Un haut fonctionnaire français séjourne dans l’archipel pour s’enquérir de la réalité à propos du fameux « visa Balladur ». D’emblée Alain...
Un haut fonctionnaire français séjourne dans l’archipel pour s’enquérir de la réalité à propos du fameux « visa Balladur ». D’emblée Alain Christnacht semble ne pas privilégier l’option d’une « suppression » du visa. Et ces propos sont vivement contestés par une large frange de l’opinion et des responsables comoriens, notamment Me Fahmi Said Ibrahim du parti PEC et Idriss Mohamed, président du comité Maoré. Interviews croisées accordées à La Gazette / HZK-Presse.
Fahmi Said Ibrahim (PEC) Idriss Mohamed (Comité Maoré), Photo Elpadre
Question : Paris a dépêché un haut fonctionnaire dans l’archipel pour une mission d’observation et d’étude sur les mouvements des comoriens des trois îles sœurs vers Mayotte. Quel est votre point de vue ?
Fahami Said Ibrahim : C’est une très bonne chose. Au niveau de mon parti nous croyons à la vertu du dialogue. Ce n’est qu’avec le dialogue qu’on peut trouver un compromis.
Idriss Mohamed : Nous, on pense que cette perspective de créer une zone de libre circulation entre les quatre îles qui puisse refléter la complexité de la situation, est une voie excellente et cela permettrait d’ouvrir une nouvelle période vers l’apaisement. Ce qui est extrêmement important à savoir c’est non seulement que le visa Balladur entraine des morts mais en même temps il envenime les relations entre les mahorais et les autres.
Question : Ce haut fonctionnaire ne privilégie pas la suppression du « Visa Balladur ». Qu’en pensez-vous ?
F.S.I : Je trouve regrettable qu’il vienne d’emblée évoquer son refus. Je pense qu’il eut été plus judicieux s’il avait écouté ou s’il avait pris le temps de prendre connaissance des arguments de la partie comorienne et les transmettre puisque il appartient aux décideurs français de prendre la décision et lui, émettre son point de vue. Mais venir nous opposer ce refus catégorique c’est comme s’il voulait pousser à radicaliser la position comorienne. C’est comme s’il ne veut pas avoir un interlocuteur. Alors que nous sommes convaincus que c’est dans le dialogue, c’est dans la concertation qu’on peut trouver un compromis. La démarche n’a pas été à mon avis judicieuse de sa part et je trouve ça très honnêtement regrettable.
I.M : La mission du sénat dit que le visa Balladur est criminel en quelque sorte et ils disent qu’il faut le supprimer et trouver les moyens d’ouvrir un espace de circulation entre les quatre îles. Et lui, il vient et dit que le visa Balladur doit rester et il ne doit pas être supprimé. C’est pour ça que je vous dis en fait que le sentiment général c’est celui-là. Ce monsieur a été envoyé par l’Etat consciemment ou pas consciemment, en tous cas tout semble indiquer qu’il est venu prendre le contre-pied des propositions du sénat pour que le gouvernement puisse s’expliquer aux yeux de la population française que nous n’avons pas suivi la mission du sénat parce que le conseiller a dit cela.
Question : Que proposez-vous ?
F.S.I : A mon avis, on ne peut pas bien entendu d’entrée apporter une solution à une question majeure qui a trait à l’unité d’un pays qui est le nôtre, mais il y a une autre réalité que nous devrions en tenir compte notamment la présence française dans l’île de Mayotte. Mais une vraie solution ne peut être trouvée que dans le cadre d’un dialogue sérieux entre toutes les parties. C’est à ce niveau et seulement à ce niveau qu’on peut faire des propositions, qu’on peut tenter d’apaiser les différends pour sauver la face de toutes les parties. Et surtout privilégier l’intérêt économique de la région et bien entendu l’unité territoriale. Ces préjugés d’emblée ne sont pas une si bonne chose autant pour nous et aussi pour eux, nous devrons chacun faire preuve de retenu. Ça serait une très bonne chose de discuter cordialement.
I.M : La suggestion du sénat avait semblé ouvrir une voie que ce monsieur ne sait pas comment la fermer. En fait, c’est ça qui est frappant. Que veut le gouvernement français ? On dirait qu’il veut fermer la porte ouverte par la mission du sénat. C’est ça ce qui en ressort. Ceux qui, comme Msaidie, pensent que nous allons nous entendre avec les mahorais pour pouvoir supprimer le visa, ils se trompent complètement. En fait ce visa envenime la situation et il ne sera pas possible de discuter tant que ce visa sera là. Donc la proposition des sénateurs est équilibré, intelligent et ouvre une voie d’apaisement vers une solution qui soit acceptable pour toutes les parties. Contrairement à ce type qui vient encore redire les choses et empêcher que tout pas en avant puisse être fait.
Propos recueillis par Mohamed Youssouf
La gazette des Comores
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