L'enquête sur la vaste escroquerie aux allocations familiales est terminée. Dans l'attente de son procès, le mis en cause livre sa ...
L'enquête sur la vaste escroquerie aux allocations familiales est terminée. Dans l'attente de son procès, le mis en cause livre sa vérité.
Nassif Rafion Djoumoi estime avoir bien élevé sept enfants. À la justice de trancher. Photo S. U. |
Il ne supporte pas d'être qualifié «d'escroc». Nassif Rafion Djoumoi, un habitant du quartier angoumoisin de La Grand-Font, est poursuivi pour avoir détourné, avec son épouse, 74 000 euros d'allocations (1). Il a choisi de livrer sa version de l'affaire dite de l'arnaque aux prestations familiales (lire CL de samedi).
Ce père de famille de 33 ans, originaire de l'île de Mayotte (2), marié à une Comorienne de 28 ans, doit comparaître devant le tribunal correctionnel d'Angoulême le 6 février prochain. L'enquête menée par les policiers d'Angoulême depuis des mois vient juste de s'achever. Le dossier est accablant pour les époux Rafion Djoumoi: ils ont fait croire qu'ils étaient les parents de sept enfants alors qu'ils n'en ont que quatre. Grâce à de faux documents, explicite la procédure, ils ont donc touché indûment plusieurs milliers d'euros. Le manège a duré trois ans.
Un lourd passé judiciaire
«L'histoire telle qu'elle est racontée laisse croire que nous avons perçu des allocations pour trois enfants imaginaires, veut dire Nassif Rafion Djoumoi. Nous en avons pourtant bien élevé sept pendant cette période.» Les quatre petits du couple plus les trois d'une cousine originaire des Comores, affirme-t-il. «Nous en avions la garde. La maman nous les avait confiés et la Caisse d'allocations familiales était au courant, plaide le père de famille. Nos neveux et nièce ont retrouvé leur maman dès qu'elle a pu venir en France. Ils vivent tous aujourd'hui dans le quartier de Basseau à Angoulême.»
La Caisse d'allocations familiales au courant? À la direction de la CAF de la Charente, pas question d'entrer dans les détails de ce dossier. «Nous ne pouvons pas communiquer sur une situation personnelle», répond Catherine Baril, directrice adjointe. La responsable concède simplement qu'au regard des éléments dont elle dispose «des droits ont été versés indûment» à cette famille. «Je rembourse: 150 euros chaque mois», affirme Nassif Rafion Djoumoi, documents à l'appui, en réfutant toute volonté de gruger l'institution et tout «enrichissement personnel». «L'argent que nous avons touché n'a servi qu'à nous faire vivre.»
De là à dire que l'habitant de La Grand-Font est un saint homme, il y a un pas que lui-même ne franchit pas. Il a un lourd passé judiciaire. Il a été condamné notamment pour avoir rédigé des chèques sans provision, mais aussi pour avoir trafiqué des documents officiels. «J'ai fait deux ans de prison ferme», admet-il. À l'époque, le Mahorais - île sous administration française - veut faire venir en France son épouse comorienne qui, elle, n'est pas originaire d'une île de l'archipel liée à la France. Pour contourner les procédures, il falsifie son livret de famille en ajoutant le nom de sa femme qu'il fait passer pour sa soeur. «J'ai payé pour cette erreur. J'assume mes responsabilités. Mais cette fois, ce qu'on me reproche n'est pas lié à cette histoire.»
Ce n'est pas l'avis des enquêteurs de la police qui ont longuement travaillé sur le dossier. Tous les éléments sont réunis pour qualifier le dossier «d'escroquerie», disent-ils. Le tribunal correctionnel d'Angoulême sera chargé de démêler l'écheveau dans six mois.
(1) Dans le détail, le dossier établi par la police met en avant un trop perçu de 67 000 € pour la Caisse d'allocations familiales et de 7 000 € pour le conseil général. La direction de la CAF en Charente conteste ce montant: «Le préjudice subi est estimé entre 30 000 et 34 000 €.»
(2) Mayotte est une Ile de l'Archipel des Comores administrée par la France et réclamée par l'Union des Comores.
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