Me Mihdoiri Ali ici en compagnie d’Olivia Kahn, hier, en sortant du bureau du juge aux affaires familiales. (Photo LLY) Olivia Kahn est t...
Me Mihdoiri Ali ici en compagnie d’Olivia Kahn, hier, en sortant du bureau du juge aux affaires familiales. (Photo LLY) |
C’est une maman déboussolée qui s’est présentée hier au tribunal en compagnie de son avocat. Déboussolée par la découverte faite mercredi par hasard au Port. Alors qu’elle passe devant l’église Sainte-Jeanne d’Arc elle aperçoit ses trois filles dans l’édifice. Elle ne comprend pas. Olivia Kahn est mariée depuis 15 ans à un musulman. “Je respecte sa religion et mes filles sont nées musulmanes” explique la maman. Que font alors ses filles dans un lieu catholique ? Elle discute avec elles et découvre qu’à la demande de sa sœur, ses enfants ont été baptisées. L’une des filles a même déjà fait sa communion. Ce devait être au tour d’Aïcha, la cadette âgée de 9 ans, dimanche prochain. Olivia Kahn vit en Allemagne avec son mari. Malade, elle a confié ses enfants pendant 6 mois à sa sœur au Port. C’est pendant cette période que la tante a souhaité christianiser ses nièces. Ce qui choque profondément la maman de retour dans son île natale : “J’ai laissé mes enfants chez ma sœur. Ce n’est pas n’importe qui. Elle sait que mes enfants sont de confessions musulmanes, qu’elles ne mangent pas de porc. “ Même la grand-mère des fillettes, vivant à la Réunion, n’était pas au courant. “Je l’ai aussi appris par hasard” dit-elle. “En même temps que ma fille.” Depuis mercredi, Olivia Kahn n’avait donc qu’un but : faire annuler la communion d’Aïcha. Elle a d’abord frappé à la porte du curé pour lui demander comment ses filles avaient pu être baptisées et peuvent faire leur communion sans autorisation parentale. Réponse de l’homme d’église : c’est aux marmailles de décider.
Le curé fait machine arrière
Olivia Kahn prend alors les services de Me Mihdoiri Ali. L’avocat se lance dans une assignation en référé devant le juge aux affaires familiales et se rapproche du curé. Finalement, l’homme d’église cède et adresse un fax hier en fin de journée à Me Ali dans lequel il dit qu’il ne procédera pas à la communion d’Aïcha et qu’il rayera les enfants du registre paroissial. Peu avant la réception de ce fax, Me Ali remarquait : “Le curé semble regretter la situation.” Et de poursuivre : “C’est une démarche exceptionnelle dans un département dont on vante le mélange culturel et religieux. Ce genre de situation est inacceptable.” Nous avons appelé la paroisse hier soir, mais personne n’a répondu au téléphone. Le fax du curé à peine arrivé, l’avocat se désiste devant le juge aux affaires familiales. Fin de l’histoire ? Pas sûr puisque la sœur d’Olivia Kahn n’a pas fait les choses à moitié. Selon nos informations, elle aurait obtenu du juge des enfants, le placement des filles d’Olivia Kahn chez elle. “Les parents n’ont pas du tout été mis au courant de cela” poursuit l’avocat. “La maman l’a découvert en voulant les récupérer.” Aujourd’hui, Olivia Kahn doit donc rester à la Réunion pour régler cette histoire. Elle envisage de déposer plainte contre l’église. L’avocat remarque : “Le curé a fait preuve de légèreté en baptisant des enfants sans avoir l’autorisation parentale.” Quant aux relations entre les deux sœurs, entre la catholique et la musulmane, elles ne sont pas au beau fixe et mettront sans conteste du temps avant d’être apaisée
Nicolas Goinard: clicanoo
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