Une messe du souvenir sous le signe de l'intimité à Rabat, quinze ans après la mort de Mobutu

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Une messe à la mémoire de l'ancien président Mobutu Sese Seko a réuni, vendredi 7 septembre, à la cathédrale de Rabat, la proche famille...

Une messe à la mémoire de l'ancien président Mobutu Sese Seko a réuni, vendredi 7 septembre, à la cathédrale de Rabat, la proche famille élargie à de fidèles amis et à d'anciens collaborateurs. Jeune Afrique y était.
Messe à la mémoire du président Mobutu Sese Seko à Rabat.Messe à la mémoire du président Mobutu Sese Seko à Rabat. © Clarisse Juompan-Yakam pour JA
Les proches de l'ancien chef d'État Mobutu Sese Seko (resté au pouvoir en République démocratique du Congo - ou Zaïre - de 1965 à 1997), ont voulu de la discrétion pour la commémoration, à Rabat (Maroc), du quinzième anniversaire de sa disparition: pas d'annonce faite aux médias, le lieu et l'heure de la manifestation communiqués à un cercle d'amis proches et aux seuls membres de la famille. Et l'interdiction formelle à toute personne autre que le photographe officiel de prendre des photos. Résultat : une cathédrale joliment décorée aux rangs clairsemés, où trônaient deux énormes portraits du défunt, mais aussi des participants profondément recueillis.
Pour Nzanga Mobutu, héritier de la famille, l'autre explication à ces rangs épars, c'est la multiplication des commémorations cette année. « Habituellement, toute la famille se retrouve à Rabat. Mais cette, fois, des messes sont organisées à Paris, Bruxelles et Kinshasa », a-t-il tenu à préciser. Soudé, passant indifféremment de l'anglais au français, le clan Mobutu cultive son jardin secret, et se fait peu disert. Par exemple, sur l'implication ou non de l'État marocain dans l'organisation de la messe. Mais, présent sur les lieux, Jeune Afrique a pu constater qu'il y avait de fidèles amis marocains. À l'instar d'Ahmed Snoussi, ancien ambassadeur du Maroc à Alger et ex-représentant permanent du Maroc aux Nations unies, en charge notamment du dossier du Sahara occidental. Conseiller éphémère (et malgré lui, affirme-t-il) de Patrice Lumumba, Ahmed Snoussi avait fait la connaissance de Mobutu qui en était le secrétaire d'État à la primature. Une solide amitié unissait les deux hommes depuis lors.

Cérémonie intime

Côté congolais, le sénateur Édouard Mokolo wa Mpombo, tout droit venu de Kinshasa, assistait à cet hommage intime. Personnage important de la deuxième République congolaise, Édouard Mokolo wa Mpombo avait été recruté par le président Mobutu à sa sortie de l'université et l'avait accompagné tout au long de sa vie, tour à tour comme conseiller, chef des services de renseignements, ambassadeur (en Côte d'Ivoire en 1976 et en France en 1980), ministre et coordonnateur du Bureau national des consultations populaires, pendant la transition démocratique.
Autre personnalité congolaise remarquée, Seti Yale, le tout-puissant conseiller à la sécurité du maréchal, rentré depuis 2011 en RDC et qui s'est vu restituer ses biens, notamment sa belle maison de Kinshasa au bord du fleuve, réquisitionnée un temps par les services de renseignements. Était également présent le général Kpama Baramoto, rentré en RDC en mars 2012, après quinze ans d'exil en Belgique. Sous le régime du président Mobutu Sese Seko, le général Kpama Baramoto, 65 ans, dirigeait la Garde civile. Avec d'autres chefs militaires de l'époque, il avait quitté le pays, la veille de l'entrée des troupes de Laurent-Désiré Kabila dans la ville de Kinshasa. Ancien ministre de la Défense (1990-1997) et conseiller spécial en matière de sécurité du président Mobutu Sese Seko, Honoré Ngbanda Nzambo, de l'Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), avait lui aussi fait le déplacement.

"L'attachement au mobutisme est palpable"

Si la communauté congolaise du Maroc ne constituait pas le gros des effectifs, elle était elle aussi bien représentée, en particulier par des étudiants. Venu tout droit de Kinshasa, le prêtre qui officiait a longuement retracé la vie et la carrière de l'illustre disparu, saluant un « grand homme d'État, qui véhiculait une idéologie forte, l'authenticité, et une doctrine, le mobutisme ». Précisant aussi que l'instabilité actuelle dans le pays est une des conséquences de sa disparition. Pendant près de deux heures, les enfants et les petits-enfants du maréchal se sont succédé pour des lectures et des chansons religieuses.

Après la messe, un cocktail a réuni les participants dans la résidence où Mobutu a fini ses jours, sise dans le très huppé quartier des ambassadeurs, à deux jets de pierre de celle de la famille Bongo Ondimba. Dans la salle de réception éclairée d'immenses lustres, Nzanga Mobutu s'est détendu. Devant le carré dressé en l'honneur de son frère Ndokula, décédé en novembre 2011, Nzanga Mobutu nous a présenté à sa mère, Bobi Ladawa, et s'est souvenu des funérailles du maréchal, où la résidence n'avait pas désempli pendant une dizaine de jours. « Chaque fois que je me déplace, quelle que soit la région, l'attachement au mobutisme est palpable », a-t-il souligné.

"Il voulait un Congo un et indivisible"

Le chef de famille a aussi déploré que certains continuent à taper sur leur père, quinze ans après. « Il a failli à certains égards : c'était un homme. En revanche, nul ne peut l'accuser de n'avoir pas rassemblé les Congolais. Il voulait un Congo un et indivisible, et c'est bien ce que réclament tous nos compatriotes, au-delà des partis. »

Et le retour de la dépouille de Mobutu au Congo ? Elle est acquise, dit Nzanga Mobutu, l'assemblée nationale l'ayant approuvée à l'unanimité. Mais pas question de permettre aux autorités de Kinshasa de faire un coup politique en la rapatriant sans réhabiliter sa mémoire. « Elle a été salie et continue de l'être de manière irrationnelle par le pouvoir actuel. En tant que fils, je suis torturé de ne pouvoir accomplir la volonté de mon père de reposer à Gbadolite. »
Quand on évoque les dissensions familiales qui freineraient ce retour, il balaie l'idée d'un revers de la main, affirmant que la famille parle d'une seule et même voix. Uni, le clan Mobutu l'est assurément.
 Source : Jeune Afrique

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