Manuel Valls a été très bousculé à son arrivée à Amiens, mardi 14 août. REUTERS/PASCAL ROSSIGNOL Au lendemain d'une nuit d'émeute...
Au lendemain d'une nuit d'émeutes dans le quartier nord d'Amiens, le ministère de l'intérieur annonce que cent policiers vont être envoyés en renfort cette nuit. Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, s'est rendu sur place mardi après-midi pour tenter d'apaiser la situation dans la ville. Mais son arrivée à la mairie de quartier d'Amiens-Nord a été marquée par des huées, comme le rapporte notre journaliste présent sur place :
"JE NE SUIS PAS VENU POUR METTRE EN CAUSE UNE COMMUNAUTÉ"
Après avoir été apostrophé par plusieurs riverains, le ministre de l'intérieur a estimé lors d'une conférence de presse que "rien ne peut excuser qu'on tire sur des policiers, qu'on tire sur des forces de l'ordre et qu'on brûle des équipements publics. (...) La loi, l'ordre républicain et la justice doivent retrouver toute leur place, ici, à Amiens". Les affrontements qui ont opposé une centaine de jeunes et les forces de l'ordre dans les quartiers d'Amiens-Nord ont fait seize blessés parmi les policiers et ont causé d'importants dégâts.
Manuel Valls a cependant essayé de ne pas attiser la colère des habitants du quartier, et a expliqué qu'il n'était "pas venu pour qu'on passe au Kärcher ce quartier", en référence à la célèbre tirade de Nicolas Sarkozy. "Je ne suis pas venu pour mettre en cause une communauté, des jeunes dans leur ensemble, je suis venu dire qu'ici (...) la loi et la justice doivent passer. Il ne peut pas y avoir dans notre pays une autre réponse", a conclu le ministre de l'intérieur.
LE GOUVERNEMENT RÉAGIT
Plus tôt dans la journée, François Hollande avait déjà condamné ces émeutes urbaines. En visite dans la brigade de gendarmerie de Pierrefeau-du-Var, le président de la République a promis de mettre en oeuvre"tous les moyens de l'Etat" pour lutter contre les violences, affirmant que la sécurité était une "obligation" pour les pouvoirs publics.
De son côté, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a fait part de son "soutien aux policiers et à l'ensemble des services de l'État" et a manifesté "sa solidarité aux élus et aux habitants d'Amiens". "Ces faits sont inacceptables et le gouvernement fera preuve de la plus grande fermeté à l'égard de leurs auteurs".
Le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a, lui, exprimé dans un communiqué, "sa solidarité la plus totale à la communauté éducative et aux familles des enfants scolarisés" à l'école maternelle Voltaire, qui a été incendiée.
"SCÈNE DE DÉSOLATION"
Le maire d'Amiens, Gilles Demailly (PS), évoque pour sa part une "scène de désolation", avec "partout des poubelles et des voitures brûlées", mais aussi des bâtiments publics touchés "pour la première fois", dont une école maternelle en partie incendiée et complètement saccagée et un centre sportif entièrement détruit. "Ça fait des mois que je réclamais des moyens car la tension montait dans le quartier", a fait valoirle maire.
Les réactions à droite ne se sont pas fait attendre. Tous montent au créneau. "Je souhaite instamment que le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, mette tout en oeuvre pour mettre un terme immédiat à ces violences inacceptables et intolérables sur le territoire de notre République, a indiqué dans un communiqué Eric Ciotti, député et secrétaire national de l'UMP chargé de la sécurité. Tous les moyens doivent être engagés pour que les responsables soient retrouvés et condamnés par la justice avec toute la fermeté qui s'impose."
Sur son compte Twitter, Eric Ciotti critique la politique de la ministre de la justice, Christiane Taubira :
@fhollande parle de fermeté, mais Taubira prône le laxisme Plus de tribunaux correctionnels pour les mineurs ,plus de courtes peines
Eric CIOTTI (@ECiotti) August 14, 2012"Comment peut-on accepter que, sur le territoire de la République, l'autorité de l'État soit à ce point bafouée, se demande Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République dans un communiqué. (...) Un délinquant est un délinquant et doit être traité comme tel. Pour cela il faut renforcer les effectifs de police et gendarmerie qui ont perdu 15 000 postes en 5 ans. Il faut ouvrir 20 000 places de prison dans les casernes désaffectées pour que chaque délit soit sanctionné par une peine de prison, même courte."
LAXISME JUDICIAIRE ET IMPUNITÉ
Lionnel Luca, député UMP, membre de la Droite populaire, a critiqué lui aussi ouvertement le gouvernement socialiste sur son compte Twitter :
Les affrontements d'Amiens sont la réponse au signal donné aux voyous par le gouvernement pour qui seuls les policiers sont suspects.
Lionnel Luca 2012 (@lionnelluca2012)August 14, 2012Sur France Inter, il a ajouté que "les premières semaines du nouveau gouvernement, avec ce laxisme judiciaire annoncé (...) provoquent les flambées de violence que l'on a et un déchaînement. Les délinquants ont reçu le bon signal qu'il fallait en sachant qu'ils étaient dans l'impunité (...) Les délinquants savent qu'aujourd'hui avec la gauche, on ne risque pas grand-chose et que les mesures judiciaires de la rentrée vont remettre tous les petits voyous dehors".
Bruno Beschizza, secrétaire national de l'UMP à l'emploi des forces de sécurité,"dénonce la dégradation des conditions de travail des policiers, gendarmes et policiers municipaux depuis l'arrivée de le gauche au pouvoir" et "dénonce ce climat délétère qui commence à régner en France où la contestation violente de toute interpellation semble devenir la règle. La peur a changé de camp !"
Dans un communiqué intitulé "la France doit se faire respecter", le Front national a déploré les affrontements violents, faisant immédiatement un lien avec "l'immigration massive", qui, à ses yeux, "accroît l'insécurité" dans le pays.
Trois syndicats de policiers ont appelé, eux, le gouvernement à "la fermeté", après les"comportements criminels de voyous déterminés" et les "tentatives d'assassinat par balles dont les policiers ont été victimes"à Amiens.
Source : Journal lemonde.fr
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