MADE IN USA, le blog de notre correspondant aux Etats-Unis Olivier O’Mahony. Les deux hommes se sont affichés ensemble hier à l’issue de la...
MADE IN USA, le blog de notre correspondant aux Etats-Unis Olivier O’Mahony. Les deux hommes se sont affichés ensemble hier à l’issue de la deuxième journée de la convention démocrate. Epilogue d’une rivalité qui remonte à 2008, quand Hillary était candidate. Pour se faire réélire, Barack a besoin de Bill. Il lui a déroulé le tapis rouge.
L’accolade fut brève mais elle a eu lieu. Barack Obama et Bill Clinton se sont tombés dans les bras à l’issue de la deuxième journée de convention démocrate. L’événement était tenu secret jusqu’au dernier moment. L’agenda officiel d’Obama ne mentionnait nulle part sa présence au Time Warner Cable Arena à Charlotte (Caroline du Nord) hier soir. Viendra-t-il ou pas? Toute la journée, les journalistes se sont posés la question.
Mais à 20h30, un photographe m’appelle : « il vient, j’ai aperçu ses gardes du corps, ils sont partout », me confie-t-il. Une demi-heure plus tard, un confrère m’envoie un texto : « tout est bouclé, je ne peux plus rentrer, que se passe-t-il? ». Il est à l’extérieur de l’enceinte et on lui interdit l’accès malgré son accréditation. 21h58 : Barack Obama quitte son hôtel situé à une demi-heure de là où se tient la convention. Mais, comme le note David Boyer, le journaliste qui le suit en pool (il suit le président et diffuse l’information aux confrères accrédités), « son entourage reste muet sur la destination. » A l’intérieur du Time Warner Cable Arena , la réception des portables diminue. Impossible de passer ou recevoir un coup de fil. Les services secrets brouillent les lignes. L’ombre de Barack Obama plane sur l’arène. Elle se rapproche… 22h09 : La nouvelle tombe. Oui, le président est en route et sera bien dans l’arène. Il va écouter Bill Clinton qui intervient en fin de soirée. Ce discours est l’événement majeur de cette deuxième journée de la convention de Charlotte. Il a lieu à un moment stratégique, traditionnellement réservé aux vice-présidents en titre. La présence de Barack Obama a une portée à la fois symbolique et politique : entre eux, la hache de guerre est enterrée.
Quand il arrive devant les sympathisants enflammés, il est accueilli par une longue standing ovation. Mais le public réalise aussi que le héros du jour est fatigué. Bill Clinton n’est plus tout à fait le même que celui qu’il était, il y a vingt ans exactement, quand il fut investi candidat à la présidence américaine à la convention de New York. Le visage est amaigri, une veine saillante zèbre sa tempe droite, et surtout, sa voix est rauque, plus aiguë que d’habitude, étouffée, parfois éraillée. Est-ce un gros coup de pompe ? Ou le trac? Très vite, le naturel reprend le dessus. Clinton-la-tchatche emballe le public – conquis, il est vrai – dès les premières phrases. « On est là pour investir un président, et j’ai quelqu’un en tête », lance-t-il devant une foule enthousiaste.
Maniant à la fois l’humour et la gravité, il rend hommage à un président qui « prefère le coopération au conflit », au point « de faire d’Hillary son Secrétaire d’Etat » malgré la rivalité passée. Il salue sa réforme d’assurance-maladie, qu’il n’avait pas réussi à mener quand il était président. Presque technique parfois, il démonte les arguments des Républicains qui affirment que Barack Obama appauvrit les classes moyennes et les seniors. Il improvise à plusieurs reprises, multiplie les digressions par rapport au texte de son discours diffusé à la presse un quart d’heure avant qu’il ne monte sur scène. Le prompteur qui défile sous ses yeux en perd son latin. On le voit s’arrêter, puis reprendre. Clinton est à la fois professoral, mordant, incisif et… trop long. Cinquante minutes ! C’est vingt de plus que Michelle Obama la veille. Vingt de trop… Barack, dans la coulisse, patiente. Peut-être ronge-t-il son frein. Est-ce la raison pour laquelle l’accolade fut si courte?
Olivier O'Mahony, à Charlotte - Parismatch.com
L’accolade fut brève mais elle a eu lieu. Barack Obama et Bill Clinton se sont tombés dans les bras à l’issue de la deuxième journée de convention démocrate. L’événement était tenu secret jusqu’au dernier moment. L’agenda officiel d’Obama ne mentionnait nulle part sa présence au Time Warner Cable Arena à Charlotte (Caroline du Nord) hier soir. Viendra-t-il ou pas? Toute la journée, les journalistes se sont posés la question.
