A trois jours de son départ de Ngazi Ngomé, Mohamed Abdouloihabi, le chef de l'Exécutif de Ngazidja, a bien voulu nous recevoir à sa rés...
A trois jours de son départ de Ngazi Ngomé, Mohamed Abdouloihabi, le chef de l'Exécutif de Ngazidja, a bien voulu nous recevoir à sa résidence privée à Iconi.Qu'a-t-il fait au cours de son mandat? Pourquoi a-t-il accepté de l'interrompre? A quoi est due sa rupture avec le président Sambi? Serein, il a répondu à nos questions sans détours.
S Vous avez déclaré, hier, en faisant vos adieux à vos électeurs, que vous partez sans regret. Peut-on savoir pourquoi?
Sans regret, oui, car j'ai accepté d'interrompre mon mandat.
Je suis signataire de l'accord politique du 16 juin 2010 pour écourter mon mandat, pas forcément pour l'harmonisation des élections mais plutôt pour favoriser la tenue des élections et donner chance à la présidence tournante au bénéfice de Mohéli. J'ai pensé, j e l e pense encore aujourd'hui, à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale de mon pays. C'est très i mportant. Mohéli ne devait pas être dépossédée de son droit d'exercer la présidence.Sans regret, oui, car j'ai accepté d'interrompre mon mandat.
S M. Abdouloihabi, pourriez-vous nous dire, sommairement, ce que furent les grandes lignes de vos réalisations au cours de ces trois ans à la magistrature suprême de l'île?
Je ne ferais pas de bilan. Je relèverai ce qui fut, à mon avis, la constance de mon action. Mon combat était essentiellement d'ordre institutionnel. C'était pour défendre l'Etat de droit qui ne saurait exclure l'autonomie des îles, l'intégrité territoriale et l e respect de l a présidence tournante. Pour l'essentiel, je crois, ce fut une réussite. Certains pôles de mon action ont porté sur la coopération décentralisée que j'ai héritée de mon prédécesseur.
S Pourriez-vous citer quelques-uns de ces pôles?
Evidemment. Prenons, par exemple, la région française Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA). J'ai pu faire réaliser le laboratoire de l'université. Avec Shardja, l'action a été interrompue par le pouvoir central qui a fait bloquer tout sans explication. Avec l 'Etat de Khartoum, les choses se sont très bien poursuivies. Ainsi, la formation du personnel de l'hôpital de Samba nkouni s'est réalisée; celle des formateurs du centre de formation technique de Hambou dont une mission attendue samedi prochain procédera à la pose de la première pierre. Le projet de pisciculture est en très bonne voie à Iconi et bien d'autres encore.
Sur le plan social, je ferais observer la régularité de l'année scolaire durant ces trois ans et une amélioration des résultats scolaires. Certes pas à la hauteur de nos souhaits mais l'on peut noter une amélioration certaine. Nous avons rapproché l'enseignement des élèves, quoi qu'en disent certains, pour répondre à des besoins réels qui sont l à. En matière de promotion du genre, mon équipe s'en est toujours souciée et les femmes de Ngazidja y étaient touours représentées.
S Directeur de cabinet de M. Sambi, un ami à vous, vous êtes élu président de l'île avec sa bénédiction et puis, c'est la rupture. Que s'est-il passé?
Quel que soit le degré de l'amitié qui nous liait, nos missions confiées par les électeurs passent avant tout. Directeur de cabinet de M. Sambi, je l'ai servi loyalement Dès que je suis élu à la tête de l'île, nos relations se sont tendues pour des raisons évidentes. L'exercice de mon mandat m'imposant un devoir d'assurer l'autonomie de l'île, entre autres, sur l e plan administratif et financier, cela n'était pas du goût de tous. Voilà comment l'île de Ngazidda s'est trouvée exclue, lésée en tout, et ses intérêts bafoués. Nos divergences sont d'ordre institutionnel. Je défends l'Etat de droit, cela déplaît à certains.
S Que fera Mohamed Abdouloihabi après le 23 mai prochain?
Les charges de mon mandat et l e combat que j'ai mené me font l'obligation morale de ne pas désarmer. Je me sens le devoir de continuer à défendre l'Etat de droit, l es i ntérêts des Comoriens, des Wangazidda compris. Je continuerai mon combat politique. Je ne suis pas commerçant. Je suis fonctionnaire de l'Etat et je ne manquerai pas de mission à accomplir. Je suis magistrat mais je ne retournerai pas au palais de justice. Par l e passé, à Marseille, pour faire vivre ma famille, j 'avais ouvert un cabinet d'avocat qui me permettait de subvenir à ses besoins. Je pourrais développer une action privée. Il y a tant de choses à faire, voyez-vous, ne vous inquiétez pas pour moi. En tout cas, j e ne suis pas à la recherche d'un emploi.
S Dans l'hypothèse que le Dr Ikililou Dhoinine ait fait appel à vous...
Je ne veux pas répondre à une question sous forme d'hypothèse. Ce serait comme si j 'étais demandeur. Attendons que cela se fasse. J'apprécierai en conséquence.
MOHAMED HASSAN:albalad
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