Un jour, mon cousin au village de Malé, au Sud Est de la Grande Comores, m’a traité...Nous devons mettre l’accent sur la productivité de notre travail
J’aime bien l’exercice de lecture de budget avec son jonglage de chiffre. Je m’intéresse beaucoup à la rubrique parlant du financement des infrastructures, énergie et système routière.
Notre pays étant enclavé, les communications (les transports et les télécommunications), sont essentielles à notre survie et à l’éventuelle prospérité.
Plus ces secteurs seront moins chers, mieux c'est pour nos entreprises et la population en général. Notre infrastructure est lamentable et cela est clair pour tout le monde, mais ce qui est encore plus catastrophique est le problème de la productivité de notre travail, le montant des biens et des services qu’un travailleur comorien peut produire en un temps donné.
Savez-vous que le travailleur comorien est le moins productif de la région, comparé aux autres homologues de la région de l’Afrique de l’Est ou de l’Océan Indien ? Selon des chiffres disponibles que j’ai pu accidentellement avoir accès au Ministère des Finance du Burundi, 1 kenyan ferait le travail de 9 comoriens, 1 tanzanien ferait le travail de 7 comoriens et 1 ougandais ferait le travail de 6 comoriens. Ce serait encore pire lorsque vous comparez nos travailleurs à ceux d’Afrique du Sud.
Les statistiques de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) indiquent que la valeur ajoutée par travailleur en Afrique sub-saharienne est un douzième de celle d’un travailleur dans le monde industrialisé. Un manque de productivité n’insinue pas nécessairement à la paresse (bien que nous connaissions tous notre éthique de travail déficiente).
La productivité est un produit dérivé du capital, de la main d’œuvre et de la technologie. Sur ces trois paramètres, nous comoriens avons de sérieuses lacunes. Nous n'arrivons pas à mobiliser des capitaux, notre main d’œuvre est essentiellement manuelle et non qualifiée et notre utilisation de la technologie, que ce soit en termes d'amélioration de la gestion et les méthodes opérationnelles ou d'application d'équipement de pointe, est pitoyable.
Pour illustrer ceci, un agriculteur de subsistance comorien travaillant sa terre avec une houe sous le soleil chaud du matin sera moins productif que le travailleur moyen formel, utilisant son tracteur ou employé sur une ligne d'assemblage (en termes de valeur ajoutée ou de revenu gagné). La différence entre les deux repose sur la mobilisation de capitaux et la technologie utilisée pour leur travail.
Un jour, mon cousin au village de Malé, au Sud Est de la Grande Comore, m’a traité de fainéant parce que je ne laissais pas apparaître une goute de sueur lorsque je travaillais dans mon bureau. Il utilise ainsi une mesure fausse et erronée pour évaluer ma productivité : la sueur, dans ce cas précis. Lui, il serait mieux servi par l'adoption de meilleures pratiques agricoles et en s'organisant en groupes un peu plus grands avec ses collègues agriculteurs afin de profiter pour améliorer sa propre productivité, même s’il faut trouver quelqu'un d'autre à faire le gros du travail pour lui afin d’augmenter sa propre productivité.
J’ai lu dernièrement que les Etats-Unis d’Amérique ont les travailleurs les plus productifs ajoutant 63 000 $ de valeur par personne en 2006. Ce n'est pas une coïncidence que l'Amérique soit le leader mondial dans l'innovation dans tous les domaines de la vie. L'innovation augmente la productivité.
Alors, je pense que les planificateurs de nos budgets devraient penser à la productivité. On devrait allouer de l'argent à l'éducation, à la formation professionnelle et aux compétences entrepreneuriales, plus d'argent pour les médicaments (en facilitant par exemple l’importation) et à la réhabilitation de l'Hôpital El Maarouf (Hamdullah c’est en cours).
De l’argent pour notre système de transport (où en est-on avec les travaux de réhabilitation des routes nationaux ?) et nos infrastructures d'irrigation en termes de technologie, de l’argent pour la commercialisation des semences améliorées et du matériel de plantation.
J'abrège bien sûr. Peut-être que nous pourrions aussi faire mieux en révisant notre programme d'enseignement, en promouvant agressivement les recherches et en encourageant le transfert de technologies. Bref, on peut et nous devons faire mieux pour nous concentrer sur la question de la productivité de notre travail.
La productivité est particulièrement importante pour notre pays parce que nous avons une population qui grandit et au même moment, une des plus jeunes. Ce qui signifie que nous avons trop de personnes dépendantes, autrement, beaucoup de membre de notre société qui sont non productifs.
Par Adinani Toahert Ahamada
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