Le patron du groupe Comoro gulf holding (Cgh), Bashar Kiwan, vient de décider une "restructuration économique" de Dar Albalad Com...
Le patron du groupe Comoro gulf holding (Cgh), Bashar Kiwan, vient de décider une "restructuration économique" de Dar Albalad Comores. Après les récents licenciements à Itsandra beach hotel, Cgh en vient, désormais, à ses structures de communication. Vingt-huit employés ont reçu, le 20 février, une notification de licenciement signée par le directeur général. Ce personnel, qui travaillait jusqu'alors à la rédaction, à la radio ou dans les services généraux, devra abandonner leurs postes le mercredi 29 février prochain.
Une des lettres envoyées parle de "cesser les activités du département rédactionnel de la section arabe de Dar Albalad Comores". "Je pense que la décision de supprimer le service arabe aura des effets négatifs à l'image de la maison. Le journal avait la particularité d'éditer en deux langues. Il y aura des lecteurs en moins, les arabisants…", soutient un futur ex-journaliste de la rédaction arabe.
En plus de cela, les leaders du journal et de la radio n'auront plus leurs places à Dar Albalad. Ali Moindjié, Mohamed Hassani et Abdalalh Saïd, respectivement directeur de la publication, directeur de la radio et chef du département arabe, sont aussi touchés par les effets de restructuration économique annoncée. Ils ne leur sont reprochés aucune faute ni erreur mais plutôt des "reconnaissance et sincères remerciements du travail… accompli". Alors que la rédaction qualifie la situation de "handicap", certains préfèrent dédramatiser. Ils prennent acte et acceptent de partir.
"J'ai passé trois ans et six mois à la tête d'une rédaction que j'ai créée moi-même. Je suis fier que le journal ait atteint un niveau de lectorat, le plus lu au niveau de l'Union des Comores et de la diaspora", affirme Ali Moindjié, le bientôt ex-directeur de la publication. "En tant que rédacteur en chef, je suis sans regret. Je pars avec le sentiment du devoir accompli… Je vais pouvoir faire autre chose", devait-il conclure.
Selon Mohamed Hassani, "cette décision s'explique par des raisons économiques! C'est la troisième fois qu'il y a des licenciements économiques et la direction s'est attaquée aux gros salaires pour palier aux problèmes de trésorerie". Même si les futurs ex-leaders ne s'attaquent pas à cette décision tombée brusquement le 20 février, la rédaction vie dans la désolation. "C'est compliqué, mais nous n'avons pas de choix. C'est difficile surtout que ce sont nos chefs", y entend-t-on.
"Franchement, depuis que cette décision est tombée, je n'arrive pas à travailler comme avant". La question du préavis constitue un autre problème. "J'ai été étonné par la rapidité de la décision. Le préavis a été immédiat alors que ça devait prendre des mois. Nous avons bâti ensemble Albalad en 2008. Nous sommes parmi les personnes qui devaient participer à toute décision importante concernant le journal mais des personnes à se lever le matin et se retrouver dehors", dénonce Zainoudine Abdou.
L'ancien directeur de la publication considère, lui aussi, que les délais n'ont pas été respectés, "mais, se console-t-il, ils disent qu'ils vont me payer deux mois de préavis", même s'il va se "renseigner sur les procédures auprès de l'inspection du travail". Il aurait souhaité que les leaders du journal soient impliqués dans la réflexion sur cette restructuration mais "ce sont des décisions qui ont été prises sans notre concertation et qui ont créé des frustrations".
Des collègues ont alors approché le personnel qui vient d'être remercié par Cgh pour savoir la position à tenir. Le groupe de Bashar Kiwan est en plein dégraissage. Albalad n'était pas encore arrivé à un équilibre financier à Moroni, mais dépendait toujours de ces partenaires arabes qui, selon des sources internes, sont en difficulté depuis le déclanchement des révolutions arabes, il y a un an. Par ailleurs, selon plusieurs sources, le gouvernement comorien n'aurait pas été informé de cette restructuration qui touche vingt-huit personnes. Pour sa part, Ali Moindjié écrira la semaine prochaine un dernier "Au revoir" aux lecteurs du journal qu'il a eu à diriger depuis sa création en 2008. "C'est la moindre des choses".
Le 1er mars 2012, le journal Albalad travaillera selon un nouvel organigramme et sans service arabe, alors que la radio ne pourra plus compter sur Mohamed Hassani. Le canard va perdre sa tête et ses plumes, tout comme d'autres avant lui, à l'image du "Matin des Comores" ou "Kashkazi", qui ont tout simplement rendu l'âme. C'est la liberté de la presse qui en prend un coup.
Irchad O. Djoubeire : alwatwan
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