Soixante douze heures après son retour de Rio de Janeiro où il a participé à la Conférence des nations Unies sur le Développement durable R...
Soixante douze heures après son retour de Rio de Janeiro où il a participé à la Conférence des nations Unies sur le Développement durable Rio+20, le Président de l'Union des Comores a répondu aux questions de la radiotélévision nationale des Comores. ORTC : Comment s'est déroulé le sommet et quel a été le sujet principal sur lequel le sommet s'est penché ? Dr IKILILOU Dhoinine : « Le sommet de Rio est un sommet consacré au développement durable de la planète et sur comment protéger la Terre. Un sommet premier Sommet s'est tenu à Rio il y a vingt ans. Les Chefs d'Etat et de Gouvernements s'étaient réunis pour discuter de l'état de santé de la planète. Tout le monde sait que la planète traverse une crise sans précédent, économique, écologique avec les changements climatiques. Le sommet de Rio de 1992, avait fixé certains principes qu'on devait étudier et mettre en pratique. Donc cette fois à Rio, on est venu voir quels en sont les résultats, 20 ans après. Beaucoup de choses avaient été prévu pour protéger l'environnement détruit par l'homme, mais surtout par les grandes entreprises multinationales et les industries, guidées par le profit. Il était décidé que les pays riches qui détiennent les grandes industries, fassent un effort pour réduire la pollution et aider aussi les pays pauvres dans l'amélioration des conditions de vie de leurs populations sans pour autant porter atteinte à l'environnement. Il y avait beaucoup de points qui autorisaient les pays pauvres et ceux qui ne sont pas encore entrés dans l'ère industrielle, de pouvoir vendre leur carbone, une façon de partager la richesse. Il y a eu un autre sommet en Afrique du Sud consacré à l'environnement et au développement de la planète. Malheureusement, tous ces sommets n'ont pas apporté des résultats. Il y a toujours eu des déclarations encourageantes certes, mais sans effets. Le sommet de Rio a permis aux participants de se concerter sur comment sauver la planète Terre et permettre à tout un chacun d'y vivre en toute sécurité. Les problèmes qui frappent les pays aujourd'hui, sont les résultats de l'irresponsabilité de l'Homme. Donc si nous, en tant qu'hommes, nous voulons continuer à vivre à long terme sur cette palnète, il est encore possible de faire les choses autrement. » ORTC : Excellence Monsieur le Président, notre pays fait partie des Petits Etats Insulaires, exposés à beaucoup de catastrophes comme celles d'il y a quelques mois, qu'avez-vous expliqué à vos pairs et qu'ont-ils compris sur les Comores ? Dr IKILILOU Dhoinine : « J'ai expliqué dans mon discours, ce que nous avons vécu en avril dernier et le monde était déjà bien au courant par l'intermédiaire des médias à qui j'adresse ici, mes sincères remerciements. Nous avons exposé tout ce qui nous est arrivé, en tant que pays insulaire exposé à toutes les catastrophes : tsunamis, élévation du niveau de la mer, réchauffement climatique. Avant d'arriver à Rio, nous avons informé les organisations internationales des difficultés que nous avons vécues, certaines organisations nous ont manifesté leur sympathie, d'autres nous ont apporté de l'aide. Nous avons profité de cette tribune internationale pour adresser à ces organisations, nos sincères remerciements pour leur aide. Elles nous ont dépêché des experts pour nous aider protéger notre pays des catastrophes de ce genre dans l'avenir. Nous leur avons bien entendu présenté les défis qui nous attendent notamment dans la construction des routes, des écoles et de toutes les infrastructures détruites. Il y a des organisations qui ont manifesté la volonté de nous apporter un appui, comme le Pnud et l'Unesco même si leur aide n'est pas encore arrivée. Je précise cependant que ce n'est pas le Gouvernement comorien qui gère l'aide apportée par le Pnud. C'est le PNUD lui-même qui décide sur quel domaine l'aide doit aller compte tenu des rapports fournis par leurs agents présents à Moroni, notamment l'UNFPA, l'UNICEF, l'OMS. Il n'y avait pas meilleure tribune pour nous Petits Etats Insulaires pour expliquer les catastrophes qui nous menacent car, ce qui nous est arrivé est du aux changements climatiques, d'autant plus que les pluies diluviennes qui se sont déversées sur notre pays, n'étaient pas des pluies saisonnières. Nous avons démontré que ces catastrophes sont les conséquences de l'industrialisation sauvage de part le monde, qui sont à l'origine du changement brusque du climat suite au déversement des gaz de toutes sortes dans l'atmosphère, ce qui déséquilibre la couche d'ozone. Ainsi, les petits pays comme le nôtre, sont les premiers à subir les conséquences de ce brusque changement, en plus de l'élévation rapide du niveau de la mer. Notre pays ne se trouve pas heureusement au dessous du niveau de la mer, mais cela ne doit pas nous empêcher de faire des efforts d'autant, nous assistons à vue d'œil, à l'érosion et à l'élévation du niveau de la mer qui diminuent nos côtes comme peau de