Pour la troisième journée consécutive, des islamistes ont détruit des mausolées musulmans, vieux de plusieurs siècles, à Tombouctou. Ils con...
Pour la troisième journée consécutive, des islamistes ont détruit des mausolées musulmans, vieux de plusieurs siècles, à Tombouctou. Ils considèrent comme ces bâtiments comme hérétiques.
Pour le 3e jour consécutif, les islamistes salafistes qui contrôlent Tombouctou ont détruit lundi de nouveaux mausolées et tombeaux de saints musulmans considérés comme hérétiques à ces tenants d'un islam rigoriste des origines. La porte sacrée d'une mosquée du XVe siècle est notamment tombée sous leurs coups.
Des membres d'Ansar Dine, groupe islamiste armé lié à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui s'est emparé avec l'aide des rebelles touareg du MNLA du nord du Mali, ont brisé cette porte en bois de la mosquée de Sidi Yaha, censée rester close jusqu'à la fin du monde.
«La légende veut que la grande porte de la mosquée de Sidi Yaha reste fermée jusqu'au Dernier Jour», a expliqué l'imam de «la Cité aux 333 saints», Alpha Abdoulahi. «Huit hommes d'Ansar Dine ont forcé l'entrée de la mosquée avant de m'offrir en dédommagement 50'000 FCFA (environ 95 francs), ce que j'ai refusé en disant que ce qu'ils avaient fait était irréparable», a-t-il dit.
Selon un ancien guide touristique de la ville, parmi les civils qui regardaient ces membres d'Ansar Dine, certains ont pleuré. Selon des croyances locales, l'ouverture de la porte de Sidi Yaha porterait malheur.
La mosquée fait partie des trois grandes mosquées de Tombouctou avec celles de Djingareyber et Sankoré, joyaux architecturaux témoignant de l'apogée de la ville.
Elles figurent toutes les trois sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Des saints sont enterrés dans les mosquées de Djingareyber et Sidi Yahia.
Moitié des mausolées détruits
Les hommes d'Ansar Dine ont jusqu'ici détruit la moitié des 16 mausolées que totalise Tombouctou, en plus d'un certain nombre de sépultures de saints locaux.
Ils ont indiqué en fin de semaine agir de la sorte en représailles à la décision de l'UNESCO le 28 juin de classer ces monuments au Patrimoine mondial en péril. Ansar Dine, qui veut instaurer la «charia» (loi coranique) au Mali, estime que les mausolées érigés par les musulmans d'obédience soufiste relèvent d'une idolâtrie bannie par l'islam.
Condamnations
L'Association des chefs religieux du Mali a condamné «le crime de Tombouctou». «Même le prophète (Mahomet) lui-même allait visiter les tombes et les mausolées. C'est de l'intolérance», a estimé l'association dans un communiqué publié dimanche soir.
L'Organisation de coopération islamique (OCI), qui totalise 57 membres, a elle également «déploré» la destruction de mausolées qui «font partie de notre riche patrimoine islamique au Mali et qui ne doivent pas être détruits ou mis en danger par des éléments fanatiques».
A l'instar du gouvernement malien, une procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a auparavant averti dimanche que la destruction de biens religieux à Tombouctou pouvait être considérée comme «crime de guerre» passible de poursuites.
Précédents
La démolition de bâtiments religieux à Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d'autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l'Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.
Haut lieu du commerce africain en bordure du Sahara à un millier de km au nord-est de Bamako, Tombouctou a connu son apogée au XVIe siècle. La ville est alors devenue un grand centre intellectuel de l'islam rayonnant dans toute l'Afrique. (ats)
COMMENTAIRES