D'autres retranscriptions des échanges entre la police et Mohamed Merah ont été publiées dans la presse. Fier de lui, le tueur au scoote...
D'autres retranscriptions des échanges entre la police et Mohamed Merah ont été publiées dans la presse. Fier de lui, le tueur au scooter moque la police pour son manque d'efficacité.
Mohamed Merah fait son retour sur le devant de la scène depuis la divulgation, dimanche, d'échanges avec les policiers du RAID. TF1 a diffusé un sujet de 15 minutes mais assure détenir quatre heures et demie de conversations. Le quotidien «Le Monde» a publié lundi d'autres éléments non diffusés à la télévision.
Camp de vacances djihadiste
La plupart des discussions ont lieu avec le négociateur, «Hassan», un agent de la DCRI qu'il a rencontré de retour de son voyage au Pakistan quelques mois auparavant. Ses premiers voyages en Irak, en Syrie, en Algérie et en Turquie, à la recherche d'instructeurs, n'ont pas eu les effets escomptés. Ce n'est qu'en octobre 2011 qu'il aurait trouvé un instructeur au Pakistan. «Quand je suis arrivé là-bas, je n'avais pas le droit de sortir, je suis resté dans une pièce, je devais attendre. (...) J'ai gagné leur confiance», raconte-t-il aux policiers. Lorsqu'il décrit sa formation, cela ressemble à un grand camp de vacances: «Il y a des Français, des Chinois, des Tadjiks, des Afghans, des Pakistanais, des Américains, des Allemands, des Espagnols. On m'a proposé des attaques en Amérique, au Canada, (...) de faire les bombes. J'ai pas voulu. Les produits qu'il faut pour faire les bombes, c'est assez surveillé en France», explique-t-il.
«Si vous aviez été un peu plus malins»
A travers les retranscriptions des conversations, on s'aperçoit que Merah a tout fait pour ne pas attirer l'attention: il n'allait pas à la mosquée, ne portait pas les habits traditionnels, ni la barbe... «La guerre est une ruse», justifie-t-il. C'est ainsi pour «tromper l'ennemi» qu'il a adopté un style de vie «fashion», sortant en boîte de nuit et arborant une crête de punk. C'est avec une grande fierté qu'il énumère ses arrestations qui ne l'ont pas empêché de poursuivre son destin morbide: «Je me suis fait arrêter par les juifs en Israël, par les militaires irakiens à Mossoul, par les soldats algériens (...) en Afghanistan... Vous vous êtes complètement loupés.» Il moque la police, lui qui se croyait repéré après avoir envoyé des e-mails à sa mère depuis le Waziristan: «Si vous aviez été un peu plus malins, vous auriez appelé des cyberpoliciers.»
Chauffeur pour le banditisme
Dans sa description des événements, Mohammed Merah raconte avoir précipité son passage à l'acte car il se pensait filé. Le tueur au scooter a aussi expliqué qu'il avait financé ses opérations: «J'ai réussi à faire quelque chose qui m'a rapporté au moins, facile, un peu plus de 10'000 euros d'un coup.» La solution? Il était chauffeur pour le «banditisme. On me payait pour aller d'un point à un autre», raconte-t-il, tout en précisant que ces personnes n'avaient aucune idée de ses intentions. A travers ses discussions transparaît également l'image d'un homme soucieux de faire parler de ses crimes. Il demande tour à tour à son «ami» des renseignements: «Il est là, ton pote Sarko?», puis: «Y'a beaucoup de monde?» C'est aussi cette volonté de médiatisation qui l'a poussé à filmer ses crimes pensant que la vidéo serait reprise sur les antennes.
Mohamed Merah avait été jusqu'à imaginer sa fin. «Y avait deux issues qui s'offraient à moi: soit la prison avec la tête haute, soit la mort avec un grand sourire... Comme j'ai le choix, je préfère opter pour la dernière lutte.» En «homme libre». (cga)
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