Un vent de folie souffle sur l'archipel: les Comores peuvent décrocher jeudi leur première participation à la Coupe d...
Un vent de folie souffle sur l'archipel: les Comores peuvent décrocher
jeudi leur première participation à la Coupe d'Afrique de football (CAN), un
rêve qui récompenserait un gigantesque travail pour monter une équipe portée
par la diaspora
Un petit point. Il suffit d'un point en deux matches, si possible dès celui
contre le Togo, jeudi au stade de Malouzini, au nord de la capitale Moroni,
pour que le pays de 850.000 habitants, affilié seulement en 2005 à la Fifa,
atteigne sa première grande compétition.
Depuis quelques années, les matches à domicile des "Coelacanthes" (le poisson
national, ndlr) sont les seuls évènements qui rassemblent des Comoriens de
toutes les générations.
Malgré le huis clos imposé par la pandémie, le dernier match, le 15 novembre
(2-1 contre le Kenya) avait donné lieu à une fête populaire dans les rues de
Moroni que même les forces de l'ordre ne semblaient pas vouloir disperser.
Pour Comores-Togo, un millier de personnes ont été autorisées au stade,
joueurs et autorités inclus.
Ce match, les médias locaux en parlent depuis le début du mois, certains
incrustent même un compte à rebours pour le match sur leur page des réseaux
sociaux.
La nouvelle dimanche de la "libération" des internationaux jouant en France,
un temps bloqués par la Ligue pour éviter les risques de propagation du
Covid-19, a fleuri sur tous les écrans d'un pays jusqu'ici connu à
l'international surtout pour ses coups d'Etat...
"Des ambassadeurs "
L'hymne de l'équipe tourne en boucle chez les revendeurs de disque, une
multitude de véhicules sont décorés aux couleurs des Coelacanthes, vert avec
les liserés des bandes du drapeau: jaunes, blancs, rouges et verts.
"On se considère comme des ambassadeurs, ce serait une joie immense de se
qualifier", lance à l'AFP Amir Abdou, 48 ans, sélectionneur depuis 2014, né à
Marseille, où vit une forte communauté comorienne.
Cet exploit à portée de crampons, "c'est huit ans de travail", poursuit-il.
Un travail initié avec l'ancien manager de l'équipe, Ben Amir Saadi,
marseillais lui aussi, et avec le soutien de l'ancien président de la
Fédération comorienne (FFC), Salim Tourqui (démissionnaire en 2017). Abdou et
Ben Saadi ont notamment scruté les divisions françaises pour trouver des
talents avec des origines comoriennes.
"La CAN serait une consécration, pour le staff, pour tous les joueurs, y
compris ceux qu'on est allé chercher en DHR et N2", les divisions amateurs
françaises, estime Amir Ben Saadi.
L'ex "team manager", devenu conseiller, cite quelques pionniers, là dès le
départ de l'aventure: Nadjim Abdou (Martigues, N2), capitaine depuis 2014,
Youssouf M'Changama ou Ben Fardou, "qui s'est révélé avec nous, aujourd'hui il
est à l'Etoile Rouge Belgrade, il a joué la Ligue des champions".
L'équipe progressait, des matches amicaux étaient organisés en France, "et
tout un pays a adhéré derrière, les politiques ont suivi", se félicite-t-il.
"Avec amour"
Amir Abdou "remercie le président de la République", Azali Assoumani, de son
soutien.
Un stade a été construit à Malouzini, avec l'aide de la Chine, inauguré en
2019.
"Ca a été difficile pour faire venir des joueurs expatriés, leur +vendre+ le
projet. Puis d'autres se sont greffés, avec amour", enchaîne le sélectionneur.
"Mais dès leur arrivée au pays ils avaient envie de rendre ce que les Comores
leur donnaient".
Président de la FFC depuis 2017, Saïd Ali Saïd Athouman se félicite de cette
"excitation" autour de ce grand rendez-vous.
"Le foot est un facteur d'unité pour un petit état insulaire comme les
Comores, où les gens mettent parfois en avant leur identité", leur
appartenance à telle île de l'archipel, explique-t-il.
Il est intervenu pour inciter les clubs français à libérer leurs joueurs,
affrétant un jet privé supplémentaire pour ramener les joueurs du Caire, où
ils joueront leur dernier match, qualification en poche, espèrent toutes les
Comores.
Guingamp ne voulait pas lâcher M'Changama, un des piliers des Coelacanthes.
"Je comprends le président (Frédéric) Legrand, c'est son capitaine, mais je
lui ai expliqué que personne ne sortait vainqueur de cette situation", raconte
Saïd Athouman. "Voilà des années que M'Changama rêve de cette CAN, l'empêcher
de vivre ce match aurait brisé le joueur".
Il touche au but, et toutes les Comores avec lui.
Par AFP 24 mars 2021
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