Palais du peuple, le 20 décembre 2011 - Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale, Mesdames et Messieurs les membres du Gouverne...
Palais du peuple, le 20 décembre 2011
- Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
Messieurs les élus de l'Union et des Iles ;
Messieurs les Représentants du Corps diplomatique et des organismes internationaux accrédités à Moroni ;
Honorable Assistance,
C'est pour moi un grand plaisir de m'associer à la célébration de la Journée Internationale de lutte contre la corruption qui devait, à l'origine, avoir lieu le 09 décembre dernier mais qui, pour des raisons d'agenda, a été reportée à la date d'aujourd'hui, afin que nous puissions tous, y prendre part.
Je suis, en effet, heureux d'être parmi vous aujourd'hui, d'autant plus que cette Journée concerne un sujet qui me tient à cœur et dont j'ai fait, dès mon investiture, le cheval de bataille de mon quinquennat : la lutte contre la corruption.
Ainsi, par ma présence à cet événement, j'ai souhaité marquer à nouveau, ma détermination à mener cette lutte pour éradiquer le phénomène de la corruption dans notre pays.
C'est pourquoi, je voudrais pour commencer, adresser mes sincères félicitations à tous ceux qui ont collaboré à l'organisation de cette Journée, pour les efforts qu'ils ont déployés en vue d'en faire une parfaite réussite.
Mesdames et Messieurs,
Cette Journée me permet de faire le point avec vous, sur les actions concrètes entreprises, depuis mon investiture, en fin mai 2011, pour venir à bout de la corruption.
En effet, dès le 21 juin 2011, j'ai promulgué la loi relative à la transparence des activités publique, économique, financière et sociale de l'Union des Comores.
Le 25 août 2011, j'ai nommé les Membres de la Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption. Cette Commission dispose, aujourd'hui, d'un bureau et d'un numéro vert.
La promulgation de cette Loi et la mise en place de cette commission, traduisent la volonté et la détermination qui sont les miennes, d'assurer une meilleure gouvernance et une meilleure gestion des maigres ressources du pays et d'y enraciner la culture démocratique, le respect du bien public, l'obligation de résultats et la reddition des comptes.
Je suis convaincu qu'en procédant ainsi, nous dotons progressivement notre pays, des outils et des instruments de lutte contre la mauvaise gouvernance, le détournement de deniers publics et l'enrichissement illicite.
Ainsi, avec le dispositif anti-corruption en place, l'Union des Comores fait désormais partie des rares pays disposant de texte législatif de lutte contre la corruption.
Certes, il conviendra de compléter ce dispositif par d'autres mesures, telles que la création d'une Inspection générale de l'Etat, la nomination d'Inspecteurs généraux des Ministères, la nomination d'auditeurs internes ou la mise en place du système interne du Mécanisme africain de l'évaluation par les paires et l'assainissement des mesures de passation des marchés publiques.
Toutefois, l'action de la Commission et l'utilisation des moyens mis à sa disposition permettront dores-et-déjà, de promouvoir la transparence, la bonne gouvernance, l'efficacité de la dépense publique, avec comme effet immédiat, le recul de la corruption étant entendu que, plus la transparence est de mise dans nos actions quotidiennes, plus la corruption recule.
Je salue les initiatives déjà prises dans ce sens et les Comoriens ne manqueront pas d'apprécier positivement, l'instauration du numéro téléphonique vert par la Commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption, qui permet aux citoyens de prendre contact avec elle, pour dénoncer les abus et la corruption dont ils seraient témoin.
Je voudrais, toutefois, souligner, que le rôle de cette Commission ne saurait se limiter à l'action d'enquête, de dispense de conseils mais aussi de surveillance et de suivi de la mise en œuvre de la politique de lutte contre la corruption
Pour son efficacité, la CNPLC doit mener des actions de sensibilisation envers la population et tous les publics, sur le danger que constitue la corruption afin d'engager tout le monde dans le combat.
Dans cette optique, je demande à l'ORTC et à l'ensemble des médias de notre pays d'apporter leur contribution à cette importante mission de sensibilisation.
Je souhaiterais également que l'on mette à profit les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication pour venir à bout de ce fléau qui compromet le développement de notre pays.
La CNPLC devra, enfin, assurer le suivi des rapports qu'il établit ou de ceux émis par les organes de contrôle et des autres structures de l'Etat.
Mesdames et Messieurs,
J'ai pris des engagements auprès des électeurs et électrices comoriens, qui reposent entres autres sur la consolidation de l'unité nationale, la recherche de la croissance économique et du développement social en vue de bâtir un pays prospère, dans la paix, la sécurité et la stabilité et de construire une société équitable et respectueuse de la démocratie et des droits de l'Homme.
Pour tenir ces engagements, nous devons éradiquer la corruption et inscrire dans les pratiques et les mœurs, la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion quotidienne des affaires publiques.
En effet, la corruption est un fléau qui n'épargne personne et dont les effets néfastes se font d'abord et surtout sentir sur les couches les plus pauvres de la population qui composent la majorité de nos concitoyens.
La corruption est synonyme de détérioration de l'État de droit.
La corruption alimente la criminalité, en particulier le crime organisé.
La corruption détourne les règles et accroît la pauvreté et l'insécurité.
La corruption fait perdre à la population sa confiance dans le rôle de l'État et dans l'État de droit.
La corruption a pour effet de remplacer l'intérêt public par un intérêt privé.
C'est pourquoi, il est d'une importance primordiale pour nous tous, de prendre la mesure du combat qui nous attend et de le mener avec détermination.
Nous devons mener ce combat avec détermination car la corruption est devenue, dans notre pays, un phénomène dont l'ampleur s'agrandit davantage et se manifeste sous différentes formes dont les conséquences néfastes sont incommensurables pour les économies.
En effet, depuis notre accession à l'indépendance, ce phénomène n'a cessé de croître et de gangrener notre société à tous les niveaux et dans tous les aspects de la vie :
à l'école où les et les parents et les élevés peuvent négocier un passage en classe supérieure ou acheter un diplôme,
dans les hôpitaux ou les cliniques, où le citoyen est contraint de payer son droit de passage à tous les niveaux : accès à l'établissement, consultation chez le médecin, délivrance de certificat, analyses, médicaments,
devant la justice, où l'interférence du politique sur le judiciaire, l'absence de tout contrôle et l'impunité sont arrivés à point tel, que la corruption est devenue une culture ancrée.
Plus grave encore, le Comorien semble avoir compris que la corruption est un comportement normal que tout le monde doit adopter.
Ainsi, la corruption dans notre pays n'est pas une simple vue de l'esprit.
Selon le rapport annuel 2010 de Transparency International, l'Indice de perception de la Corruption (IPC) indiquant le niveau de corruption affectant l'Administration publique et la classe politique, classe les Comores au 154ème rang sur 178 pays évalués avec une note inférieure à 5, sur une échelle allant de zéro (haut niveau de corruption perçu) à dix (haut niveau d'intégrité perçu).
Vous comprendrez alors pourquoi, la lutte contre la corruption sera ardue et complexe et vous savez pourquoi nous nous devons d'agir.
Pour ma part, je voudrais pour terminer, remercier tout particulièrement le PNUD pour avoir bien voulu accompagner cette Commission dans ses réflexions et dans l'organisation de cette cérémonie.
Je voudrais, enfin, redire ici mon engagement à accompagner et soutenir l'action de la CNPLC et de tous ceux qui se joindront à son combat et à les encourager à poursuivre l'action entreprise en faveur de la promotion de la transparence et de la lutte contre la corruption.
Je vous remercie de votre attention.
Beit salam
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