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© Reuters Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a requis lundi des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al Islam et le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi, pour crimes contre l'humanité. /Photo
LA HAYE (Reuters) - Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a requis lundi des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al Islam et le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi, pour crimes contre l'humanité.
Ces recommandations vont être étudiées par les juges du tribunal de La Haye, qui devront décider si les éléments réunis par le procureur sont suffisants pour émettre les trois mandats.
La CPI a été saisie en février par le Conseil de sécurité de l'Onu pour enquêter sur les violences commises par les forces de sécurité contre des manifestants en Libye, qui ont fait des milliers de morts depuis le début de l'insurrection mi-février.
Luis Moreno-Ocampo avait fait savoir il y a deux semaines qu'il disposait de "preuves solides" de crimes contre l'humanité et qu'il recommanderait l'émission de trois mandats, sans nommer les intéressés, en présentant des photographies, des vidéos et des témoignages émanant de sources gouvernementales.
Il expliquait que le fait de tuer des civils désarmés pouvait être qualifié de crime contre l'humanité, et mentionnait également le crime de persécution - arrestations massives, torture, disparitions forcées.
"Le bureau a rassemblé des preuves directes d'ordres donnés par Mouammar Kadhafi lui-même, des preuves directes de l'organisation par Saïf al Islam du recrutement de mercenaires et des preuves directes de la participation de Senoussi aux attaques contre les manifestants", a-t-il déclaré lundi.
Le magistrat argentin a ajouté que les trois hommes avaient tenu des réunions pour "planifier les opérations" de répression et que Mouammar Kadhafi avait utilisé son "autorité absolue pour commettre des crimes en Libye".
"CRÉATURE DE L'OCCIDENT"
Un porte-parole des rebelles dans la ville assiégée de Misrata a salué une "décision importante". Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a souligné que cette requête rappelait à tous les acteurs du régime libyen que "les crimes ne resteront pas impunis".
La CPI ne dispose pas d'une force de police et s'appuie sur les Etats signataires pour procéder aux arrestations. Mais la Libye n'a pas signé le traité et n'a aucune obligation d'arrêter les trois suspects.
Tripoli accuse la CPI d'être une création de l'Occident. "Les pratiques de la CPI sont contestables", a déclaré lors d'une conférence de presse le porte-parole libyen et vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm. "C'est une créature de l'Union européenne pour (poursuivre) les dirigeants africains", a-t-il assuré.
Khaled Kaïm a également de nouveau accusé l'Otan, qui dirige depuis fin mars les opérations militaires en Libye, d'avoir outrepassé son mandat - la protection des populations civiles - en visant des infrastructures. "Le but, c'est le pétrole libyen, pas la protection", a-t-il dit.
Trois mois après le début de la révolte contre Kadhafi, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1969, les lignes de front entre forces gouvernementales et troupes rebelles ne bougent pratiquement plus et l'effondrement du pouvoir kadhafiste, espéré par les Occidentaux, ne s'est pas matérialisé.
Après une série de raids aériens sur son quartier général de Bab al Aziziah à Tripoli, Mouammar Kadhafi a nargué l'Alliance atlantique en affirmant vendredi dans un enregistrement audio qu'il se trouvait dans un lieu secret, à l'abri des frappes.
Les journalistes étrangers autorisés à travailler, sous restriction, dans la capitale libyenne, rapportent que les autorités semblent tenir fermement les rênes du pouvoir.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser:le point
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