28/12/2011 - Comme chaque fin d'année, arrive l'heure du bilan. On peut déjà entendre que "2011 a été meilleure que l'ann...
28/12/2011 -
Comme chaque fin d'année, arrive l'heure du bilan. On peut déjà entendre que "2011 a été meilleure que l'année 2010". Pour cette cuvée 2011 nous avons eu droit à beaucoup de projets concrétisés. Des surprises, des succès mais aussi des déceptions ont rythmé l'année du Rap français.
Un constat s'impose quand on évoque le rap français en ce changement d'année, et il est le même que les années précédentes : le genre se porte mieux que ne le pensent les grands médias, mais il a toujours autant de difficultés à percer le plafond de verre du silence médiatique. Sauf, bien sûr et hélas, en cas de polémique, comme on l'a vu avec l'affaire Sale Pute (Orelsan) ou plus récemment avec les propos homophobes de Sexion d'assaut.
Parlons plutôt musique : la même Sexion d'Assaut a confirmé le succès impressionnant de L'École des points vitaux avec En attendant l'apogée : Les Chroniques Du 75, un album de transition incluant le single Paris va bien qui a prouvé que ce collectif parisien ne serait pas le groupe d'un seul succès.
Rayon succès, Soprano a confirmé son charisme avec la triomphale tournée qui a suivi la sortie de La Colombe et le Corbeau, un diptyque entre émotion et rage. Plus cru, mais tout aussi populaire, Booba a enchainé Lunatic, son disque d'or sorti fin 2010, avec sa mixtape sur CD Autopsie Volume 4, et a blindé Bercy entre les deux opus. Du lourd.
Malgré des ventes honorables, La Cuenta de Rohff a moins impressionné que ses précédents disques, et a amené le rappeur originaire des Comores à quitter la major EMI pour tenter l'aventure de l'indépendance. La suite, on l'imagine, en 2012. 113 a eu beau inviter Benjamin Biollay et donner des gages en matière d'innovation, Universel n'a pas été à la hauteur des espérances du trio. L'album solo de MokobéAfrica Forever a sauvé la mise, avec ses singles cartonneursOulala et Taxiphone (featuring Soprano, encore lui), prouvant que la musique africaine était soluble dans la rapologie.
On savait depuis longtemps que les bad boys avaient aussi une âme, mais La Fouine nous l'a confirmé avec La Fouine Vs Laouni, un double album qui a fait le grand écart entre lyrics crus (mais alors très, très crus) et chansons en mode introspection, une ambivalence saluée par un démarrage au numéro 1 du Top Albums et un disque de platine. Même résultat pour Mister You qui a fait son trou en 2011 avecDans ma grotte, où l'on trouve le single Je regarde en l'Air,et sur le volume 4 de la compilation désormais traditionnelle, Raï N'B Fever, avec le hit Zahwani, featuring Lacrim et Zahouani en bonus. La jeunesse des banlieues a ses nouveaux héros, même s'ils restent invisibles sur la majorité des médias de masse.
Les anciens du mouvement ont répondu présent : Joey Starr n'a pas déçu avec Egomaniac, second solo du quarantenaire qui fonda NTM voilà plus de deux décennies et qui nous livre le fond de son âme avec le superbeMamy…, reprise du Mamy Blue de la chanteuse Nicoletta, qui envoie les ogives au refrain.
Dans l'indifférence générale, MC Jean Gab'1 a sorti le pourtant très puissantSeul… J't'emmerde, un album où il réarrange à sa sauce hardcore La Marseillaise. En indé, Soulkast a produit Honoris Causa, où il invite notamment le légendaire producteur américain DJ Premier mais aussiKéry James et IAM.
Stupéflip a stupéfié ses fans avec le virage réussi de The Hypnoflip Invasion, un disque entre Mylène Farmer(enfin, une chanson lui est dédiée, n'exagérons rien) et Bérurier Noir, le tout avec une bonne dose de hip-hop beats et un passage trop court dans un Bataclan parisien bondé de disciples. Toujours indé, mais plus politisé, La Canaille a frappé fort avec Par temps de rage, un CD hargneux à l'esprit rock et aux messages clairs. Pas de gaudriole, mais de l'urgence et des propos solides.
Horizons 2012
Tout aussi militante, la marseillaise Keny Arkana a proposéL'Esquisse 2, un projet de transition pour patienter en attendant son "vrai" second album, Tout tourne autour du soleil, qui devrait être le coup de tonnerre de la rentrée 2012.
Sniper a réussi à amorcer l'après Blacko en duo (Tunisiano et Aketo) avec À toute épreuve tandis que Sefyu a rattrapé le temps perdu avec son double CD Oui, Je le suis. 1995 (dites "Un Neuf Neuf Cinq") a amorcé une piste pour 2012 avec La Source, EP indé qui va être suivi par un vrai album, à paraître chez Polydor, chez qui ces jeunes rookies ont signé. Sir Samuel a définitivement tourné la page de son crew Saïan Supa, et Gallery a montré qu'il avait le talent pour une route en solo.
Le grand vainqueur de 2011 ? Sûrement Orelsan, dont le second album Le Chant des sirènes l'a réconcilié avec la critique et l'a fait découvrir au public généraliste, notamment grâce au clip à grand spectacle Plus rien ne m'étonne. La pluie de Victoires de la musique sera-t-elle là pour confirmer le décollage turbo de l'enfant terrible de Caen ? On le souhaite.
Alors, 2012 ? Guizmo, de L'Entourage, veut jouer le rôle de l'outsider, Youssoupha va balancer Noir Désir, rebaptiséNoir D… suite aux pressions pas forcément amicales de la major du groupe bordelais récemment dissous, et a déjà frappé fort avec le single Menace de mort.
Bref, en 2012 comme en 2011, une pluie de punchlines va s'abattre sur la chanson française, qui sera aussi faite de beats et de rimes.
RFI Musique
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