Le jour de la fête d’indépendance de la Mauritanie, la FIDH et son organisation membre, l’AMDH, publient un rapport faisant état des viol...
Le jour de la fête d’indépendance de la Mauritanie, la FIDH et son
organisation membre, l’AMDH, publient un rapport faisant état des
violations des droits de l’Homme et notamment de la répression
systématique des contestations populaires qui secouent le pays depuis
2011, faisant craindre la résurgence d’un pouvoir autoritaire en
Mauritanie. Nos organisations appellent les autorités mauritaniennes à
l’organisation dans les plus brefs délais d’élections législatives
pluralistes, libres et transparentes et à garantir le respect des
libertés fondamentales pour contribuer à l’apaisement d’un contexte
politique et social extrêmement tendu.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, les
contestations de la gouvernance se font de plus en plus nombreuses.
Report des élections législatives sine die, mauvaises conditions de
travail des étudiants et travailleurs, persistance de l’esclavage et
pratiques discriminatoires dans la procédure de recensement de la
population sont autant de violations des droits humains et principes
démocratiques recensées dans ce rapport et dénoncées par la population.
Depuis plusieurs mois, la société civile mauritanienne exprime son
mécontentement face à ces multiples violations des droits de l’Homme à
travers des manifestations au slogan « Aziz dégage », régulièrement
organisées à Nouakchott et dans le reste du pays. Le pouvoir privilégie
quant à lui la répression, alors qu’il peine à instaurer un dialogue
constructif avec l’opposition.
Le rapport de la FIDH revient sur ces différentes répressions de
manifestations menées depuis 2011, notamment par les étudiants, les
syndicats, les partis politiques et les organisations de défense des
droits de l’Homme. La recrudescence de la violence en Mauritanie est
flagrante : depuis septembre 2011, trois personnes sont décédées à la
suite des interventions des forces de l’ordre et les cas d’arrestations
et détentions arbitraires et de torture se multiplient. « La
systématisation du recours à la violence et à la torture par les forces
de l’ordre, ainsi que le manque de suites judiciaires sur les cas de
violations des droits de l’Homme, instaurent un climat dangereux, dans
lequel l’impunité s’installe dans le camp du pouvoir et la défiance chez
les populations », a déclaré Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la
FIDH. « Il est primordial pour les autorités mauritaniennes de ne pas
céder à la tentation autoritaire et de favoriser le dialogue avec les
partis politiques, les syndicats et la société civile », a-t-il ajouté.
Alors que les élections législatives se font attendre depuis plus
d’un an, le processus de recensement de la population, préalable à leur
organisation, est controversé et contestable à plusieurs égards. La
lenteur du processus débuté en mai 2011, l’absence d’information quant à
ses procédés et objectifs et les pratiques discriminatoires ravivent
les tensions ethniques et renforcent le sentiment d’un déni de
citoyenneté chez des milliers de mauritaniens, mobilisés au sein du
mouvement Touche pas à ma nationalité. « Les autorités mauritaniennes
doivent garantir les mêmes conditions d’accès au recensement pour tous
les citoyens. Or, ce n’est actuellement pas le cas dans la mesure où,
aussi impensable que cela puisse paraître, les membres de certaines
ethnies subissent des interrogatoires plus détaillés que d’autres. », a
déclaré Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH.
La persistance de la pratique de l’esclavage dans le pays est
également un enjeu auquel les autorités mauritaniennes doivent faire
face. Bien qu’ayant été officiellement abolies en 1981 et érigées en
infraction pénale en 2007, les pratiques esclavagistes persistent en
toute impunité en Mauritanie. « L’adoption par le parlement de la
réforme constitutionnelle incluant l’interdiction de l’esclavage en mars
2012 est un signe de volonté politique », a déclaré Souhayr Belhassen,
présidente de la FIDH. « Toutefois, la concrétisation de cette
disposition dans la pratique est toujours attendue », a-t-elle ajouté.
La FIDH et l’AMDH appellent les autorités mauritaniennes à s’engager
résolument pour le respect des droits humains et des libertés
fondamentales dans le pays, à prendre en compte les revendications
légitimes du peuple mauritanien et à engager un véritable dialogue
social et politique afin d’apaiser les tensions actuelles.
avec l’Organisation de la Presse Africaine
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