Etudiants comoriens à Madagascar : le visa “impossible”
De plus en plus d'étudiants comoriens à Madagascar font part des difficultés rencontrées pour renouveler leur visa de séjour à Madagascar. De l'université en passant par la préfecture de police, la justice, la mairie, la banque, l'ambassade des Comores, c'est à un "marathon à perdre haleine" que doivent se livrer les étudiants pour rassembler à temps, tous les documents exigés par le ministère de l'Intérieur malgache. "Chaque année, c'est plus compliqué.
Il faut réunir une vingtaine de dossiers et ça peut prendre énormément de temps", confie Abou Ismaël, étudiant en architecture. Des papiers demandés, c'est le certificat d'hébergement qui semble poser le plus grand problème. Kaïd Ali Mohamed, étudiant en droit, constate que les propriétaires malgaches acceptent difficilement d'héberger des étudiants comoriens "parce qu'il leur est demandé trop de garanties".
En effet l'hébergeant, en plus d'être salarié, doit présenter sa fiche de paie et signer une prise en charge pour l'étudiant en plus de celle signée par les parents de l'étudiant comorien. A ce propos, le consul de Madagascar auprès des Comores, Andrianaivo Rafanomezantsoa, explique que "normalement" pour bénéficier d'un visa long séjour, il faut avoir au préalable une famille d'accueil qui accepte de vous héberger.
"Mais nous faisons des assouplissements pour faire en sorte que les étudiants comoriens puissent être hébergés par les propriétaires". Le diplomate malgache précise, en outre, qu'il n'y a pas eu de modification de la loi sur l'immigration. "Nous sommes passés d'un gouvernement de transition à un gouvernement d'union nationale, les fonctionnaires qui sont en place actuellement ne font qu'appliquer une loi qui existe depuis 2001", dit-il.
D'autre part, l'interrogation de la police migratoire – qui vient d'être instaurée – est perçue, par plusieurs étudiants comme une humiliation. Un étudiant autre se dit choqué, notamment, du quota de bonnes réponses qu'il faut atteindre sous peine d'être conduit au commissariat de police. Face à ses difficultés, le consul Andrianaivo Rafanomezantsoa estime qu'il revient aux autorités comoriennes d'entamer, par le biais de leur conseiller culturel, le dialogue avec les autorités malgaches pour régler un certain nombre de questions.
"Je crois que voter une loi pour un visa gratuit reviendrait à limiter le nombre d'entrée", soutient-il. L'ambassade des Comores à Antananarivo est régulièrement pointée du doigt par les ressortissants comoriens pour son incapacité à apporter la moindre solution. Les Comoriens de la grande Ile ont, en mémoire ce qui s'est passé en 2007 lorsque deux mille étudiants comoriens, en situations irrégulières, étaient menacés d'expulsion. "Ils sont là pour faire du tourisme et se désintéressent complètement du sort des étudiants", confie un ancien étudiant de l'université de Toamasina, sur la côte orientale de l'île.
Rappelons que Madagascar reste le premier pays d'accueil pour les étudiants comoriens, avec 920 visas étudiants octroyés pour la seule année 2011. La Grande-île qui a, jusqu'aujourd'hui, aidé à former un grand nombre d'élites comoriens, est un partenaire dont les Comores ont intérêt à sceller davantage les relations.
Toyb Ahmed