Dans cette interview exclusive accordée à Albalad, l’entrepreneur Mahamoud Ali Mohamed qui enquêtait sur le bien fondé de la hausse du pri...
Dans cette interview exclusive accordée à Albalad, l’entrepreneur Mahamoud Ali Mohamed qui enquêtait sur le bien fondé de la hausse du prix du carburant à la Société comorienne des hydrocarbures (SCH) révèle que les données comptables de l’entreprise montrent qu’il n’y avait pas lieu de faire monter les prix, précisant que la balle est maintenant dans le camp du gouvernement.
Vous venez de rendre votre rapport au président. Que dit ce rapport ?
Ce rapport dit que la hausse n’est pas justifiée. C’est au Président Ikililou maintenant de prendre les décisions. D’ailleurs, je m’étonne que dans cette affaire les 2 ministères de tutelle soient complètement absents.
- En quoi la hausse n’est pas justifiée ?
Il devrait avoir une hausse si les éléments qui composent le prix de revient changent à la hausse. Et pour ce qui concerne notre société d’Etat, Comores Hydrocarbures (SCH), ce prix de revient est constitué de 3 choses : le prix CAF (Coût-Assurance-Fret), le coût d’exploitation de la SCH et la taxe unique que la société collecte au nom de l’Etat.
D’abord, le Prix CAF dépend de l’évolution du prix de pétrole dans la région. Et ce prix a diminué de plus de 10% dans les 6 derniers mois et continue sa diminution. Le prix CAF appliqué par notre fournisseur est en effet trop élevé par rapport au marché (1350 US dollars la tonne de carburant à la dernière livraison au lieu de 950 US dollars actuellement soit plus de 35%) de hausse. Là, où le contrat n’est pas bien négocié pour valider ces prix CAF ou il y a d’autres manœuvres. Mais n’ayant pas eu l’autorisation de voir ce fameux contrat, je n’ai pas insisté sur ce dictat de prix CAF.
Ensuite, le coût d’exploitation présenté par la SCH est de 60 FC par litre. Cela veut dire qu’à chaque fois que nous importons du carburant, cela nous coûte 60 FC par litre pour le traiter (Déchargement, stockage, livraisons aux clients, paiement des salaires de la SCH, des frais de gestion de la société, jusqu’aux intérêts des emprunts bancaires et toutes les dépenses faites par les Hydrocarbures.). Mon rôle a été de valider ce chiffre de 60 FC par litre. A partir de la comptabilité de la SCH et des autres documents des années comptables 2008, 2009 et une situation comptable incomplète de 2010, ce coût d’exploitation se trouve autour de 27 FC et non pas 60 FC.
Enfin, la taxe unique que la SCH collecte à chaque fois que les citoyens achètent du carburant. Cette taxe est de 230 FC par litre d’essence et de 115 FC par litre de gasoil. L’Etat n’a pas augmenté cette taxe. D’ailleurs pour l’augmenter ou la diminuer, il y a toute une procédure légale à suivre passant par une approbation de notre parlement (loi de Finances à rectifier entre autres). L’analyse de ces 3 points a montré qu’il ne devrait pas y avoir d’augmentation du prix du carburant.
- Qu’en est-il des difficultés de trésorerie des Hydrocarbures ?
Il a été dit qu’une dette de plus de 2,5 milliards doit être payée à notre fournisseur sinon ce fournisseur arrête de nous livrer du carburant. Il faut donc relever le prix du carburant pour les 3 à 4 prochaines cargaisons de carburant pour pouvoir rembourser. La SCH gère une activité commerciale, elle achète pour vendre et elle collecte une taxe à reverser à l’Etat Comorien. Les années 2009, 2010 et 2011 que j’ai pu contrôler, la SCH a vendu toutes ses cargaisons, à un prix de vente supérieur au prix CAF, elle a collecté la taxe unique qu’elle n’a reversé que faiblement à l’Etat. Il n’y avait pas de raison d’augmenter le prix du carburant.
- Comment êtes-vous convaincu de votre constat ?
J’ai donc dû reprendre toutes les structures de prix de chaque cargaison depuis le début de l’année 2009 que j’ai contrôlé un par un. Les 6 cargaisons de 2009, les 6 cargaisons de 2010 et les 4 cargaisons de 2011 jusqu’au 31 août 2011. En partant de la position comptable de 2008 où la société n’avait aucun retard de paiement auprès du fournisseur et du constat que pour les années 2009, 2010 et 2011, l’activité de la SCH faisait des bénéfices au niveau de la trésorerie après avoir payé le fameux fournisseur en principe. (D’ailleurs, j’ai pu contrôler que les ordres de virement au fournisseur de toutes les livraisons de 2011 ont été honorés dans les délais convenus).
C’est-à-dire ?
Mes conclusions étaient les suivantes, la SCH ne devrait pas avoir de problème de trésorerie bien au contraire. Donc, il n’y a pas de quoi à faire payer les Comoriens une dette qui ne devrait pas exister. Mais la SCH invoque le fait que la Ma-Mwé et EDA ne payent pas leurs livraisons. J’ai trouvé une réponse à cela dans la comptabilité de la SCH. La taxe unique collectée par la SCH non reversée à l’Etat couvre bien plus largement les impayés de la Ma-Mwé et d’EDA. Et la trésorerie de la SCH devrait, après cette gymnastique de compensation restait positive confortablement.
MMADI MOINDJIE
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