L'homme fort de la Russie serait réélu dès le premier tour selon des résultats provisoires. L'opposition crie à la fraude. Vladimi...
L'homme fort de la Russie serait réélu dès le premier tour selon des résultats provisoires. L'opposition crie à la fraude.
Vladimir Poutine redevient président après avoir dû céder sa place à Dmitri Medvedev. © Alexey Nikolsky / EPA/MaxPPP |
Vladimir Poutine, Premier ministre et homme fort du pays, a remporté au premier tour la présidentielle russe dimanche, selon de premiers résultats publiés après la clôture du vote.
Vladimir Poutine est élu avec 61,97 % des suffrages, le communiste Guennadi Ziouganov obtiendrait 17,7 %, le populiste Vladimir Jirinovski 7,8 %, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov 7,6 %, le centriste Sergueï Mironov 3,6 %, selon les résultats préliminaires officiels publiés après dépouillement de 14 % des bureaux. Ces résultats ont été annoncés après la clôture du vote dans le dernier fuseau horaire du pays, à 20 heures locales à Kaliningrad (ouest), soit 18 heures en France.
Victoire au premier tour "évidente" (entourage de Poutine)
"Cette victoire au premier tour était évidente", a déclaré le chef de campagne de Vladimir Poutine, Sergueï Govoroukhine. "Il n'y aura pas de deuxième tour", a-t-il ajouté, cité par Interfax. Président de 2000 à 2008 (deux mandats de quatre ans), puis chef du gouvernement faute d'avoir pu enchaîner un troisième mandat consécutif interdit par la Constitution, Vladimir Poutine, resté l'homme fort du pays malgré la baisse nette de sa popularité, va entamer un nouveau mandat, cette fois porté à 6 ans.
Le candidat communiste, Guennadi Ziouganov, a dénoncé dimanche un scrutin "de voleurs, absolument malhonnête", tandis que l'opposant libéral Vladimir Rijkov a jugé le vote illégitime.
Fête de victoire
La participation s'est élevée à plus de 58 % à 14 heures, selon les chiffres préliminaires de la commission électorale. L'ex-agent du KGB pourrait faire une apparition lors d'un grand meeting dimanche soir place du Manège, à côté du Kremlin, où 20 000 de ses partisans sont attendus pour fêter sa victoire.
Une scène avec des écrans géants et des haut-parleurs dignes d'un concert de rock ont été montés dans la journée sur cette place qui jouxte la place Rouge. De très importantes forces de police ont été mobilisées dans le centre de la capitale dimanche soir pour dissuader toute velléité de contestation, donnant par endroits à la ville des allures de camp retranché.
Forces de l'ordre massivement mobilisées
Quelque 36 500 hommes, dont des soldats des forces armées du ministère de l'Intérieur, ont été mobilisés dans la ville, ont indiqué les autorités. Des dizaines de camions des forces de l'ordre étaient visibles dans le centre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La raison de cette mobilisation est "d'assurer pleinement le maintien de l'ordre et la sécurité des citoyens", a souligné un porte-parole de la police de Moscou. Aucun groupe d'opposition n'a appelé officiellement à manifester dimanche soir.
L'opposition a appelé à un grand rassemblement place Pouchkine, dans le centre-ville lundi soir, qui devrait faire de cette journée une étape cruciale pour l'avenir du mouvement de contestation. Une coalition de libéraux, nationalistes et de personnalités de la culture et des médias a mobilisé ces trois derniers mois des dizaines de milliers de personnes lors de manifestations dans la capitale, et des milliers dans les autres villes du pays avec pour slogan "La Russie sans Poutine".
Fraudes
Lors du scrutin dimanche, les représentants de certains candidats, des opposants, les organisations d'observation électorale comme l'association Golos et la Ligue des électeurs ainsi que des médias indépendants ont affirmé avoir recensé quantité de fraudes.
Le site control2012.ru, mis en place pour comptabiliser les infractions constatées par la Ligue des électeurs, le parti démocrate Iabloko et les partisans du candidat milliardaire Mikhaïl Prokhorov, avait comptabilisé vers 17 h 30 (à Paris) plus de 4 500 cas de violation de la législation électorale.
Ce site recensait notamment 327 cas de "transport massif d'électeurs" pour qu'ils votent en groupe (soit un soupçon de vote répété dans différents bureaux grâce à des autorisations frauduleuses) et 103 cas de bourrage d'urnes.
Un journaliste de l'AFP a vu sur une place centrale de Moscou plus d'une centaine de bus ayant conduit à Moscou des milliers de jeunes depuis d'autres régions. Ces personnes n'ont pas voulu dire qui avait organisé leur déplacement, mais ont confié être venues spécialement pour voter pour Vladimir Poutine. La loi électorale permet à une personne de voter dans un autre bureau que le sien, une règle qui, selon l'opposition, facilite les fraudes.
Le chef de la commission électorale de Moscou, Valentin Gorbounov, a rejeté ces accusations, estimant que ceux qui les formulent ont été probablement payés, reprenant le discours du pouvoir qui juge que l'opposition est à la solde de l'Occident. "Tout ça, c'est du domaine du bavardage. J'ai l'impression qu'ils ont été payés", a-t-il dit, selon Interfax.
180 000 webcams
Le pouvoir avait assuré que le scrutin serait libre et démocratique, alors que les falsifications dénoncées par l'opposition et des observateurs indépendants en décembre lors des législatives ont déclenché une vague de contestation sans précédent depuis 2000.
Vladimir Poutine avait affirmé régler le problème en ordonnant l'installation de 180 000 webcams - deux par bureau de vote - pour que chacun puisse suivre le déroulement de l'élection en direct sur Internet. Le système fonctionnait mal dimanche, selon les observations faites par l'AFP, la retransmission des images était souvent interrompue pour des raisons apparemment techniques et/ou l'emplacement des caméras ne permettant pas de contrôler toutes les urnes. L'efficacité d'une telle initiative avait du reste été mise en doute par la mission d'observation électorale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui doit donner ses conclusions sur le scrutin lundi.
avec lepoint.fr
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