Le bilan du drame, qui s’est déroulé dans la petite ville d’Ikong.Madagascar : Des gendarmes tirent sur une foule en colère, faisant au moins 11 morts
Une sombre affaire d’enlèvement d’un enfant albinos dans le sud-est de l’île a violemment dérapé entre les habitants d’Ikongo et les gendarmes
Un incident a tragiquement dégénéré à Madagascar. Au moins onze personnes ont été tuées lundi après que des gendarmes, qui invoquent la légitime défense, ont ouvert le feu dans une caserne sur des habitants en colère, autour d’une sombre affaire d’enlèvement d’un enfant albinos.
Le bilan du drame, qui s’est déroulé dans la petite ville d’Ikongo dans le sud-est de l’île, à environ 350 km de la capitale Antananarivo, n’a pas encore été définitivement établi. Un médecin de l’hôpital local où des victimes ont été transportées a comptabilisé 18 morts - dont 9 décédés dans l’établissement de santé - et 34 blessés. « Neuf sont entre la vie et la mort », a précisé le Dr Tango Oscar Toky. Les gendarmes ont présenté un bilan inférieur de 11 morts et 18 blessés.
La tension monte depuis une semaine
Dans la matinée, des tirs ont retenti à Ikongo, localité plongée dans les montagnes vertes de la grande île de l’océan Indien. Depuis la semaine dernière, la commune est sous le choc : un enfant, albinos, a disparu et les autorités suspectent un enlèvement. Dans le pays, les personnes atteintes d’albinisme sont régulièrement la cible de violences souvent en raison de certaines croyances.
Quatre suspects ont été arrêtés par les gendarmes après la disparition de l’enfant et placés en détention dans la caserne d’Ikongo. Mais les habitants ont décidé de faire justice eux-mêmes. Ils se sont rendus lundi devant la caserne de gendarmerie et ont demandé qu’on leur remette les quatre suspects. D’après une source de la gendarmerie présente sur place, au moins 500 personnes ont débarqué, certaines munies d'« armes blanches » et de « machettes ».
De « la légitime défense » selon les gendarmes
Un périmètre de sécurité a été installé, les gendarmes ont tenté de parler aux habitants pour les raisonner et pour « éviter un bain de sang », a détaillé le commandant Andry Rakotondrazaka. Il a ensuite évoqué « des provocations », des personnes armées de « couteaux à longue lame et de bâtons », ainsi que des jets de pierres. Quand la foule a tenté de franchir le périmètre de sécurité, les choses ont dérapé. Les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène et ont tiré des coups de sommation. « Mais, en dernier ressort, les gendarmes n’ont pas eu d’autre choix que de recourir à la légitime défense », a expliqué le commandant. « C’est un évènement très triste et on aurait pu l’éviter mais il s’est passé ce qu’il s’est passé ».
Ils « ont tiré sur la foule », s’est pour sa part indigné Jean Brunelle Razafintsiandraofa, député du district. Il a donc fait part de son intention de demander une enquête parlementaire. La police malgache est d’ailleurs régulièrement épinglée par la société civile pour des violations des droits humains, qui font rarement l’objet de poursuites.
20Minutes avec AFP - image d’illustration
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