chagrin. Nous avons expliqué aussi tous ces problèmes en plénière. » ORTC : Excellence Monsieur le Président, quelles sont les décisions prises lors de ce sommet de Rio ? Dr IKILILOU Dhoinine : « Il n y a pas eu des décisions claires. Par contre, il y a eu des constats sur ce qui a pu se passer durant les vingt dernières années, notamment l'accélération du réchauffement climatique même si certains spécialistes prétendent le contraire. Ce qui est certain, c'est que d'ici 2050, nous pourrions nous attendre à plus de détérioration de notre santé suite à la destruction de la nature. Déjà, plusieurs espèces ne pouvant pas résister à l'élévation des températures, tous les jours disparaissent des lacs, des terres, des forêts, des airs de part le monde, sans que rien ne puisse se faire pour les protéger. Et nous les humains, sommes directement concernés du moment que notre survie est intimement liée à celle des autres espèces sans lesquelles, la nôtre ne serait pas possible. La disparition de certains animaux serait fatale pour nous les humains d'autant plus que nous les utilisons pour nous nourrir. Il y a aussi ceux qui contribuent au règlement de la nature elle-même, la diminution de ces animaux nous oblige à conjuguer nos efforts pour sauver la biodiversité. Nous avons tous convenu qu'il y a une surexploitation de la terre pour notre nourriture, pour la recherche des richesses du sous-sol, pour l'exploitation des océans, et cela crée un déséquilibre de la nature. Il y a certains pays qui sont disposés à contribuer à la sauvegarde de la nature, pas beaucoup certes, mais cela est prometteur. Nous nous sommes rendus à Rio pour sauver et défendre le PNUE qui ne dispose pas des moyens financiers suffisants pour mener à bien sa politique, et nous avons souhaité à ce qu'elle dépende directement des Nations Unie et puisse bénéficier de toute l'attention de la terre toute entière. Cela bénéficiera notamment au continent africain, le plus en retard sur le domaine industriel bien qu'il soit celui qui recèle le plus des ressources du sous-sol. Ces ressources qui sont transformées dans les pays occidentaux, sont souvent exploitées dans le désordre au mépris des règles de sécurités pour les populations mais aussi pour l'environnement lui-même. C'est pourquoi nous avons demandé une attention particulière pour le continent africain, et certains pays ont d'ailleurs manifesté leur volonté de nous aider, parmi eux, la République Française qui par la voix du Président François Hollande, souscrit entièrement à cette démarche. Donc, parmi les pays qui ont accepté d'octroyer les fonds, il y a la République Populaire de Chine et l'Italie. Ce qui nous fait penser que si les engagements pris lors de ce sommet étaient tenus, nous pourrons protéger l'environnement et assurer le développement durable de la planète. » ORTC : Excellence Monsieur le Président, les rencontres de ce genre offrent l'occasion aux Chefs d'Etat de rencontrer leurs homologues. En a-t-il été le cas pour vous, si oui, de quoi avez-vous discuté avec eux ? Dr IKILILOU Dhoinine : « J'ai rencontré certains Chefs d'Etats et de Gouvernements de certains pays et discuté avec eux de la coopération bilatérale, singulièrement la coopération sud-sud. J'ai rencontré le Président de la République Française, même si nous n'avions pas pu passer beaucoup de temps puisqu'il devait quitter Rio le même jour. J'ai aussi saisi l'opportunité pour le féliciter après son éclatante élection à la tête de la République Française et lui ai réitéré notre disponibilité à discuter avec lui. J'ai aussi rencontré le Président du Sri-Lanka, un pays qui est présent aux Comores par l'intermédiaire d'une entreprise sri-lankaise pour que les Comores bénéficient du savoir-faire de ce pays. Il a demandé à mande une délégation pour aller voir ce qui se fait et discuter avec les responsables pour encourager la coopération sud-sud. J'ai ensuite rencontré le Président des îles Maldives qui se trouvent dans l'océan indien, donc non loin de nous. Il nous a fait part des difficultés auxquelles son pays est confronté du fait non seulement de la petitesse de leur pays, mais aussi du fait que leur pays se trouve au dessous du niveau de la mer. Vous mesurez les risques liées à l'élévation rapide du niveau de la mer. Nous avons discuté avec lui de la lutte que nous pourrions mener en commun, contre toutes ces menaces. Nous avons parlé de globalité, il reste maintenant aux Ministères des Affaires étrangères des deux pays de voir ce qu'il faut faire. Les Maldives sont en avance sur le tourisme et la pêche, et ce sont des secteurs sur lesquels nous misons beaucoup pour le développement de notre pays. Elles ont manifesté leur disponibilité à envoyer des techniciens à Moroni pour déterminer avec leurs homologues comoriens, les domaines dans lesquels il faut intervenir. Ils m'ont assuré que les fonds sont disponibles, qu'ils investissent actuellement aux Seychelles, et que ça ne leur pose aucun problème qu'ils viennent investir aux Comores. » ORTC : Un accord de coopération a été signé entre les Ministres