Mohamed Daoud alias Kiki a été nommé à la tête des Douanes comoriennes, fin décembre 2009. Nous l'avons contacté pour expliquer la ...
Mohamed
Daoud alias Kiki a été nommé à la tête des Douanes comoriennes, fin
décembre 2009. Nous l'avons contacté pour expliquer la politique qu'il
entend mener au sein de l'administration douanière.
Vous venez d'être nommé directeur général des Douanes. Quelle politique comptez–vous mettre en œuvre ?
Vous venez d'être nommé directeur général des Douanes. Quelle politique comptez–vous mettre en œuvre ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais remercier tout d'abord la rédaction de votre site pour l'occasion qu'il m'offre de parler de l'administration des douanes et de ma promotion comme directeur général des douanes.
Je voudrais remercier plus particulièrement le Président de l'Union des Comores, son excellence Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et son gouvernement pour la confiance qu'ils ont bien voulu m'accorder en me nommant à ce poste très important. Je suis honoré par cette reconnaissance et pour moi, c'est un motif de satisfaction et en même temps un encouragement à poursuivre le travail que je mène tous les jours, à savoir la mobilisation des ressources, la lutte contre la fraude matérielle et intellectuelle, ainsi qu'la lutte contre la corruption. Je ferai donc tout ce qui est de mieux et de mon pouvoir pour ne pas décevoir ceux qui m'on donné cette confiance. Et Je voudrais également rendre hommage à mon prédécesseur pour tout le travail que nous avons accompli ensemble au sein de l'administration des douanes.
Et pour revenir à votre question, je voudrais mener une politique moderne en ce qui concerne la gestion de la douane, en mettant en avant ce qu'on appelle le management participatif : il faut que chaque agent, à tous les niveaux de l'administration, se sente concerné par le redressement de l'administration douanière. Je vais privilégier la notion de mérite, de hiérarchie et de discipline avec des sanctions à la fois positives et négatives, afin de restaurer l'autorité administrative et l'unicité de commandement au sein de la douane. J'exigerais un effort inhabituel de la part des agents, afin de les sortir de cette sorte de fatalisme désabusé, grâce à une adhésion motivée à la discipline du service et à la mutualisation des ressources. Car pour moi il n'y a pas de fatalité.
Quelles sont les principales mesures que vous comptez prendre ?
Il s'agit, dans un premier temps, de mettre en œuvre d'ici au 31 mars les recommandations qui concerne l'administration des douanes dans le cadre de l'exécution du programme AUPC approuvé le 15 décembre 2008 par le conseil d'administration du FMI. Je vais renforcer la Commission de contrôle des exonérations dans l'objectif de les réduire de 40%, et également la suppression de la taxation forfaitaire des conteneurs dans le cadre de la loi de finances 2009. Je rappelle qu'il a été convenu de maintenir le taux de droit de Douane sur la farine ainsi que le prix préférentiel du Gasoil destiné à la Ma-mwe, afin d'atténuer la hausse de prix sur les consommateurs. Il faut savoir que l'objectif poursuivi dans le cadre du programme est d'augmenter les recettes d'au moins 3,6%.
Mais je rappelle que toute mesure de redressement suppose d'abord une lutte implacable contre la fraude et la corruption et ça sera mon cheval de batail.
Et comment comptez vous lutter contre la corruption et la fraude dans une administration réputée corrompue ?
Vous savez que la Douane a toujours eu mauvaise presse en Afrique et en particulier dans notre pays. Mais j'estime que ces deux dernières années avec l'équipe, nous avons apportés quelques solutions à ce fléau et je vais continuer dans cette optique mais la pente est rude mais la route est droite avec une tolérance zéro. Car ce n'est pas pour autant que l'on doit baisser les bras car c'est un combat de tous les jours et de longue haleine.
Mais en analysant les causes de la fraude, c'est la pratique de la sous-facturation qui demeure la difficulté principale à laquelle notre administration se trouve confrontée. La maîtrise de la valeur en douane pose d'innombrables problèmes aux services et une perte de recette, c'est la raison pour laquelle un fichier fiable de valeur sera achevé dans les meilleurs délais. Je vais aussi étendre le système Sydonia++ dans les autres centres douaniers.
Une autre cause réside dans le fait que certaines marchandises taxables pénétrant dans le territoire douanier échappent aux formalités de dédouanement, soit par le jeu de la contrebande aux frontières, soit du fait des dysfonctionnements des procédures. Pour y faire face, je vais renforcer la brigade mobile et doter notre administration d'une brigade nautique.
Enfin, je vais mettre en place un comité de contrôle interne. Car la notion même de contrôle interne est ignorée des agents et même des chefs de services. Il faut avouer que la direction Générale est très peu au fait du fonctionnement des centres et généralement peu consciente du décalage significatif entre les mesures prises et leur application effective sur le terrain. Cette absence de contrôle interne encourage les comportements malheureux qui sont régulièrement observés et sont d'ailleurs de notoriété publique. Pour cela, l'Inspection des Services sera renforcée en personnel qualifié. Il effectuera des enquêtes dans les centres douaniers en vue de s'assurer que les conditions de fonctionnement, la correcte application de la réglementation et les directives administratives sont respectées.
Bien, entendu, un code d'éthique va être élaborée et une charte de bonne conduite va être distribuée, afin que chaque agent prenne connaissance des sanctions attendues en cas d'indélicatesse qui peut aller de la radiation au service jusqu'à l'emprisonnement du fraudeur. Un conseil de discipline sera mis en place.
En effet, lorsque les services douaniers vont engager, sur la base des faits indiscutables, un contentieux qui aboutit à l'inculpation des fraudeurs (commerçants, agents de douanes, ou autres), je veillerai personnellement à l'aboutissement de l'action en Justice. C'est la seule manière de rétablir progressivement, à coup d'exemples, les qualités d'intégrité et d'honnêteté requises pour en faire une administration douanière dont le souci sera alors l'application honnête de la réglementation en vigueur.
On constate la flambée des prix des produits de première nécessité, la chèreté de la douane n'aggrave pas la situation ?
Je voudrais d'emblée dire que la flambée des prix doit trouver son origine ailleurs mais pas au niveau de la fiscalité appliquée par l'administration des douanes. Car si vous regardez les lois des finances de ces trois dernières années, nous avons procédés à un désarmement tarifaire pour harmoniser notre tarif avec le tarif COMESA et nos taux de taxation sont passés de 48% à 20% depuis 2006. Donc la flambée des prix ne peut donc trouver son explication au sein de l'administration des douanes.
Quel message avez-vous à l'endroit des commerçants ?
Ce que Je voudrais que les commerçants sachent une fois pour toutes : que la douane est avec eux aujourd'hui et qu'elle restera avec eux demain. Nous sommes (les commerçants et la douane) condamnés à travailler ensemble et je suis disposé à les accompagnés sur tout en cette période de crise.
La douane parait trop chère pour la diaspora, qu'en dites-vous ?
Et en ce qui concerne la diaspora, la loi est unique et il n'y a pas de discrimination au sein de notre administration.
Interview réalisée par mail
Source : Kweli
Source : Kweli