Le régime égyptien renâcle à prendre le train de l’ère post-Moubarak. Alors que la Ligue arabe se cherche un nouveau chef après que son ...
Le régime égyptien renâcle à prendre le train de l’ère post-Moubarak. Alors que la Ligue arabe se cherche un nouveau chef après que son secrétaire actuel, Amr Moussa, a annoncé qu’il renonçait à son poste pour se présenter à l’élection présidentielle en Egypte, les candidats pressentis manquent quelque peu de cachet révolutionnaire.Comme il est de coutume à la Ligue arabe, le secrétaire général est issu du pays hôte, en l’occurrence l’Egypte, bien que les autres pays arabes aient le droit de présenter leur candidat. “Le poste de secrétaire général est devenu une sorte de fierté nationale pour l’Egypte à tel point que cela est devenu un combat national : le secrétaire général doit être Egyptien même si nous n’avons pas le meilleur candidat pour ce poste d’importance”, commente Zeinobia, auteure du blog Egyptian Chronicles.
@mostafaelfeki : Le ministère des affaires étrangères égyptien soutient la candidature d’Al-Fiqqi comme candidat à la Ligue arabe (note Facebook en arabe ).
Or, la fierté égyptienne en a pris un coup. “De façon choquante, l’Egypte considérait des personnages répugnants du régime Moubarak, à l’instar de Moufid Chehab (un ancien haut responsable du Parti national démocrate (PND) et parfois médiateur de conflits en politique étrangère) pour le remplacer. L’idée a été enterrée, seulement pour voir Mostapha Al-Fiqqi devenir le candidat officiel égyptien. C’est un scandale”, s’indigne Issandr El Amrani, auteur du blog The Arabist.
“Al-Fiqqi est un ancien assistant présidentiel qui a, pendant deux décennies, joué le rôle de l’expert en politique étrangère au parlement. Il a été un médiateur pour les délégations étrangères et a été à de nombreux postes liés à cette fonction, dont le Conseil national pour les droits de l’homme (bien qu’il ait été un ardent défenseur de la loi d’urgence - vidéo en arabe). Il n’a cessé de louer M. Moubarak dans les derniers jours du président en février et s’est désormais nettement réaligné avec la révolution”, commente Issandr El Amrani. “Mostapha Al-Fiqqi (…) s’est réinventé en révolutionnaire aussitôt que Moubarak est parti”, renchérit le journaliste Hossam Arabawy, sur son blog 3Arabawy.
@mostafaelfeki : “Tous ceux qui ont travaillé avec l’ancien régime ne sont pas corrompus” (article en arabe dans youm7)
Autre fait d’armes de cet ancien proche de Moubarak, la fraude électorale. “Il a pris part en 2005 à l’un des plus flagrants exemples de fraude électorale de ces dernières années, lorsqu’il s’est présenté dans sa ville natale de Damanhour contre l’ancien membre du parlement des Frères musulmans, très populaire dans la circonscription, Gamal Hechmat, qui avait été exclu du parlement lors de la session précédente pour une question technique”, renchérit The Arabist qui avait également couvert cette élection.Toutefois, comme le rapporte Zeinobia, auteure du blog Egyptian Chronicles, “M. Al-Fiqqi s’est défendu plusieurs fois et a même demandé à rencontrer une délégation de la jeunesse du 6 avril pour expliquer ce qui est arrivé en [2005]. La délégation a accepté son invitation. L’ancien ambassadeur a expliqué à la délégation qu’il avait été forcé à se présenter aux élections et n’était pas impliqué dans la fraude électorale. Il a ajouté qu’il soutenait la révolution et sa jeunesse depuis le premier jour”, rapporte-t-elle (en arabe, sur le site des Jeunes du 6 avril). Ce dernier a en effet démissionné du parti au pouvoir le 5 février. L’expulsion de Mostapha Al-Fiqqi de la place Tahrir par les manifestants le 10 février 2011.
