Fatoumia Ali bazi : « Il y a une volonté des femmes entrepreneures d’aller de l’avant »

La spécialiste de la question genre auprès de la COI donne son point de vue sur le progrès de l'entreprenariat au féminin dans la sou...

La spécialiste de la question genre auprès de la COI donne son point de vue sur le progrès de l'entreprenariat au féminin dans la sous-région.

• Qu'est-ce qui a incité la Commission de l'océan Indien (COI) à se pencher davantage sur la question genre ?
- Nous avons commencé l'appui sur la promotion de la femme de l'océan Indien en 2007 avec la mise en place à Toamasina d'une plateforme régionale des femmes entrepreneures pour développer l'entreprenariat féminin. Une grande mobilisation dans l'ensemble des cinq pays a été par la suite entreprise et on vient d'ailleurs d'organiser la sixième rencontre des femmes entrepreneures. Grâce à cette thématique d'entreprendre au féminin, nous avons pu élaborer une politique régionale sur la question genre. Validée en 2009, cette politique a retenu quatre axes d'intervention dont la lutte contre la violence à l'égard des femmes, la participation des femmes dans les instances de décision, la participation des femmes à la vie économique et la femme et le développement durable et la sécurité alimentaire.

• Quelles stratégies ont été adoptées pour aborder ces axes communs ?
- Nous avons décidé de mettre en place des plateformes régionales pour chaque thématique. Comme il y en a pour l'entreprenariat au féminin qui en est aujourd'hui à sa sixième année, il y en a aussi pour la question des violences ainsi que sur la politique. Et actuellement, nous pensons mettre en place une plateforme sur la femme et le développement durable et la sécurité alimentaire. Ce n'est pas la moindre, mais nous avons mis plus de temps à la démarrer. Des femmes de chaque instance sont ainsi présentes pour la mettre en place.

• Par rapport aux autres plateformes, y a-t-il, par exemple, plus de participation féminine dans le domaine de l'entreprenariat depuis ces six années où la plateforme a été mise en place? 
- Oui. Un dynamisme a été créé dans la région sur la question de l'entreprenariat au féminin. Il y a, par exemple, la mobilisation des partenaires, en l'occurrence le FNUAP, la Banque africaine de développement, l'Union européenne Donc, tous ces partenaires croient au développement de l'entreprenariat au féminin dans cette région. On voit bien, par ailleurs, que les femmes elles-mêmes s'intéressent davantage à la question et se mettent à travailler ensemble. Il y a une volonté d'aller de l'avant et de se développer. Et par rapport au programme, nous réussissons à les réunir au moins une fois par an. C'est très important qu'elles s'échangent entre elles. Je pense que même si cela prend du temps, les choses bougent. Et je pense qu'il faut continuer de soutenir ce processus parce que l'autonomisation des femmes est l'un des objectifs de la réduction de la pauvreté.

• Mises à part les actions entreprises, avez-vous des projets à long terme ?
- Oui ! On en a. notamment sur la question de la violence. Il y a une feuille de route qui a été signée à La Réunion. Comme vous le savez, c'est un grand problème. Nous voulons ainsi participer encore plus à la lutte contre la violence surtout sur le renforcement des lois, la visibilité, la communication et la sensibilisation. Il est très important de favoriser les échanges entre les pays à ce sujet.

Judicaëlle Saraléa : l'express de Madagascar  

Biographie :

Fatoumia, dans son élément… 

Née a Moroni, la Comorienne Fatoumia Ali Bazi connaît bien la COI. Après des études d'administration publique à l'École nationale d'administration marocaine, elle intègre le ministère des Affaires étrangères des Comores, avant d'être nommée Officier permanent de liaison pour son pays auprès de la COI, poste qu'elle occupera de 1996 à 2005.

Depuis, elle est chargée de mission, basée au secrétariat de la COI. «Je connais bien la commission puisque j'ai été des deux côtes de la barrière.»