Elle n'accepte pas qu'"Akim" Kari soit désigné comme trafiquant de drogue Me Saïd Larifou,...
Elle n'accepte pas qu'"Akim" Kari soit désigné comme trafiquant de drogue
Me Saïd Larifou, l'avocat de la famille (1er à gauche), l'oncle (2e à gauche) d'Assoumani Kari et des membres de la communauté comorienne se sont inclinés devant la dépouille.
L'avocat de la famille Kari, Me Saïd Larifou, a fait part hier de son indignation. Il ne comprend pas que celles qu'il nomme "les autorités" aient prononcé si rapidement les mots de "règlement de comptes" et de "trafic de drogue", après le double assassinat qui a endeuillé le quartier de Saint-Mauront (3e ), mercredi dernier.
Deux hommes, Assoumani Kari, surnommé "Akim", 24 ans, et Sabri Khemaicia, 28 ans, ont péri foudroyés par un déluge de feu de kalachnikov. Les deux victimes étaient connues de la police lyonnaise pour des affaires de "stups". Assoumani Kari avait même été condamné, selon le parquet de Marseille, à 30 mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants. Il bénéficiait d'un régime de semi-liberté.
Mais la famille de la victime ne veut pas entendre parler. "Qu'est-ce qui permet de dire qu'il s'agissait d'un trafiquant de drogue ? s'interroge l'avocat. Est-ce que toutes les personnes condamnées pour infraction aux stupéfiants sont systématiquement abattues par des rafales de kalachnikov ?" Et Me Larifou de poursuivre son propos : "Aucun objet suspect n'a été retrouvé, aucune arme, aucune drogue, ni dans la voiture, ni à son domicile. Cette spontanéité à parler de règlement de comptes n'est pas acceptable".
La famille d'"Akim" a déposé plainte pour "homicide volontaire". Elle entend aussi se constituer rapidement partie civile, afin d'avoir accès au dossier. Selon Me Larifou, la victime avait trouvé un emploi de plombier depuis juin 2010 à Marseille et il dormait le soir aux Baumettes. Le jeune homme, résidant en banlieue lyonnaise, natif de l'île de La Réunion mais d'origine comorienne, devait d'ailleurs sortir de prison vendredi et rejoindre sa famille prochainement. Ibouroi Roumly, un membre très influent de la communauté comorienne, se dit lui aussi "indigné par l'accusation portée". "Qu'est-ce qui permet de le dire ? Où sont les preuves ? reprend-il. C'est à la justice de dire ce qu'il s'est passé et pourquoi. On ne peut pas porter de jugements avant de savoir."
Rien ne permet non plus de faire pour l'heure un lien avec la seconde victime, sinon qu'elle aussi résidait habituellement en région lyonnaise. Rien, sinon la quête d'un juge qui le recherchait pour trafic international de stupéfiants. Sabri Khemaicia, 28 ans, en fuite depuis 2009, disposait d'un pied à terre à Marignane. La famille d'"Akim" s'est rendue hier au dépositoire de l'hôpital de La Timone pour y voir une dernière fois le corps et se livrer au rituel musulman. La dépouille sera rapatriée jeudi à La Réunion, puis inhumée dimanche à Moroni, aux Comores.
Denis TROSSERO:laprovence
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