Présenter les « iles de rêve » sous un autre angle que celui de la carte postale, tel est l'objectif de la série de reportages proposée...
Présenter les « iles de rêve » sous un autre angle que celui de la carte postale, tel est l'objectif de la série de reportages proposée par le chaîne satellite 13ème Rue qui revient sur des faits divers qui ont marqué ces îles. L'émission du 11 juillet sera consacrée à Mayotte où l'on reviendra sur l'incendie du village d'Hamouro, commandité par le maire de Bandrélé en 2003.
Le village d'Hamouro en 1999 |
Ce lundi 27 octobre 2003, à 6 heures du matin, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine, et sur ordre du procureur de la République, les gendarmes de M'zouazia organisent une descente sur la plage du village d'Hamouro, connue pour abriter un grand nombre de familles anjouanaises : ils interpellent une vingtaine de sans-papiers qui seront envoyés à Anjouan. Les autres habitants des lieux - environ 80 personnes- ont échappé au contrôle après s’être enfuis.
A 7h30, débute une deuxième opération d'envergure, illégale celle-ci - toute destruction d'habitation est soumise à une décision du tribunal. Une fois les gendarmes partis, les agents communaux, emmenés par le maire de Bandrélé, Moussa Madi, arrivent sur la plage. Ils font rassembler leurs affaires aux “rescapés” de la première descente, puis mettent le feu aux cases en torchis. 28 d'entre elles, soit la quasi-totalité, sont détruites ; de nombreuses personnes qui n'ont pas eu le temps de récupérer leurs affaires, ou qui n’étaient pas là, les retrouvent calcinées. Aucun blessé n'est à déplorer.
Le 27 octobre 2003, le maire de Bandrélé et des agents municipaux brûlaient 28 cases habitées par des sans-papiers, à Hamouro. Sur la photo, Moussa Madi incendie l’une d’entre elles.
Durant la semaine qui suit, syndicats, avocats, enseignants, associations comoriennes : de nombreuses voix s'élèvent contre ces destructions et réclament justice. Par contre, les élus de tous bord, à commencer par ceux de l’UMP, dont Moussa Madi fait partie, persistent à soutenir le maire : « Après le petit incident de lundi dernier (…), l'Association des maires de Mayotte apporte son soutien » à Moussa Madi dans un communiqué. « Les clandestins qui s'y trouvaient ne devaient pas y être. Tout s'est déroulé humainement », précise Ali Souf, le président de l’association des maires de Mayotte d'alors. Fort de ces soutiens, le maire assume et reconnaît publiquement ses actes : « Nous n'avons pas brûlé toutes les maisons des Anjouanais mais seulement celles qui nous reviennent de droit (…) », déclarait-t-il à Mayotte Hebdo.
Ce qu'il restait du village d'Hamouro après le passage de Moussa Madi
Le procès en appel, après une requalification de dernière minute par le procureur en faveur de l'accusé, fait passer la peine encourue de 10 à 2 ans de prison. Le procureur général, François Semur, avait alors requis deux ans de prison avec sursis. Ni plus, ni moins. Moussa Madi a été réélu maire de Bandrélé le 16 mars 2008 avec 45,68% des voix.
Peu avant, Bernard Bonnet avait été condamné le 15 janvier 2003 pour avoir, en tant que préfet de Corse, ordonné en 1999 de mettre le feu à deux paillotes ("Chez Francis" et "Aria Marina") construites illégalement sur le domaine public. Condamné à trois ans de prison, dont un an ferme, il avait bénéficié d'une mesure de libération conditionnelle, après deux mois de détention provisoire à la prison de la Santé à Paris. Le 13 octobre 2004, la Cour de cassation rejetait son pourvoi. La grâce présidentielle qu'il avait auprès de Jacques Chirac, en mars 2005, lui avait été refusée et il s'était vu déchu de ses décorations.
C'est donc cet épisode peu glorieux de l'histoire récente de Mayotte que 13ème Rue veut faire connaître ou remémorer aux téléspectateurs alors qu'à Mayotte, l'oubli semble être de mise sur ce « petit incident ».
(Source : Malango Actualité)
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