Le 13 mai 1978, les agences d'information apprennent aux habitants de l'Univers, en général peu averti...
Le 13 mai 1978, les agences d'information apprennent aux habitants de l'Univers, en général peu avertis des affaires comoriennes, l'existence d'un coup d'Etat à Moroni qui aurait renversé Ali Soilihi. Saïd Mustapha M'hadjou, l'auteur de ce golpe insulaire, est un Comorien inconnu, mais deux jours plus tard, l es j ournalistes font savoir qu'il s'agit du fameux Bob Denard, que toute l'Afrique affirme redouter malgré l'échec de sa tentative récente au Bénin, une année auparavant .
Pendant que les chancelleries et les médias préparent des notes d'indignation ou d'étonnement (car les diplomates ne s'indignent jamais, ils s'étonnent seulement), la liesse règne à Moroni. La joie populaire qui a suivi l'annonce de la chute du dictateur s'accompagne de pillages de biens publics dont profitent l es opposants et les partisans du régime déchu. On voit des audacieux qui se tenaient j usqu'ici à l'écart des bureaux, y entrer sans permission et en ressortir portant une machine à écrire sur la tête.
D'autres s'emparent des volatiles reproducteurs du centre d'élevage, destinés à améliorer les races locales, mais qui, en ce jour de fête, termineront leur carrière dans l es marmites.
Ali Soilihi est très étroitement gardé dans son palais sans que l'on sache ce que la junte lui réserve, mais à part l es militaires qui ont participé deux mois auparavant à la tuerie d'Iconi, aucune vengeance n'est exercée sur les dignitaires du régime. Salim Himidi, l'ancien ministre de l'Intérieur et son adjoint tortionnaire, l'inspecteur Amada, Ali Toihir et Aboulwahab, deux maitres à penser du régime, ainsi qu'Aboubakar Boina, l'ancien ambassadeur itinérant, sont mis sans ménagement à balayer les rues ou à repeindre en blanc les murs de la capitale. Les nouveaux mâitres de la grande Comore empêchent le lynchage d'un nouveau d'Ali Soilihi à Shwani, car ils savent mieux que quiconque que, dans l es moments troublés, certains ont besoin de commettre des exactions pour 1 se refaire une crédibilité politique.
Le coup d'Etat militaire de Moroni n'est pas une simple opération télécommandée de l'extérieur. Il se situe dans la logique de l 'affrontement des forces politiques comoriennes. Au siècle précédent les rivalités propres à chaque île, ou même les conflits interinsulaires, se réglaient à coups d'interventions de puissances étrangères. En 1978, les acteurs se réclament d'idéologies conservatrices ou progressistes, mais l'appel aux i ngérences d'outre-mer reste de règle. Dans son souci de neutralité à l'égard des deux blocs, mais aussi à l'égard de l'islam, Ali Soilihi s'est retrouvé isolé ; il a même coupé les ponts avec Bob Denard qui, on s'en souvient, l'avait aidé à s'emparer d'Anjouan, deux ans plus tôt, aux dépens d'Ahmed Abdallah. Ahmed Abdallah, le père de l'indépendance comorienne, n'a pas renoncé au pouvoir et aux alliances. Après l'avoir fait prisonnier, Ali Soilihi avait cru pouvoir affirmer.source:les Comores (pierre verin) Edition Karthala
Pendant que les chancelleries et les médias préparent des notes d'indignation ou d'étonnement (car les diplomates ne s'indignent jamais, ils s'étonnent seulement), la liesse règne à Moroni. La joie populaire qui a suivi l'annonce de la chute du dictateur s'accompagne de pillages de biens publics dont profitent l es opposants et les partisans du régime déchu. On voit des audacieux qui se tenaient j usqu'ici à l'écart des bureaux, y entrer sans permission et en ressortir portant une machine à écrire sur la tête.
D'autres s'emparent des volatiles reproducteurs du centre d'élevage, destinés à améliorer les races locales, mais qui, en ce jour de fête, termineront leur carrière dans l es marmites.
Ali Soilihi est très étroitement gardé dans son palais sans que l'on sache ce que la junte lui réserve, mais à part l es militaires qui ont participé deux mois auparavant à la tuerie d'Iconi, aucune vengeance n'est exercée sur les dignitaires du régime. Salim Himidi, l'ancien ministre de l'Intérieur et son adjoint tortionnaire, l'inspecteur Amada, Ali Toihir et Aboulwahab, deux maitres à penser du régime, ainsi qu'Aboubakar Boina, l'ancien ambassadeur itinérant, sont mis sans ménagement à balayer les rues ou à repeindre en blanc les murs de la capitale. Les nouveaux mâitres de la grande Comore empêchent le lynchage d'un nouveau d'Ali Soilihi à Shwani, car ils savent mieux que quiconque que, dans l es moments troublés, certains ont besoin de commettre des exactions pour 1 se refaire une crédibilité politique.
Le coup d'Etat militaire de Moroni n'est pas une simple opération télécommandée de l'extérieur. Il se situe dans la logique de l 'affrontement des forces politiques comoriennes. Au siècle précédent les rivalités propres à chaque île, ou même les conflits interinsulaires, se réglaient à coups d'interventions de puissances étrangères. En 1978, les acteurs se réclament d'idéologies conservatrices ou progressistes, mais l'appel aux i ngérences d'outre-mer reste de règle. Dans son souci de neutralité à l'égard des deux blocs, mais aussi à l'égard de l'islam, Ali Soilihi s'est retrouvé isolé ; il a même coupé les ponts avec Bob Denard qui, on s'en souvient, l'avait aidé à s'emparer d'Anjouan, deux ans plus tôt, aux dépens d'Ahmed Abdallah. Ahmed Abdallah, le père de l'indépendance comorienne, n'a pas renoncé au pouvoir et aux alliances. Après l'avoir fait prisonnier, Ali Soilihi avait cru pouvoir affirmer.source:les Comores (pierre verin) Edition Karthala
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