Quel culot ! Une présidence de l’Union africaine pour célébrer le vide ? La présidence de l’Union africaine est tournante, certes. Elle revient théori
Quel culot ! Une présidence de l’Union africaine pour célébrer le vide ?
Une cérémonie, encore. Une de plus. Une de trop. Cette fois pour célébrer la présidence comorienne de l’Union africaine (UA). Mais que célèbre-t-on exactement ? Le vide ? L’illusion d’un pouvoir ? Une présidence aux allures personnelles, presque monarchiques, portée par le seul égo d’Azali Assoumani, bien plus que par la nation comorienne elle-même ?
La présidence de l’Union africaine est tournante, certes. Elle revient théoriquement à chaque État membre, à condition qu’il soit en mesure d’assumer cette responsabilité colossale, financièrement, stratégiquement, diplomatiquement. Les Comores, pays miné par une crise énergétique persistante, une éducation délaissée, des routes impraticables et un accès inégal à l’eau potable, avaient-ils réellement les moyens d’endosser ce rôle ? Non. Et pourtant Azali l’a voulu. Coûte que coûte.
Durant cette année, qu’a gagné le peuple comorien ? Rien. Pas une avancée significative. Pas un mot, pas un geste diplomatique fort en faveur de notre intégrité territoriale, notamment sur la question mahoraise. Une occasion manquée, une de plus, d’internationaliser le combat pour le retour de Mayotte au sein de l’Union des Comores. Pire encore, les intérêts du pays ont été relégués au second plan, au profit d’un agenda personnel, d’un prestige creux.
Comment comprendre ce silence sur Mayotte? Une complaisance ? Une stratégie d’évitement ? Ou tout simplement une indifférence calculée, qui confirme que cette présidence fut davantage une tribune personnelle qu’un mandat national ? Estelle Youssoufa, députée de Mayotte, n’hésite pas à dire tout haut ce que beaucoup murmurent : Azali n’a pas été élu par l’Afrique, mais désigné, peut-être même placé, par d’autres puissances préoccupées d’abord par leurs propres intérêts stratégiques.
Pendant ce temps, les Comoriens, eux, continuent de subir. De survivre. Dans un pays sans électricité régulière, sans soins accessibles, sans avenir tracé pour sa jeunesse. Et voilà qu’on dépense encore dans des cérémonies aux allures royales, alors que les écoles tombent en ruine et que les hôpitaux manquent de tout. À quoi bon présider une union continentale si l’on n’est même pas capable de répondre aux besoins les plus élémentaires de son propre peuple ?
Cette présidence aurait pu être une opportunité. Elle s’est révélée être une farce coûteuse, une vitrine sans fondations. Une aventure inutile — sinon pour satisfaire un homme et ses ambitions.
L’histoire retiendra que l’Union des Comores n’a rien gagné de cette séquence diplomatique. Ni en influence, ni en reconnaissance, ni en progrès concrets. Elle a perdu des ressources précieuses. Elle a perdu du temps. Elle a perdu une chance d’élever la voix sur la scène africaine pour défendre une cause nationale, celle de son intégrité territoriale.
Espérons qu’un jour, un leadership nouveau saura porter haut les aspirations véritables des Comoriens. Que la diplomatie nationale retrouvera un cap, une vision. Et que le drapeau comorien, au lieu de servir de tapis rouge aux ambitions individuelles, deviendra enfin le symbole d’une nation digne, unie et tournée vers l’avenir.
IBRAHIM Mahafidh Eddine
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