Les sénateurs français, Jean-Pierre Sueur (Ps), Christian Cointat (Ump) et Félix Desplan –(apparenté Ps) de la commission des Lois du pal...
Les sénateurs français, Jean-Pierre Sueur (Ps), Christian Cointat (Ump) et Félix Desplan –(apparenté Ps) de la commission des Lois du palais de Luxembourg, en déplacement à Mayotte et à la Réunion, ont abordé dans leur rapport la question de la circulation des personnes et des biens entres les îles. Dans leurs conclusions, ils ont tiré la sonnette d’alarme : “La lutte contre l’immigration à Mayotte est coûteuse et inefficace“.
Parlant des “Comoriens“ se trouvant à Mayotte, les sénateurs révèlent que “la population immigrée clandestine, essentiellement originaire des Comores, pourrait s’élever entre 50.000 et 60.000 personnes environ. Son importance reflète les limites de la politique actuelle de reconduite à la frontière : en 10 ans, l’équivalent de la population mahoraise a été expulsé. Le coût de cette politique s’élève, chaque année, entre 50 et 70 millions d’euros.” Ils pointent également du doigt les conditions d’accueil au centre de rétention administrative de Pamandzi qualifiées de “dégradantes en raison de la surpopulation des personnes retenues et des conditions d’hébergement indignes”.
Les sénateurs préconisent “une nouvelle politique de coopération avec les Comores” ainsi que “la mise en place d’un nouveau visa qui remplacerait le “visa Balladur“ aujourd’hui en vigueur à Mayotte”. Le souci majeur des sénateurs est de faire en sorte que Mayotte ne demeure plus ce cimetière sous-marin qui engloutit ses enfants. Seront-ils entendus?
En 1995 déjà, l’année de l’établissement de ce fameux visa d’entrée à Mayotte imposé aux Comores des trois autres îles de l’archipel, Yves Salesse, sénateur français, avait rédigé un premier rapport sénatorial sur le cas de Mayotte, devenu par la suite un livre, “Mayotte, L’illusion de la France, Propositions pour une décolonisation“, paru aux éditions l’Harmattan. L’auteur y propose des pistes de réflexion qui concourent à la réintégration de Mayotte dans son giron naturel, les Comores. Il avait déjà prévu les drames des politiques mises en place et les conséquences fâcheuses de la lutte contre “l’immigration clandestine“. Il n’a pas été entendu.
Ce second rapport des sénateurs parviendra-il à faire plier une politique qui se décide au ministère français de la Défense, donc motivée par des considérations géostratégiques, plutôt qu’au Quai d’Orsay? Pour maintenir une zone de non-droit, caractérisée par la violation du droit international, des résolutions des Nations unies et des droits de l’homme, la France s’appuie sur une élite mahoraise enivrée par les délices des privilèges des postes électifs.
Combien de temps leur faudra-t-il pour se rendre compte que des milliers de leurs compatriotes meurent chaque année, assassinés par des politiques d’immigration humiliantes mises en place pour stopper la circulation des hommes et des biens au sein de l’archipel? Pour rappel, des politiciens maorais, comme Mansour Kamarddine, passent paradoxalement leurs vacances de rêves à Ndzuwani, Mwali, Ngazidja.
Les dernières tragédies des kwasa sont désormais relayées par la presse française. L’omerta imposée depuis plus de seize ans sur les morts en mer s’est brisé. En 2011, la France a expulsé 26.405 personnes de leur terre, dont 5.389 enfants, les morts en mer varient entre 12 et 16.000 personnes depuis l’instauration du visa Balladur.
A Mayotte, les associations de défense des étrangers (Cimade et Resf), appuyées par le Collectif des Indigné-es de Mayotte, dénoncent constamment cette politique, les conditions de rétention dans le centre administratif de Pamandzi, et les intimations dont sont victimes leur militants et sympathisants. Mais Mayotte est, par excellence, le lieu et le sujet de consensus de la droite et de la gauche française pour violer toutes les lois, françaises comprises.
La circulaire du ministère de l’Intérieur du 7 juillet dernier qui recommandait d’assigner les familles de sans-papiers avec enfants à résidence plutôt que de les placer en rétention ne s’applique pas à Mayotte. On compte pourtant plus de cinq mille enfants qui errent dans les rues de Mayotte, autant qui transitent dans le centre de rétention et des expulsions d’enfants, seuls, ou avec des accompagnateurs étrangers. Il est grand temps pour la France d’y mettre fin.
Ahmed Ali Amir
Alwatwan
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