Mais à 20h30, un photographe m’appelle : « il vient, j’ai aperçu ses gardes du corps, ils sont partout », me confie-t-il. Une demi-heure plus tard, un confrère m’envoie un texto : « tout est bouclé, je ne peux plus rentrer, que se passe-t-il? ». Il est à l’extérieur de l’enceinte et on lui interdit l’accès malgré son accréditation. 21h58 : Barack Obama quitte son hôtel situé à une demi-heure de là où se tient la convention. Mais, comme le note David Boyer, le journaliste qui le suit en pool (il suit le président et diffuse l’information aux confrères accrédités), « son entourage reste muet sur la destination. » A l’intérieur du Time Warner Cable Arena , la réception des portables diminue. Impossible de passer ou recevoir un coup de fil. Les services secrets brouillent les lignes. L’ombre de Barack Obama plane sur l’arène. Elle se rapproche… 22h09 : La nouvelle tombe. Oui, le président est en route et sera bien dans l’arène. Il va écouter Bill Clinton qui intervient en fin de soirée. Ce discours est l’événement majeur de cette deuxième journée de la convention de Charlotte. Il a lieu à un moment stratégique, traditionnellement réservé aux vice-présidents en titre. La présence de Barack Obama a une portée à la fois symbolique et politique : entre eux, la hache de guerre est enterrée.
Clinton, professoral, mordant, incisif
Flashback. En 2008, Bill rêvait de revenir à la Maison Blanche dans la position du prince consort, avec Hillary siégeant dans le Bureau Ovale. Barack n’avait pas de mot assez durs pour ce couple de « revenants », qu’il décrivait, à mots couverts, comme des bêtes politiques assoiffées de pouvoir. Question d’ambition, de vision aussi. Obama l’idéaliste n’a jamais porté dans son coeur Clinton le pragmatique. Après l’élection de 2008, les deux hommes se sont longtemps boudés. C’est Barack qui fait le premier pas. Conscient que sa réélection sera difficile en raison d’un chômage persistant et d’une économie anémique, il tend la main à son lointain prédécesseur dont la popularité flambe à plus de 60% d’opinions favorables. La réconciliation a lieu le 24 septembre 2011, sur un terrain de golf, ainsi que le raconte Ryan Lizza dans le magazine New Yorker. Elle est suivie de nombreuses conversations approfondies, dont une, de soixante-dix minutes le 10 décembre 2010 dans le Bureau Ovale, ainsi que d’échanges réguliers entre les conseillers des deux hommes. Très tôt, Bill Clinton est associé à la stratégie de campagne. « Ne mettez pas l’accent sur Romney le flip-flopper (celui qui change d’avis tout le temps), conseille-t-il, insistez plutôt sur son côté réac, ça mobilise les électeurs et les donateurs ». Exactement ce qu’il a fait hier soir lors de son discours.Quand il arrive devant les sympathisants enflammés, il est accueilli par une longue standing ovation. Mais le public réalise aussi que le héros du jour est fatigué. Bill Clinton n’est plus tout à fait le même que celui qu’il était, il y a vingt ans exactement, quand il fut investi candidat à la présidence américaine à la convention de New York. Le visage est amaigri, une veine saillante zèbre sa tempe droite, et surtout, sa voix est rauque, plus aiguë que d’habitude, étouffée, parfois éraillée. Est-ce un gros coup de pompe ? Ou le trac? Très vite, le naturel reprend le dessus. Clinton-la-tchatche emballe le public – conquis, il est vrai – dès les premières phrases. « On est là pour investir un président, et j’ai quelqu’un en tête », lance-t-il devant une foule enthousiaste.
Maniant à la fois l’humour et la gravité, il rend hommage à un président qui « prefère le coopération au conflit », au point « de faire d’Hillary son Secrétaire d’Etat » malgré la rivalité passée. Il salue sa réforme d’assurance-maladie, qu’il n’avait pas réussi à mener quand il était président. Presque technique parfois, il démonte les arguments des Républicains qui affirment que Barack Obama appauvrit les classes moyennes et les seniors. Il improvise à plusieurs reprises, multiplie les digressions par rapport au texte de son discours diffusé à la presse un quart d’heure avant qu’il ne monte sur scène. Le prompteur qui défile sous ses yeux en perd son latin. On le voit s’arrêter, puis reprendre. Clinton est à la fois professoral, mordant, incisif et… trop long. Cinquante minutes ! C’est vingt de plus que Michelle Obama la veille. Vingt de trop… Barack, dans la coulisse, patiente. Peut-être ronge-t-il son frein. Est-ce la raison pour laquelle l’accolade fut si courte?
Olivier O'Mahony, à Charlotte - Parismatch.com
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