Elections 2024 : L’impuissance n’est pas une fatalité. Une partie de l’opposition comorienne a décidé de renoncer aux élections prévues en début d’ann
Elections 2024 : L’impuissance n’est pas une fatalité
Une partie de l’opposition comorienne a décidé de renoncer aux élections prévues en début d’année sous prétexte qu’elles seront volées par Azali et son régime. Ces derniers disposeraient, selon elle, de tous les leviers de trucage. « Il n’y a rien à faire », nous dit-on. Cet aveu d’impuissance n’est ni acceptable ni justifiable au regard de l’enjeu : l’avenir des Comores.
Avancer avec ce postulat en connaissant bien le danger qui guette notre pays en cas d’un nouveau mandat du colonel Azali, c’est s’enfoncer la tête dans le sable et ne pas avoir confiance en ses propres forces et en sa capacité à franchir les obstacles. Pourtant, des leaders politiques, pas bégueules du tout, s’apprêtent à emprunter cette voie qui est tout sauf une bonne stratégie. Voir ces opposants, fringuants de rupture et déterminés à en découdre avec le pouvoir en place il y a quelques mois, déambuler dans les rues de Paris et Marseille pour tenter de persuader la diaspora du bien-fondé de leur boycott, cela ressemble à une farce.
Se convaincre que des élections seront volées avant d’être organisées, c’est afficher une fragilité atroce qui abîme profondément. Quand Me Mahamoud et sa délégation expliquent aux Comoriens de France que l’histoire leur donnera raison, car le résultat du scrutin sera truqué ; avancent qu’ils ne peuvent pas trahir leur parole comme si celle-ci était le Coran ou la Bible, on a envie de se révolter. A se demander vraiment si l’intérêt général des Comores prime sur leurs propres destins chimériques.
Une chose parait en tout cas certaine : si toutes les oppositions étaient capables de s’entendre et d’avoir comme projet commun, « le salut des Comores et des Comoriens », nul ne pourrait les empêcher d’y parvenir. Hélas, on constate que le fossé continue de se creuser entre les ambitions personnelles et les intérêts collectifs qui devaient constituer pourtant le principal dessein de l’engagement politique.
En réalité, les objectifs de cette frange de l’opposition sont peu clairs et illisibles. En estimant que ses récents alliés sont tombés dans le panneau D’Azali, elle s’interdit de comprendre la réalité : le boycott est plutôt ce qui arrange ce dernier, comme ce fut le cas en 2002 et en 2019. Renoncez, abandonnez, boycottez, choisissez ce qui vous convient, laissez-moi seul sur le ring pour pouvoir m’autoproclamer réélu, voilà son vœu le plus cher.
Mieux vaut tard que jamais. L’adage nous exhorte à méditer. Les opposants doivent défendre les intérêts vitaux de notre pays : sa cohésion, son unité, son développement et son prestige. Et cela passera nécessairement par le rassemblement immédiat autour d’un projet fiable porté par un candidat rassembleur en vue de faire renaitre l’espoir. Précisons-le, Azali n’a jamais été capable de voler des élections. Il a toujours fait en sorte que ses adversaires se découragent et abandonnent. On ne le dira pas assez, mais s’avouer vaincu avant l’élection n’est rien d’autre que l’impuissance. Celle qui nous persuade que la difficulté est insurmontable, que le problème est insoluble.
L’impuissance n’a jamais été une fatalité. Ensemble, politiques et citoyens, civils et militaires, on peut la vaincre et délivrer notre pays tels les lilliputiens parvenant à immobiliser le capitaine Gulliver (1,5m et 67kg). La victoire comme la liberté ne sont jamais données, elles doivent être construites et défendues, comme disait Reymond Aron. Et les élections sont la principale arme démocratique à saisir.
ALI MMADI
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