La piste convergente de 2600 m telle qu'elle est proposée en débat public dans les 2 scénarii Que...
La piste convergente de 2600 m telle qu'elle est proposée en débat public dans les 2 scénarii |
Question qui est posée à la population de Mayotte, qui pourra répondre lors de débats publics organisés dans toutes les communes pendant les mois de juillet, septembre, et octobre, pour se terminer le 5 novembre. Deux scénarios sont proposés.
Encore un sujet qui va accaparer la population : « tous les arguments seront pris en compte » assurait Philippe Deslandes, président de la Commission nationale du débat Public (CNDP). Et c'est une grosse pointure qui venait présenter l'organisation du 1er débat public à Mayotte : ancien élève de l'Ecole navale et de l'ENA, ancien directeur de la Sécurité civile, puis vice-président d'Alcatel Trade International, il fut préfet de trois régions, dont la Champagne-Ardenne.
Démarche obligatoire lorsqu'un projet dépasse 300 millions d'euros, ou « s'agissant de pistes d'aérodrome qui sont supérieures à 100 millions d'euros », le débat public permet à tous de s'exprimer avec le même temps de parole, simples citoyens ou élus, pour être entendus « par une commission neutre et indépendante, qui ne dépend d'aucun ministère ». Elle est par contre financée par le maître d'ouvrage par obligation légale, à hauteur de 500.000 euros. Un cahier d'acteur sera mis à disposition pour tout commentaire écrit.
Le maître d'ouvrage pour la piste longue de l'aéroport de Pamandzi est la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), qui était représentée par son chargé de mission parisien Yves Debouverie, et par le délégué de Mayotte, Pierre Pinson, qui connaît bien le sujet en tant qu'ancien directeur de l'aéroport.
Le 1er des scénarii actuels prévoit de rallonger dans un premier temps la piste de 475m vers le sud, puis de réaliser quelques années plus tard, une deuxième piste convergente (voir photo) de 2600m posée sur une plate forme de 210m de large, « autorisant une large gamme d'appareil long-courriers ». Le second scénario propose de créer directement la piste convergente (photo) sans allongement de la piste, « afin de limiter l'impact sur les herbiers ».
Après avoir été pour ou contre la départementalisation, la population de Mayotte sera de nouveau partagée en deux pendant plus de 4 mois (1 mois d'interruption lors du Ramadan en août). Les « pour » sont animés par un désir de développement de l'île et son désenclavement, raison d'être du projet, « tant du point de vue du transport aérien des marchandises que du développement des exportations », et « du développement touristique », mais avant tout, par celui de la baisse du prix du billet d'avion occasionné par l'arrivée possible de concurrents à Air Austral et Corsairfly. Les « contre » plaident pour la défense de l'environnement, plus spécialement la faune et la flore sous-marines, mises à mal en cas de rallongement de la piste. Selon eux, les liaisons aériennes directes proposées par Air Austral à partir du 31 octobre 2011 suffisent à la clientèle mahoraise, « liaisons qui ne seront pas possible par tous les temps sur la piste actuelle » selon Patrick Gandil, directeur général de l'aviation civile.
Philippe Deslandes fervent défenseur du débat public, "qui transforme la perception d'un projet"
« Compte à rebours avant la décision finale de Nathalie Kosciusko-Morizet »
La commission particulière, chargée d'animer les débats à Mayotte, est présidée par Anziza Moustoifa, conseillère économique et sociale, et aidée de Zoubair Alonzo (directeur de la CCI Longoni), Martial Henry (médecin), Franck Madjid (chef d'entreprise), Nadira Maleck-Bertrand (Comité de Tourisme), Mohamed Moindjie (Chargé de mission à la Collectivité) et Jean Van-Oost (architecte).
« Tous les arguments avancés lors des débats seront en ligne 3 jours après » certifie Philippe Deslandes, qui souligne la portée de ces débats : « ils peuvent parfois mener au retrait du projet ! ». Et donnant des exemples : « la Chambre de Commerce et d'industrie de Nice a été obligée d'abandonner le projet qu'elle avait pour le port de Nice. A été rejeté de la même manière le contournement autoroutiers de Toulouse, ou pire celui de Bordeaux pour une excellente raison : il traversait les vignes !! ». Le projet peut également être modifié sur son tracé ou sa fonctionnalité.
L'équivalence de parole garantit une non récupération du micro par les élus en cas de campagne électorale… , et si les arguments avancés ne peuvent contraindre le maitre d'½uvre à s'y soumettre, « le fait que le débat soit public influence automatiquement la décision, puisque n'importe qui peut utiliser par la suite ce qui a été dit ». Les témoignages sur le net sont possible sur le site www.debatpublic-pistelonguemayotte.org, où « tous les témoignages seront pris en compte si l'argument est bon » certifie Philippe Deslandes.
Dans un délai de deux mois après la clôture du débat, Anziza Moustoifa en rédigera le compte rendu et en dressera le bilan. Puis, le maître d'ouvrage a 3 mois pour décider des conditions de la poursuite du projet, et des modifications éventuelles. Et enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, de l'environnement durable et des transports devra donner sa décision avant le 6 avril 2012.
Actuellement, 10 débats publics sont en cours en France, dont l'extension du port de Guadeloupe.
A.L.
(Source : Malango Actualité)
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