Une étoile s’est éteinte ! Il fut l’une des lumières les plus éclatantes et les plus brillantes de l’Histoire contemporaine de notre ...
Une étoile s’est éteinte !
Il fut l’une des lumières les plus éclatantes et les plus brillantes de l’Histoire contemporaine de notre pays. Il était sans doute l’élément le plus doué de sa génération.
Il est sorti major de sa promotion de la prestigieuse Université d’Al Azhar Charif d’Egypte, où il est sorti titulaire d’un Master en Usul l’Fihk. Il fut d’ailleurs le premier comorien en 1956 à rentrer dans cette Université de l’Elite du Monde Arabo-musulman.
Il a aussi fréquenté avec assiduité et succès l’Université Paris-Sorbonne, où il a pu s’imprégner des savoirs et des cultures de l’Occident. Un passage qui l’a mis en face de grands maitres à penser du monde occidental, tel que Jean Jacques Rousseau, pour qui, il vouait une certaine admiration.
Les superlatifs d’exception pour parler de la valeur de cet homme ne manqueront certainement pas, d’autant qu’il les mérite très largement. Alors je vais me faire l’économie de cela, même si je n’en pense pas moins.
Cet érudit de très grande qualité a servi son pays avec dévouement, notamment au tribunal de Moroni ou encore dans une transmission de la connaissance dans l’éducation nationale.
J’ai eu le privilège d’avoir une relation très amicale, avec cette personnalité qui entretenait des relations particulières avec ma famille, notamment avec mon père à Moroni et ma grand-mère à Magangani Ikoni. A chaque rencontre que nous avions, le Grand Moufti de la République ne ratait pas l’occasion de me dire : « Si tu ne viens pas me voir régulièrement, Moinaecha Rassoul ne te pardonnera pas ».
A son domicile d’abord dans la vielle ville, puis à l’extérieur de Ntsoudjini, j’avais appris à apprécier la grande qualité de sa bibliothèque. Jamais je n’ai vu un comorien aimer autant la découverte à travers les livres. C’était un vrai homme de culture. Et ce qu’à dit le Grand Cadi Mohamed Athoumani ce matin à la Place Iboudjou, dans le cimetière familial des descendants du Prophète Mohammed SAW est vrai : « Avec la disparition de Foundi Toihir, le savoir est en deuil dans notre pays et dans la Umma Islamique ».
De temps à autre, j’aimais monter chez lui et m’asseoir à ses côtés l’écouter parler des Comores et des comoriens, de l’Islam et des musulmans, ou encore du monde d’hier et d’aujourd’hui. La dernière discussion métaphysique que j’ai pu avoir avec lui, c’était il y a quelques semaines en présence d’un grand homme d’affaires français, qui avait émis le vœu de le rencontrer. C’était un entretien de haute voltige entre un magnat de la finance et un diamant de la théologie.
Et mon dernier entretien, tête à tête avec lui, a eu lieu à Beit Salam, ce jour où le Président de la République annonçait les mesures prises pour soutenir l’activité économique de notre pays face au coronavirus. Et il me disait : « Mohamed, il faut avec ta communication que les gens comprennent que nous n’avons pas fermé les mosquées de gaité de cœur. Il y va simplement de la sécurité de notre pays. Et nous devons faire respecter cela. Les gens doivent être disciplinés. On ne peut pas faire une omelette sans casser les œufs ».
Et je lui disais en réponse que le travail de pédagogie dans le vivre-ensemble est un chemin parsemé d’embuches, qu’il appartient aux hommes avertis d’esquiver avec doigté, pour pouvoir atteindre les objectifs.
Il va beaucoup me manquer !
Qu'il repose en paix
Mohamed Abdou Mbechezi
Mohamed Abdou Mbechezi
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