“Personne n’ignore les dommages causés à notre cher pays par les années sombres du séparatisme. Et c’est dans l’espoir de gommer ces mauv...
“Personne n’ignore les dommages causés à notre cher pays par les années sombres du séparatisme. Et c’est dans l’espoir de gommer ces mauvais souvenirs que je m’emploie aujourd’hui, solennellement, à demander pardon à la Nation, au nom des Anjouanais que je représente“, a déclaré, jeudi dernier à Daru Nadjah devant quelques trois cents personnes, le gouverneur de l’île d’Anjouan, Anissi Chamsidine.
Le mea-culpa a beaucoup ému et a déclenché une salve d’applaudissements dans la salle. La déclaration, audacieuse, a été faite en marge de la cérémonie de restitution publique des résultats issus du récent voyage du gouverneur en France. Elle a été précédée d’une brève digression au sujet des rapports entre pouvoir central et insulaire, et entre populations des îles de l’archipel. S’agissant des relations entre autorité centrale et insulaire, le chef de l’exécutif anjouanais venait de dénoncer l’attitude parfois trop discrétionnaire du pouvoir fédéral.
“Nous souhaitons que, lorsque le gouvernement central s’apprête à réaliser de grands projets à Ndzuwani, que nous y soyons associés“. Ici, le gouverneur voulait précisément parler des travaux de Colas à Anjouan. “Nous sommes contents du projet de réfection des routes par Colas, mais celui-ci ne se déroule pas comme nous l’aurions souhaité. La compagnie Colas nous vole notre bitume! Et pourtant, avec la manne d’argent qu’elle a reçu sur ce marché, elle devait être suffisamment équipée! Mais lorsque nous demandons même à voir le cahier de charge qu’on lui a soumis sur ce projet, ça n’est pas possible !”
A propos des relations sociales entre les populations des îles et du degré de patriotisme imputable à chacune d’elles, Anissi pense ceci : “Les Anjouanais sont présents dans tout l’archipel. Et partout où ils élisent domicile, que ce soit à Ngazidja, à Mwali ou à Maore, ils se sentent chez eux. Ils y travaillent dur, y prennent femme et y construisent leur vie. Ce sont les vrais patriotes de ce pays. Nous souhaiterions que nos frères des autres îles en fassent autant à Ndzuwani.”
Anissi n’est donc pas arrivé par hasard à étaler ainsi sa pensée sur un sujet aussi tabou que celui relatif au vivre-ensemble entre Comoriens des différentes îles. Selon sa proche collaboration, le gouverneur “voulait en effet surtout en arriver à parler du séparatisme et de son image indélébile qui colle à la peau des Anjouanais. Accusations qui n’épargnent pas sa propre personne, et cela lorsqu’il en vient à revendiquer de façon ouverte le respect de l’autonomie dévolue aux îles”. C’est donc, par exemple le cas, en l’occurrence pour l’affaire du bitume “volé” par Colas.
Il semble précisément que “la part d’Anjouan” dudit bitume, stocké depuis 2008 à Patsy, ait été en partie vendue “au rabais” par l’Etat (200.000 francs la tonne) à la compagnie française.
Sardou Moussa : alwatwan.net
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