles.Avec Arnaud Montebourg, un ministre, ne "ferme pas sa gueule" et ne démissionne pas.De quoi écœurer Ayrault ? Les bons connaisseurs de la majorité n'y croient pas : "Jean-Marc Ayrault sait comment est François Hollande. C'est voulu et co-accepté, il n'y a pas de chausse trappe", affirme l'un d'eux. Mais pour éviter une nouvelle crise, en constatant cette nouvelle cacophonie, Pierre Moscovici, est monté au front et s'est livré à une explication de textes dans les couloirs de l'Assemblée : "Même s'il y a à l'intérieur (du gouvernement ), des gens qui ont des fonctions différentes, des tempéraments différents, des talents différents, parfois même des sensibilités différentes, il n'y a pas deux lignes, il y a un cap, celui du président de la République... tous doivent interpréter la même partition". La même partition peut-être, mais il y en a qui chantent plus haut que d'autres.
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