Hier, Majicavo a connu des scènes d’une rare violence. Alors que des barrages en feu avaient été montés en attendant les forces de l’ordre...
Hier, Majicavo a connu des scènes d’une rare violence. Alors que des barrages en feu avaient été montés en attendant les forces de l’ordre, la tension est montée d’un cran et les discours racistes ont fleuri dans la bouche de jeunes surexcités.
Le matin à Koungou, Majicavo Koropa puis Majicavo Lamir, des jeunes agités, tee-shirts sur le visage, montent des barrages tout au long de la route, rapidement quelques voitures sont caillassées, essentiellement celles des wazungu. 200 jeunes répartis sur au moins six barrages s’organisent en bande et terrorisent les habitants et les automobilistes. Ils se préparent à tendre un piège aux forces de l’ordre en disposant sur une colline un impressionnant stock de pierres pour pouvoir les jeter en contrebas lorsque les camions des gendarmes passeront. A Majicavo Lamir, les villageois ont demandé aux jeunes qui avaient dressé des barrages d’aller à l’extérieur du village. De nombreuses femmes et personnes âgées craignaient une intervention des forces de l’ordre avec gaz lacrymogènes dans les rues du village. « Si vous voulez faire la guerre allez plus loin » demande une femme, « il y a des bébés et des anciens ici » argumente-t-elle. Les jeunes partis pousser leurs carcasses plus loin, les habitants ont dégagé les voies de circulation. Les forces de l’ordre, sentant le traquenard, ont dû renoncer à lever ces barrages. Du côté des barragistes, vers neuf heures, on trouve surtout des jeunes emmenés par quelques manifestants croisés dans les cortèges. Le mot d’ordre était « on veut s’amuser nous aussi ». Un leader, la vingtaine à peine, s’avance cagoulé et nous explique ainsi au milieu de sa troupe « c’est notre jeu, on attend les flics pour les caillasser, on s’amuse, quoi ! »
La tension monte, les propos se précisent
Plus loin, un jeune explique que la voiture d’un mzungu a été victime de jets de pierre. Pourtant, quelques automobilistes arrivent à circuler. La réponse vient bien après, vers midi, cette fois les propos sont sans ambages « on va les tuer ces sales blancs », ou encore « hé les mzungu faut pas venir ici ». Un homme du village, interrogé, explique « ce sont les enfants du préfet et de Nicolas Sarkozy, ils ont la haine. Ce ne sont pas des enfants du village, ils sont de Majicavo Koropa ». affirme-t-il avant d’ajouter « Tout à l’heure il y a eu une bagarre avec des jeunes du village qui voulaient retirer les barrages, un jeune a dû être protégé ».
Rapidement tous les véhicules font demi-tour, au niveau de l’entrée de Majicavo Lamir. Le mot d’ordre est lancé « les wazungu doivent faire très vite demi-tour sous peine de risquer leur vie ». Peu après, une centaine de jeunes apparait furieux d’avoir attendu les policiers toute la matinée sans que ceux-ci ne pénètrent dans leur piège, à l’entrée de Jumbo Score. Les forces de l’ordre, présentes quinze minutes auparavant, ont disparu du parking. Les cailloux pleuvent sur le magasin d’outillage puis sur les vigiles et les clients regroupés devant le magasin. « On ne va pas se laisser faire par cette bande de merdeux » déclare un vigile mahorais, et ces derniers décident alors de riposter sur les jeunes en leur rendant pierre par pierre. La bataille rangée s’engage. Un véhicule de police arrive alors pour mettre en fuite les émeutiers qui sont repoussés vers le village. Certains restent néanmoins bloqués, l’un d’entre eux est attrapé par les gendarmes « Pardon monsieur, pardon » gémit-il, mais les forces de l’ordre sont excédés et l’obligent à s’asseoir dans le fourgon, non sans brutalité. Aux dernières nouvelles, l’Hôtel bien connu de la commune aurait été attaqué par les casseurs, les clients et le personnel, paniqués se seraient réfugiés sur la plage et ont fui en par bateau.
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