La faillite de la sécurité et de la justice face aux violences économiques et sociales aux Comores. Jusqu’à quand l’État tolérera-t-il cette situation
La faillite de la sécurité et de la justice face aux violences économiques et sociales aux Comores
L'assassinat tragique de notre sœur Hikima Ahamada, survenu alors qu'elle revenait d'une opération bancaire après avoir retiré une somme importante, a profondément ému notre nation. Les circonstances du drame — perpétré par un chauffeur de transport en commun, ami de la famille, dont le mobile était de lui dérober 11 millions de KF — soulèvent de nombreuses interrogations quant à la responsabilité des personnes impliquées et à la sécurité de nos citoyens.
Si la justice a requis la peine de mort pour le meurtrier Nassurdine Ahamada alias Mikiro, qu’en est-il de la responsabilité de l’employeur de la victime Hikimat ?
Pourquoi l’irresponsabilité de cette société en matière de sécurité et de protection n’a-t-elle pas été mise en lumière durant le procès, ni sanctionnée à la hauteur de la faute ? Il est évident que si l’employeur avait pris au sérieux ses obligations pour sécuriser la victime et les fonds qu’elle venait de retirer, ce drame aurait pu être évité, surtout dans ces circonstances-là.
La négligence de l’employeur, qui permet le transfert de fonds d’un point à un autre sans mettre en place des mesures de sécuritéy adéquates, ne devrait pas rester impunie.
De même, le 21 novembre 2024, un braquage suivi d’une agression au couteau par deux malgaches contre un jeune caissier de l’agence RIA Volovolo en plein jour met en évidence une faille criante dans la sécurité des institutions financières. Si les auteurs ont écopé de 15 ans de prison ferme chacun, l’agence employeur n’a pas été sanctionnée.
Le 27 janvier 2021, le coffre-fort de l’agence de la Société nationale des postes et des services financiers (SNPSF) à Mitsudje a été cambriolé, dérobant plusieurs millions de kmf. Ces incidents, parmi d’autres, auraient pu être évités grâce à une sécurisation renforcée. Leur occurrence illustre une négligence systémique : si la sécurité avait été adéquate, ces tragédies n’auraient pas eu lieu.
D’ailleurs, pour ne pas se limiter à ces trois incidents, il est important de souligner que, depuis plus d’une décennie, le secteur bancaire, les sociétés de transfert d’argent et les microfinances sont confrontés à une recrudescence de braquages, de détournements et de vols de liquidités ou de valeurs. Ces actes, souvent perpétrés par des employés, mettent en péril la stabilité financière des banques et des institutions de microfinance, tout en augmentant la vulnérabilité des clients et de l’économie locale.
Malgré la fréquence de ces événements, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre pour renforcer la sécurité de ces établissements, de leurs employés et de leurs fonds et valeurs. On déplore encore aujourd’hui l’insuffisance des dispositifs de protection et de surveillance, un contrôle interne peu développé, un déficit de personnel de sécurité qualifié ainsi qu’un manque de formations adaptées pour faire face aux situations d’urgence.
À titre d’exemple, de nombreux cas de détournements ont été enregistrés à la SNPSF, malgré leur fréquence et leur mode opératoire récurrents. Pourtant, la SNPSF n’a pris aucune mesure pour prévenir ces actes, ni mis en place de contrôles efficaces. Chaque année, la société reste victime de détournements commis selon des méthodes identiques, sans qu’aucune action concrète ne soit entreprise pour changer cette situation.
Jusqu’à quand l’État tolérera-t-il cette situation ? Quand imposera-t-il enfin des normes strictes de sécurité et des dispositifs de contrôle interne alignés avec les standards internationaux pour protéger ces institutions vitales au développement économique ?
Quant à la justice comorienne, il est évident que de nombreux manquements, un certain amateurisme et une irresponsabilité persistante entravent la bonne administration de la justice.
Au cours de ces deux procès, la responsabilité des institutions employant les agents victimes a été peu évoquée, et celles-ci n’ont pas été tenues responsables, échappant ainsi à toute sanction concrète. Aucune mesure de réparation ou de dédommagement n’a été prononcée en faveur des victimes et de leurs familles par leurs employeurs, laissant ces dernières sans recours face à cette tragédie. Pourtant, leur responsabilité est indéniable.
Ce déficit de responsabilisation contribue en partie à l’augmentation de la violence, des vols et des actes de viol dans notre pays. La justice semble manquer de rigueur et de clairvoyance pour sanctionner efficacement les coupables. Souvent, elle apparaît partiale, appliquée de manière inégale selon les cas.
Le parti RDCE dénonce la réaction laxiste des autorités judiciaires face à ces fléaux, soulignant que ces institutions ont souvent privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité, en ignorant délibérément les recommandations et normes minimales en matière de prévention et de protection. Il est essentiel qu’elles soient tenues responsables et sanctionnées en conséquence.
Il est également crucial que les dirigeants soient tenus responsables de leurs actions ou de leur inaction en matière de sécurité. La mise en place de réglementations strictes, l’obligation d’assurer la sécurité des employés et des fonds, ainsi que l’instauration de sanctions dissuasives en cas de négligence doivent devenir une priorité nationale.
La justice doit jouer pleinement son rôle : sanctionner les manquements, indemniser les victimes et garantir un environnement sécurisé pour tous.
Au-delà de la simple résolution des affaires en justice, celles-ci doivent également servir d’exemples pour prévenir leur récurrence. Or, la rapidité excessive de certains procès — où les présumés coupables sont jugés en quelques heures — contribue à instaurer un climat d’impunité.
Les clients et les employés ont le droit d’évoluer dans un cadre où leur sécurité est une priorité absolue. La société dans son ensemble doit exiger que les banques et IMF assument leurs responsabilités, non seulement pour préserver leur image, mais surtout pour assurer la protection de leurs employés, la stabilité financière et la confiance de tous.
Bureau du parti RDCE, section Auvergne RHÔNE-ALPES

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