Ali Bourhane Yachourouty : un Parcours dans l’Excellence. Le mardi 3 juin 2008, disparaissait Ali Bourhane Yachourouty, intellectuel comorien, haut
Ali Bourhane Yachourouty : un Parcours dans l’Excellence
Le mardi 3 juin 2008, disparaissait Ali Bourhane Yachourouty, intellectuel comorien, haut fonctionnaire international et ancien militant du Parti Socialiste des Comores (PASOCO). Treize ans après cette disparition, un vibrant hommage est à rendre à l’une des icônes de l’indépendance des Comores mais également l’un des meilleurs parmi les élites comoriennes.
Né le 2 avril 1946 à Mutsamudu (Anjouan), Ali Bourhane a fait des brillantes études en mathématiques, après avoir obtenu son baccalauréat scientifique au Lycée de Moroni et parti en France poursuivre ses études supérieures. Premier Comorien à décrocher le Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES), un concours professionnel, à l’époque très sélectif, du ministère français de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche donnant accès au professorat au sein d'un lycée général ou d'un collège.
Il était également titulaire d’un diplôme de langue anglaise qui lui permettait de manier aisément la langue de Shakespeare. Après avoir enseigné quelques temps en France, il rentre dans l’archipel et intègre comme professeur, le Lycée de Moroni où plus de 95% des enseignants sont des métropolitains. Jeune professeur de mathématiques, il assurait pleinement ses fonctions d’enseignant mais en même temps il prenait part au combat pour l’indépendance.
Ancien membre de l’Association des Stagiaires et Étudiants des Comores (ASEC), il adhère au PASOCO, premier parti indépendantiste opérant sur le territoire des Comores. Il côtoie dans ses rangs les personnalités de premier plan que sont Said Ahmed Said Ali dit Charif, Ali Msa, Bouhar Mzé Ali, Mkouboi Abdérémane, Mohamed Ali Mbalia, Bruno Humblot, Abdou Zakaria… Il fait partie des rédacteurs de « UHURU », journal ronéotypé publié par son parti. Il participe aux meetings et aux tournées de sensibilisation pour l’indépendance. Suivi et harcelé par l’administration coloniale pour ses activités militantes, il ne lâche pas prise. Son engagement en faveur de l’indépendance lui a valu la prison et de nombreuses brimades.
Reçu au concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration (ENA), il repart de nouveau en France, pour y suivre sa formation d’administrateur. A l’ENA, promotion dite Voltaire, il fut condisciple de l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin et de la candidate malheureuse à la dernière élection présidentielle en France, Ségolène Royal.
Ali Bourhane est le premier diplômé comorien de l'Ecole nationale d'administration française (promotion Voltaire). Devenu énarque, Il entame alors un extraordinaire et formidable parcours qui va l’amener à servir comme Administrateur Civil hors classe au Ministère de la Coopération française puis Économiste Principal au Fonds Monétaire International, à Washington DC (USA), Conseiller d'Administration de la Banque Mondiale, représentant les Comores et 24 pays africains francophones et lusophones et puis, Conseiller Supérieur en Gouvernance, spécialiste à la Banque Africaine de Développement en charge des problèmes de Gouvernance, Corruption, Blanchiment et Macro économie.
Ali Bourahane a toujours aimé son pays et ne ratait jamais l’occasion de le dire et de le prouver. Quand il était en poste en Tunisie, il avait accepté de plein gré la fonction de consul des Comores en Tunisie. Il ne cessait de prodiguer ses précieux conseils aux gouvernants comoriens mais ces derniers gardaient la sourde oreille. Il considérait que les plus grands défis à surmonter pour amener l’archipel sur la voie du développement étaient centrés sur une plus grande décentralisation politique et économique, gage de la stabilité, et une politique volontariste d’investissements et d’équipement reposant sur des plans concertés d’aménagement du territoire.
Ali Bourhane a fait partie des intellectuels comoriens à avoir dénoncé sans complaisance les dérives sécessionnistes notamment le mouvement séparatiste à Anjouan en 1997 et à défendre les valeurs d'unité nationale. Il est d’ailleurs rentré au pays pour occuper un poste de conseiller à la présidence de la République et apporter sa pierre à l’édifice.
Marié à une Tunisienne et père de deux enfants, Ali Bourhane a eu au cours de son vivant à s'investir pour le bien être du pays. Ses problèmes de santé qui allaient l’emporter sont survenus suite à une discussion houleuse entre le gouvernement et lui sur la question d'annuler la décision des expulsions de Comoriens de Mayotte. Il fut pris d'un malaise qui allait, quelques semaines après, entrainer son décès survenu à l'hôpital de la Salpêtrière de Paris à l'âge de 62 ans. Il fut inhumé dans sa ville natale de Mutsamudu.
Son parcours, illustre assez bien, le manque de considération des différentes autorités politiques de l’archipel à l’encontre de l’élite comorienne depuis l’indépendance. L’excellence a toujours été considérée seulement comme un concept à usage médiatique, d’où le retard abyssal dans le développement notamment infrastructurel.
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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