des Affaires Etrangères de la République Sud-Africaine et de l'Union des Comores. Quels sont les domaines concernés par cet accord ? Dr IKILILOU Dhoinine : « Depuis mon investiture, nous avons accueilli un nouvel ambassadeur sud-africain, un ambassadeur travailleur, soucieux du développement de notre pays. Nous discutons souvent avec lui, et il nous a toujours encouragé à signer un accord avec l'Afrique du Sud, son pays, pour lui permettre de travailler sur la base d'un document officiel. Cela revient à vous dire que la signature de cet accord est l'aboutissement des pourparlers entamés il y a longtemps. L'accord a été approuvé par nos deux pays, et il fallait que notre Ministre se rende auparavant à Pretoria le signer, mais cela n'a pas été possible. Nous avons rencontré l'Ambassadeur et avons convenu de signer l'accord de coopération à Rio, du moment que les deux Ministres s'y trouvaient. C'est un accord de coopération général, il reste maintenant à voir ce qui nous intéressera dans cet accord, que ce soit l'éducation, la santé, l'agriculture ou l'industrie. Il suffit de nous entendre pour pouvoir signer d'autres accords qui permettront à chaque pays d'en tirer profit ; ce que nous voudrons, n'est pas nécessairement ce qui les intéressera. L'accord englobe tous les secteurs et il revient aux Ministères concerné de signer des accords partiels avec l'Ambassadeur. La République Sud Africaine fait partie des pays africains avec qui nous devons avoir des relations diplomatiques. Ce pays est en avance dans presque tous les domaines et nous qui voudrions bénéficier de leur savoir-faire. Nous ne pourrons en aucune façon l'ignorer. Nous nous rappelons qu'au temps du Président Sambi, nous avons signé un accord qui a abouti à l'achat des machines qui préparent les briques. L'Afrique du Sud a envoyé des formateurs sur place ici et nous avions dépêché des gens pour apprendre dans ce pays. Des accords de ce genre permettent aux pays de s'entraider. » ORTC : Excellence, de retour de Rio, vous vous êtes arrêté en France. Etait-ce programmé et de quoi vous avez discuté avec les Comoriens de France ? Dr IKILILOU Dhoinine : « Nous n'avions pas un programme préconçu pour la France mais nous ne pourrions tout de même pas passer en France sans rencontrer les compatriotes résidants dans ce pays et sans chercher à savoir comment fonctionne notre Ambassade. Nous avons rencontré certains comoriens pour leur présenter nos remerciements pour l'accueil qu'ils nous ont réservés à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, où ils étaient venus nombreux, et le temps qu'ils ont pris pour discuter avec nous. Avec eux, nous avons beaucoup discuté de ce qui se passe aux Comores, et ils ont réitéré leur disponibilité à aider notre pays. Pour notre part, nous leur avons enjoint de rester unis pour prouver l'unicité du pays et non se fragmenter en plusieurs groupes car au niveau de l'Administration française, on s'inquiète du fait que plusieurs groupes se prétendent représenter séparément les Comoriens, ce qui en réalité n'est pas bon. Il y a aussi beaucoup de malentendus entre eux-mêmes. Nous avons saisi l'occasion pour les appeler à plus d'unité, à plus de cohésion et de solidarité afin que le pays puisse sortir grandi. Nous leur avons expliqué ce que nous faisons ici et ce que nous pensons faire aussi. Nous nous sommes aussi entretenus avec les fonctionnaires de notre Ambassade de Paris, la plus grande par ce que c'est la où nous possèdons un bâtiment et c'est aussi en France où nous avons la plus grande communauté comorienne à l'étranger. Nous avons tout compris leurs attentes et nous allons voir comment les assister pour qu'ils puissent remplir leurs responsabilités convenablement d'autant qu'ils représentent les Comores dans ce pays. Si ce qu'ils font n'est pas conforme à la pratique diplomatique internationale, il nous sera difficile de travailler avec eux. Ils doivent prospecter au niveau des organisations internationales, défendre les intérêts des Comores pour permettre au pays d'amorcer son décollage économique. » ORTC : Excellence, votre souci premier est de voir l'Administration fonctionner normalement. Quelle est en réalité l'état de lieu de l'Ambassade des Comores à Paris ? Dr IKILILOU Dhoinine : « L'état de l'Ambassade est à réactiver. L'administration dans cette Ambassade n'est pas différente de celle que nous connaissons ici. Je le dis souvent, nous avons un long chemin à faire pour activer l'administration comorienne car nous avons passé environ dix ans de discorde, dix ans marqués par le séparatisme, dix ans qui ont bouleversé la méthode de travail dans le pays. Nous avons voulu sensibiliser et répéter que jamais nous ne voudrions revivre cette période noire. Nous avons une diplomatie qui doit être offensive et prendre toujours les devants. L'Ambassade connait beaucoup de problèmes et tout le monde le sait, mais nous ne pourrions rien entreprendre sans nous entretenir avec eux au préalable et leur dire ce que nous pensons ». Beit salam |
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