Le ralliement de Mostapha Al-Fiqqi à la révolution égyptienne n’avait à l’époque pas été bien accueilli. “M. Fiqqi a également été sorti par les révolutionnaires de la place Tahrir lorsqu’il a tenté de faire une visite sur la place le 10 février, un jour avant la résignation. De ce fait, cela a été un choc pour moi et pour beaucoup d’autres que cet homme du PND qui loue la normalisation avec Israël et a été la pierre angulaire de la politique étrangère de Moubarak, soit le candidat de l’Egypte révolutionnaire pour le poste de secrétaire général de la Ligue arabe”, fustige Hossam Arabawy.
Après l’annonce de sa candidature pour la Ligue arabe, une manifestation de protestation a été organisée mercredi 20 avril en face de la Ligue arabe, place Tahrir au Caire (l’appel à manifester sur Facebook et des photos de la manifestation prise par Maggie Osama). Les mouvements politiques égyptiens et les groupes derrière cette manifestation, à l’instar de la Jeunesse du 6 avril, appellent toujours à amplifier le mouvement anti-Fiqqi.
Les jeunes du 6 avril ont en effet expliqué, sur leur site, pourquoi cette candidature doit être rejetée. Leurs arguments étant que : sa candidature est contraire aux principes de la révolution qui a été de renverser “l’ancien régime corrompu” ; une évaluation objective de sa candidature révèle qu’il a été parti prenante de l’ancien régime à de nombreux postes ; et troisièmement, il ne sied pas à la nouvelle mission de la Ligue arabe qui doit être d’accompagner les révolutions dans la région.
Pourtant, sa candidature n’est pas critiquée par tous. “Connaissant Mostapha Al-Fiqqi et les conditions dans lesquelles se trouve la Ligue arabe face au monde arabe, certains diront qu’il est l’homme parfait pour ce poste car la Ligue est trop faible et inutile actuellement. Nous n’avons pas besoin d’avoir quelqu’un de mieux actuellement, à l’instar de notre ministre des affaires étrangères actuel El-Araby pour cette institution morte”, commente ainsi Zeinobia.@mostafaelfeki : Dix pays vont soutenir le candidat égyptien au secrétariat de la Ligue arabe et quatre le candidat qatari… et six sont entrain de se décider (…).
“Il paie un lourd tribut pour avoir fait partie du régime Moubarak, poursuit Zeinobia. C’est l’héritage de Moubarak qui va, grand merci, chasser tous ces hommes qui ont joui des fruits du régime corrompu d’une façon ou d’une autre. Je pense que M. Al-Fiqqi sera le prochain secrétaire général de la Ligue arabe en dépit de nos objections. Ce pourrait être pour M. Al-Fiqqi une seconde chance pour un nouveau départ : qu’il la saisisse en essayant de remettre de l’ordre dans la Ligue arabe ou sinon, nous nous souviendrons toujours des élections parlementaires. Oui, je crois aux secondes chances !”
D’un autre côté, d’autres diront que nous entrons dans une nouvelle ère de l’histoire du monde arabe et que (…) nous avons besoin de meilleurs noms pour l’avenir”, nuance toutefois Zeinobia. Une position que défend Issandr El-Amrani, du blog The Arabist :
“Je sais que la Ligue arabe n’est pas exactement une institution fantastique, mais c’est le seul organisme de coordination officiel que les Etats arabes ont et qui représente la région dans de nombreux comités des Nations unies et autres institutions internationales. Ce n’est certainement pas très représentatif, mais elle parle au nom de millions d’Arabes sur un tas de questions internationales techniques, ainsi que de questions de guerre et paix. C’est également une institution qui, j’espère, un jour aura un rôle à jouer pour permettre une meilleure coopération régionale et intégration culturelle et économique, qui est essentielle pour la région. Elle mérite un meilleur candidat et l’Egypte a de meilleures personnes pour la représenter. Ce n’est pas le signe d’une nouvelle Egypte, et il serait mieux d’avoir quelqu’un d’un autre pays, à l’instar du candidat du Qatar, qui bien que n’étant peut-être pas un démocrate a au moins l’expérience de gouverner le Conseil de coopération du Golfe”.source:le monde
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